Une oeuvre d'art peut-elle ne pas être belle ?

Nous allons disserter sur le rapport existant entre l’art et la notion de beauté. On se demande donc si l'on peut trouver qu’une œuvre d’art n’est pas belle. Pour cela, nous allons d’abord explorer les buts de l’art sur le fait que son seul dessein n’est pas d’être beau. Nous nous demanderons ensuite si l'on peut associer la notion de beauté à l’art. Nous verrons enfin que chacun peut avoir son propre avis sur l’art selon la définition qu’on en donne. 

L’art n’a pas pour unique but d’être beau. La littérature comme par exemple le roman nous propose de nous évader dans son histoire, ainsi Émile Zola dans L’Assommoir retranscrit le milieu populaire nous faisant fuir la réalité. De la même manière Arthur Rimbaud dans son poème Le Bateau ivre nous fait voyager en mer par ses descriptions délicates et poétiques à travers les tribulations aquatiques d’un bateau bougeant au rythme des vagues. Par là, l’art — dans ce cas ci, le poème — à la faculté de nous faire voyager pour nous permettre de nous évader de la réalité.

Cependant, outre l’évasion que nous procure l’art, l’œuvre peut nous permettre de mieux percevoir la réalité ou de la voir différemment. Dans Péplum, Amélie Nothomb nous fait basculer dans un monde parallèle où, à la faveur d’un long dialogue, nous oblige à nous poser des questions sur le monde, sur notre vision des choses par rapport à celui-ci, à travers le questionnement de la Grande Guerre du XXIIème siècle. Pour en revenir à L’Assommoir, l’auteur nous permet de prendre conscience des dangers de l’alcool par le tragique destin de Gervaise Macquart.

En ignorant les conventions qu’on associe aux objets, l’art nous permet, grâce au regard de l’artiste, de voir les objets tels qu’ils sont réellement sous leur nom et leur utilité. Vincent Van Gogh fait abstraction de toute convention en peignant La Chaise, nous la faisant ainsi voir sous un jour nouveau comme on a peu l’habitude de la voir. Francis Ponge dans son poème Le Pain bous fait redécouvrir cet « objet « si commun de notre alimentation que nous avons prit l’habitude de ne « pas voir «. Il nous le décrit comme un paysage avec sa chaîne de montagne qu’il compare à la croûte. L’art a aussi l’utilité de nous rappeler l’histoire du monde.

Nous pouvons par exemple citer l’autobiographie historique comme celle de Jorge Semprún, L’Écriture ou la vie, dans laquelle l’auteur nous rapporte sa déportation lors de la Seconde Guerre Mondiale. Celle-ci nous permet donc de nous souvenir de toutes les déportations de juifs, d’homosexuels, d’handicapés etc. Ainsi ces autobiographies, également comme celle de Primo Levi, Si c’est un homme qui, comme Jorge Semprún fait le récit de sa déportation nazie du régime d’Hitler.

Telle Guernica  que nous peint Pablo Picasso selon le cubisme, l’œuvre d’art est un symbole qui nous rattache à notre passé, au passé commun, qu’il s’agisse de faits militaires comme de faits politiques avec en exemple La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix où on voit Marianne guidant les parisiens lors de la Révolution Française.

Mais l’autobiographie peut également nous en apprendre plus sur la vie de son auteur. On peut par exemple citer Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau dans lesquelles il tente de s’expliquer sur son enfance et donc chercher des excuses alors que le livre, ce « seul portrait d’homme, peint exactement d'après nature et dans toute sa vérité, qui existe et qui probablement existera jamais « commence par un petit fait malheureux, et de la découle tout son passé. Donc dans cet ouvrage, Jean-Jacques Rousseau décrit la réalité, sa réalité permettant de ce fait de comprendre les différents points de vue de l’auteur, sa façon de penser ce qui peut peut-être aider à la compréhension de son œuvre. Cependant, il est je pense, nécessaire de détacher de certaines œuvres comme Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, le passé voire la vie de son auteur.

On peut se demander s’il est vraiment notre rôle de juger le travail d’un artiste. On peut certes dire que l’on aime ou non une œuvre mais de là à dire qu’elle n’est pas belle : l’artiste peut juger mais il est dans doute non objectif pour lui de juger son propre travail étant donné qu’il prend en compte toute la partie cachée de l’œuvre, comme les recherches ou le temps de travail et de mains d’œuvre.

Il est de notre liberté de pouvoir critiquer, que ce soit en bien ou en mal. De plus, la critique fait avancer, mais juger de la qualité de la beauté ou de laideur d’un œuvre est un terme assez fort. Même si une œuvre n’est pas appréciée, elle apporte pratiquement toujours quelques chose, qu’il s’agisse d’une émotion ou d’une quelque utilité que ce soit. Chacun peut avoir son propre avis sur une œuvre d’art.

Dans notre pays où nous avons la liberté d’expression, de parole, nous pouvons donner notre avis bien que chacun en a un différent. Chaque personne voit la beauté différemment selon certains critères, de la même manière que tout le monde ne voit pas la même beauté chez un même homme ou une même femme.

Chacun a sa propre définition du beau, des critères de beauté différents. Mais la convention fait que nous appelons une œuvre, une œuvre d’art, qu’il s’agisse de littérature, de poésie, de musique, de cinéma, etc. — au rythme des muses auxquelles on a associé à chacune un art. Alors bien sûr, tout le monde n’apprécie pas les mêmes choses.

En conclusion, on peut dire qu’une œuvre d’art n’est ni belle ni laide, mais on peut par conter dire qu’on l’aime ou non car chacun voit les choses différemment selon certains critères qui diffèrent de chaque personne. Mais même si une œuvre n’est pas appréciée, il n’est pas exclu qu’elle provoque des émotions, des réactions. 

On pourrait donc se demander si, au-delà de l’esthétisme d’une œuvre d’art, la véritable « beauté « ne réside pas dans les sentiments et l’inspiration qu’elle évoque et procure.