Un écrivain contemporain écrit : «Notre Société [...] a peu à peu insinué dans le cerveau de nos élèves l'idée que la littérature ne tendait qu'à poser des problèmes actuels, comme les "Dossiers de l'écran", ne servirait qu'à transmettre des informations profitables comme la défense du consommateur. Un bon livre, en somme, serait un livre utile, centré sur une question du jour. Un bon livre serait un bon dossier, un bon bilan.» (Le Monde de l'Éducation, octobre 1981)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
La valeur d'une oeuvre littéraire tient-elle à ce qu'elle traite de sujets utiles en relation avec les préoccupations du moment?
Vous fonderez votre réflexion sur des exemples précis qui pourront être tirés des romans, pièces de théâtre, poèmes que vous avez lus ou étudiés.
On voit bien le lien entre ce sujet et ceux qui précèdent. Cependant, l'établissement d'un lien littérature-préoccupations du moment est une perspective beaucoup plus générale que l'engagement politique.
Il faudrait assez vite en venir à l'idée que la qualité d'une oeuvre littéraire (comme d'un tableau) ne tient pas vraiment à son sujet. Tout est dans la manière.
Pour bien traiter ce sujet, il faudrait, en fait, bien mettre en place l'opposition entre la fonction référentielle du langage et sa fonction poétique. Dans la fonction référentielle, la langue ne sert qu'à véhiculer une information. C'est à cette conception de la langue que se limitent ceux pour qui un bon livre équivaut à un bon dossier. Mais la littérature ne commence que lorsque entre en jeu la fonction poétique (mise en oeuvre des multiples possibilités de la langue — et pas seulement de l'aptitude à véhiculer un sens — dans le but de produire un effet esthétique). Se limiter à l'information revient donc tout simplement 'à passer à côté de la littérature.
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