Un homme sans Dieu, condamné à être libre (SARTRE)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
La liberté sartrienne renvoie à un projet fondamental, qui
existe en creux dans tous les buts particuliers auxquels l'individu
se décide, et qui relève d'une position fondamentale par
rapport à l'existence (Sartre parle de « psychanalyse existentielle
»). Surtout, cette liberté fondamentale de l'existence est
elle-même sans fondement, sans horizon déterminé, sans
finalité naturelle. La philosophie de Sartre est en ce sens profondément
athée. Cette infinie possibilité de soi-même se
révèle douloureusement dans l'angoisse, qui est une expérience
du néant au coeur de l'existence. L'expérience de
l'absence est l'occasion d'une autre rencontre de ce néant, sur
un mode moins radical. Enfin, il est impossible de choisir de
n'être pas libre.
« L'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne
s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce
qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il
fait. »
Sartre, L'existentialisme est un humanisme
La liberté peut cependant être faussement refusée dans la mauvaise
foi. La description du garçon de café – un morceau
d'anthologie de la phénoménologie sartrienne – illustre cette
possibilité :
« Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu
trop précis, un peut trop rapide, il vient vers les consommateurs
d'un pas un peu trop vif, il s'incline avec un peu trop d'empressement
[...]. Il joue, il s'amuse. Mais à quoi joue-t-il donc ? Il ne
faut pas l'observer longtemps pour s'en rendre compte : il joue à
être garçon de café. »
Sartre, L'Être et le néant
Il s'agit donc d'un individu jouant à n'être que garçon de
café en essayant d'incarner les gestes stéréotypés d'un garçon
de café « idéal ». La mauvaise foi désigne ces conduites
par lesquelles les individus se dissimulent à eux-mêmes leur
liberté fondamentale. Ce terme désigne la possibilité permanente
de vivre de manière inauthentique la liberté. Telle est
la signification de l'exemple du garçon de café : il s'applique
à effectuer les gestes typiques du garçon de café imaginaire
et idéal ; il s'efforce de correspondre à la représentation du
garçon de café, à être garçon de café comme cet encrier est
un encrier. Or l'homme n'est pas une chose et il ne peut se
vivre sur ce mode qu'en se mentant à lui-même. Ce mensonge
à soi est la mauvaise foi : l'oblitération de notre
liberté fondamentale.
Liens utiles
- Sans Dieu, l'homme est condamné à être libre J.-P. SARTRE
- L'homme est condamné à être libre - SARTRE
- Pourquoi Sartre affirme-t-il que "l'homme est condamné a etre libre" ?
- « L'homme est condamné à être libre. » Jean-Paul Sartre, L'Existentialisme est un humanisme
- ... l'homme est condamné à être libre. [ L'existentialisme est un humanisme ] Sartre, Jean-Paul. Commentez cette citation.