Un universitaire contemporain, Jean Onimus, réfléchissant sur l'étude de la littérature, écrit : « L'inquiétude c'est la vie même de la conscience. Toute vie suppose effort, dépense de forces. Ce que cherchent les élèves trop souvent, c'est une réponse de catéchisme : "ce qu'il faut penser de..." et, dans leurs devoirs, ce qu'ils disent c'est ce qu'ils croient que l'on doit dire. Or le principe de l'enseignement littéraire est de leur faire admettre qu'il n'y a pas de dogme tout fait e
Publié le 22/02/2012
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La jeunesse est souvent moins contestataire qu'il n'y paraît. Elle est parfois très conventionnelle dans sa contestation : le jeans (déjà un uniforme) est déchiré mais pas n'importe comment et pas n'importe où. Sur le plan intellectuel, Jean Onimus a raison de remarquer qu'elle est souvent encline à rechercher des maîtres à penser (l'expression est déjà tout un programme). Ce maître à penser peut être l'enseignant lui-même ou un auteur dont la mode a fait le prophète du moment.
La fonction assignée à l'enseignement par Jean Onimus correspond à nos sociétés occidentales issues de la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle). L'esprit critique, la nécessité de se forger une opinion personnelle, l'importance de l'autonomie de chacun, le fait qu'il faut apprendre à apprendre et n'être pas facilement manipulable sont des valeurs constamment réaffirmées. Elles ont leur revers puisque chacun doit trouver seul sa voie. L'angoisse peut naître de cette recherche et du sentiment que l'on sera seul responsable de sa vie.
On peut réfléchir sur la notion de « modèle » (ouvert ou fermé), sur celle de «maître spirituel », de secte, sur les limites qu'un enseignant doit mettre à l'influence qu'il peut exercer sur son jeune public. Inutile de dire qu'en dépit de tout ce qui précède, on évitera de dire que l'enseignement littéraire ne sert à rien.
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