volonté (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION volonté (philosophie), faculté de choix, pouvoir de se déterminer librement à agir ou à s'abstenir d'agir, en vertu de motifs. La volonté implique une délibération consciente : par ce trait, l'acte volontaire s'oppose à l'acte qui procède de l'instinct, de l'impulsion, d'un réflexe ou d'une habitude. 2 CONCEPTIONS PHILOSOPHIQUES 2.1 Pensée antique La pensée antique ne dispose pas de concept spécifique de la volonté. Ce qui la remplace est partagé entre, d'une part, une faculté intellectuelle, mode de l'intelligence pratique, l'« intention « ou proairesis d'Aristote (Éthique à Nicomaque) et, d'autre part, une faculté sensible de nature passionnelle, la tendance, le désir. Chez Platon, la tripartition de l'âme (sens-coeur-intelligence) révèle bien cette équivoque, dans la mesure où le coeur volontaire, l'instance intermédiaire, est comme ballotté entre les désirs sensibles et la voix de l'intelligence et ne porte pas en luimême son principe déterminant. 2.2 Pensée classique 2.2.1 Influence de la pensée chrétienne La pensée classique du XVIIe siècle, enrichie par plusieurs siècles de discussions au sein du christianisme sur la nature de l'action humaine, la grâce ou la prédestination, émanant notamment de saint Augustin, développe un nouveau concept de volonté étroitement lié à la notion de liberté ou de libre arbitre. Ce dernier est le pouvoir de se déterminer par pure volonté devant une alternative indifférente. L'indifférence peut apparaître ainsi comme la condition même d'un vouloir libre, puisqu'elle signifie que l'action est possible en dehors de toute pulsion et de toute détermination externe. Le concept de « liberté d'indifférence «, associé à la notion de volonté, a été âprement discuté dès l'origine. 2.2.2 Descartes Descartes, dans le dessein de caractériser la volonté comme faculté indépendante de l'entendement, disposant d'un pouvoir infini de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier, déclare néanmoins qu'une volonté qui resterait indifférente à l'évidence du vrai et du bien marquerait « le plus bas degré de la liberté «. Il explique l'erreur ou la faute par le fait que la volonté humaine, à l'image de celle de Dieu, a un pouvoir infini ou absolu de se déterminer, tandis que l'entendement humain, qui est fini, ne peut pas toujours présenter à la volonté les bonnes fins à poursuivre (Méditations métaphysiques). 2.2.3 Leibniz et Locke Leibniz et Locke, quant à eux, critiquent le concept de liberté d'indifférence. Pour le premier, la volonté ou « appétition « est toujours sollicitée par une détermination et une préférence, fussent-elles inconscientes ou infinitésimales. Pour le second, l'idée de « volonté libre « est un non-sens, car la notion de liberté ne s'applique qu'à l'homme et à ses possibilités d'action présentes, c'est-à-dire au rapport effectif qu'il entretient avec le monde extérieur. Un prisonnier a le pouvoir de vouloir sortir de prison, mais non pas nécessairement celui de s'évader. La volonté, chez Locke, se définit ainsi essentiellement comme une faculté spécifique à l'homme de préférer consciemment une chose à une autre, et les préférences de la volonté ont leur cause dans le désir ou l'« inquiétude «, c'est-à-dire dans l'incitation à changer d'état que cause généralement une douleur présente ou promise par l'état présent. Le seul pouvoir que l'homme ait donc à l'égard de ses volontés est de suspendre leur exécution immédiate afin de faire jouer une inquiétude contre une autre et ainsi changer ses préférences. 2.2.4 Kant Tandis que Locke engage la philosophie anglo-saxonne sur la voie d'une analyse empiriste et utilitariste de la volonté (David Hume, John Stuart Mill), Kant propose une analyse entièrement renouvelée du concept. Il définit, à côté d'une forme inférieure de la faculté de désirer, qui se détermine passivement en fonction des inclinations individuelles (la volonté au sens de Locke), une forme supérieure de cette même faculté, caractérisée par son autonomie, c'est-à-dire par le pouvoir de se donner à elle-même sa propre loi. Cette loi, inscrite ainsi au coeur de la nature humaine, commande de manière catégorique, tel un impératif, imposant aux hommes un devoir moral qui est en même temps une manifestation de leur liberté véritable. La conception kantienne de l'« autonomie de la volonté « a exercé une influence capitale, notamment en France, dans la pensée morale et juridique du XIXe et du XXe siècle. 3 CONCEPTIONS PSYCHOLOGIQUES La psychologie contemporaine adopte dans l'ensemble la théorie pragmatiste de la volonté développée par John Dewey, considérant la volonté comme un aspect du comportement humain et non comme une faculté distincte. L'acte décisionnel se traduit, premièrement, par la fixation de l'attention sur un objectif relativement distant et la considération d'un certain nombre de principes d'action ; deuxièmement, par l'examen des différentes lignes de conduite possibles et le choix réfléchi de l'action qui semble la plus apte à servir les buts et principes retenus ; troisièmement, par l'inhibition des impulsions ou habitudes susceptibles de détourner des buts ou principes, voire d'entrer en conflit avec ceux-ci ; enfin par la persévérance, face aux obstacles, dans la poursuite des buts ou l'adhésion aux principes. Au nombre des déficiences qui peuvent entraîner une infirmité de la volonté, on compte l'absence de buts souhaitables ou l'absence d'idéaux ou de principes d'action désirables, l'hésitation, l'incapacité à résister aux impulsions ou à rompre les habitudes, et l'inaptitude à choisir entre plusieurs solutions ou à demeurer fidèle à son choix, une fois celui-ci arrêté. 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