tout entier, n'est que le produit, le phénomène secondaire de la volonté qui seule est éternelle.
Publié le 23/10/2012
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tout entier, n'est que le produit, le phénomène secondaire de la volonté qui seule est éternelle. (Monde, III, Io-12.) Or ce qui se rencontre toujours dans chaque conscience animale, même la plus faible, ce qui en constitue la base, c'est le sentiment immédiat d'une appétition tour à tour satisfaite et contrariée à des degrés divers. Nous savons cela en quelque sorte a priori. Car si étonnamment différentes que soient les innombrables espèces animales, si étrange que nous en apparaisse au premier abord une espèce inconnue jusqu'alors, toutefois nous considérons d'ores et déjà comme nous étant connue et même familière l'essence intime de leur nature. Nous savons en effet que l'animal veut, nous savons même ce qu'il veut, l'être et le bien-être, la vie et la persistance dans l'espèce ; et comme les objets de cette volonté sont identiques à ceux de la nôtre, nous n'hésitons pas à attribuer à l'animal toutes les affections de la volonté que nous observons en nous-mêmes, et nous parlons de ses désirs, de ses répugnances, de ses craintes, de sa colère, de sa haine, de son amour, de sa joie, de sa tristesse, de sa langueur, etc. Au contraire, s'agit-il des phénomènes de la connaissance animale, nous voilà dans l'incertitude. Nous n'osons pas affirmer que l'animal conçoive, pense, juge, sache, nous ne lui attribuons avec certitude que des représentations, parce que sans elles sa volonté ne se prêterait pas aux modifications ci-dessus énoncées. Quant à la forme précise de la connaissance animale, à ses limites exactes dans une espèce donnée, nous n'en avons que des notions vagues et nous sommes réduits aux conjectures ; c'est pourquoi il nous est si difficile de nous entendre avec les animaux : nous n'arrivons guère à ce résultat que grâce aux données de l'expérience et par une éducation artificielle. C'est donc la connaissance qui différencie les consciences. Au contraire le désir, les aspirations, la volonté, la répugnance, l'aversion, le non-vouloir sont propres à toute conscience : l'homme les a en commun avec les polypes. Ce sont donc ces états qui constituent l'essence et la base de toute conscience. Sans doute ils se manifestent différemment dans les diverses espèces animales ; mais cette différence tient au plus ou moins d'étendue de leur sphère de connaissance : car c'est dans la connaissance que se trouvent les motifs qui provoquent ces états. Tous les actes et tous les gestes qui, chez les animaux, expriment des mouvements de la volonté, nous les comprenons immédiatement, par analogie avec notre propre être. Aussi avons-nous pour eux une sympathie aussi profonde que variée dans ses formes. L'abîme au contraire qui nous sépare d'eux, c'est uniquement la différence d'intellect qui le creuse... — De cette considération il résulte clairement que la volonté est dans tous les êtres animaux l'élément primaire et substantiel ; l'intellect au contraire est l'élément secondaire, greffé sur le premier ; ce n'est même que l'instrument de la volonté, instrument plus ou moins compliqué suivant les exigences de ce service. Les mêmes fins directrices de la volonté d'une espèce animale, qui arment cette espèce de sabots, de griffes, de mains, d'ailes, de cornes ou de dents, la dotent aussi d'un cerveau plus ou moins développé, dont la fonction est l'intelligence nécessaire à la conservation de l'espèce. En effet, dans l'échelle ascendante des animaux, plus l'organisation devient complexe, plus multiples aussi deviennent les besoins, plus variés et plus spécialement déterminés les objets nécessaires à leur satisfaction; les voies qui mènent à ces objets et qui doivent toutes être cherchées et connues deviennent de plus en plus enchevêtrées, éloignées ; par conséquent les représentations de l'animal doivent gagner dans la même mesure en complexité, en précision et en cohésion ; son attention s'éveillera plus facilement, sera plus tendue et plus durable, en un mot son intellect sera plus développé et plus parfait. Nous voyons donc que l'instrument de l'intelligence, c'est-à-dire le système cérébral et les organes des sens, suit pas à pas dans son développement l'extension des besoins et la complication de l'organisme ; l'augmentation de la partie représentative (en opposition à la partie voulante) de la conscience reçoit son expression physique dans la prédominance du cerveau sur le reste du système nerveux d'abord, et ensuite dans la prédominance du cerveau proprement dit sur le cervelet, le premier étant d'après Flourens l'atelier des représentations, l'autre le directeur et l'ordonnateur des mouvements. Le dernier pas fait en ce sens par la nature est véritablement énorme. Car dans l'homme non seulement la faculté de représentation intuitive, à laquelle seule participent les autres espèces animales, atteint son plus haut degré de perfection, mais il vient s'y ajouter la représentation abstraite, la pensée, c'est-à-dire la raison, et avec elle la réflexion. Cet accroissement considérable de l'intellect, c'est-à-dire de la partie secondaire de la conscience, lui confère dès lors une certaine prédominance sur la partie primaire, en ce sens que son activité sera dorénavant prépondérante. Chez l'animal, en effet, c'est le sentiment immédiat de ses appétitions satisfaites ou contrariées qui constitue le fonds essentiel de la conscience, et cela est surtout vrai, à mesure qu'on descend dans la hiérarchie animale, si bien que les derniers ne se distinguent guère de la plante que par la possession supplémentaire de sourdes représentations ; chez l'homme c'est le contraire qui se produit. Ses appétitions ont beau dépasser en violence celles de tout autre animal et dégénérer en passion, sa conscience sera constamment occupée de représentations et de pensées qui la remplissent et la dominent. C'est à ce fait sans doute qu'il faut attribuer principalement cette erreur fondamentale des philosophes, qui leur fait considérer la pensée comme l'élément primaire et essentiel de ce qu'ils appellent âme, c'est-à-dire de la vie intérieure ou spirituelle de l'homme, et qui ne leur fait voir dans la volonté qu'un résultat de l'intellect, produit après coup. Mais, s'il était vrai que la volonté émanât de l'intelligence, comment les animaux, même dans les espèces inférieures, pourraient-ils à une connaissance extrêmement pauvre joindre une volonté si souvent indomptable et violente ? Cette erreur fondamentale faisant en quelque sorte de l'accident la substance, a engagé les philosophes dans des chemins faux dont il leur a été impossible de sortir. — Chez l'homme, cette prépondérance relative seulement du connaître sur le vouloir peut aller très loin ; dans certains individus, extraordinairement favorisés, la connaissance, c'est-à-dire la partie secondaire de la conscience, arrivée à son maximum de développement, se détache entièrement de la partie voulante ; elle agit librement, à son propre compte, c'est-à-dire sans recevoir l'impulsion de la volonté, et de la sorte devient purement objective, miroir lumineux du monde ; c'est de la connaissance, arrivée à ce degré d'autonomie, que sortent les conceptions du génie, qui sont l'objet de notre troisième livre. Si nous parcourons de haut en bas l'échelle hiérar-
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