Contrairement aux théories freudiennes qui considéraient l’attachement comme un apprentissage social construit à partir de la satisfaction des besoins élémentaires, Bowlby affirme que celui-ci est un besoin primaire et inné. S’inspirant des travaux d’éthologie de Harlow (distinction du besoin de nourriture et d’affection chez les primates) et s’appuyant sur la notion d’empreinte, conduite instinctive innée décelée chez les animaux par Lorenz, Bowlby étend cette théorie à l’humain. Il avance que, dès la naissance, le bébé possède des compétences et les utilise pour mettre en place un système interactif. Celui-ci a pour but de faire appel à un adulte et de maintenir le contact avec lui dans le but d’être protégé. Il se manifeste concrètement par le reflexe de succion, d’agrippement ou encore par des cris. L’objet de cet attachement, bien qu’il ne soit pas prédéterminé et qu’il peut être étendu à plusieurs personnes dans l’environnement du bébé, est généralement principalement fixé sur la mère. Le phénomène d’attachement tend en premier lieu à satisfaire le besoin de sécurité et de protection du bébé mais il a également une fonction de sociabilisation du jeune enfant. En effet, l’analyse des comportements de bébés privés de la présence maternelle, révèle chez ces derniers des comportements agressifs et régressifs à long terme. De même, la réalisation de tests d’observation de situations familières (alimentaires) ou non familières (mises en présence d’un inconnu) montre que le comportement de l’enfant varie en fonction de la capacité de sa mère à comprendre ses besoins et à y remédier, et par conséquent de l’attachement qui les lie. Les résultats positifs pour les enfants sécurisés, qui présentent une relative sérénité et une volonté de découvrir le monde peuvent paraître paradoxaux, mais ils sont expliqués par l’idée que le sentiment de sécurité permet au jeune enfant de développer naturellement une envie d’explorer le monde extérieur.
La théorie du développement cognitif présente quant-à elle une certaine ambigüité car elle se heurte à la difficulté de définir l’intelligence. Piaget l’analyse tel un équilibre entre l’assimilation (action de l’être humain sur son environnement) et l’accommodation (action inverse de l’influence externe sur le bébé). Ce phénomène, dont les sources sont identifiées par Piaget dans les activités réflexes du nourrisson, le conduit peu à peu, par la répétition de celles-ci, vers la pensée logique. Néanmoins, cette théorie a été remise en cause, notamment par Wallon qui associe l’intelligence à l’apparition du langage, mais aussi par l’expérience de Boher qui identifie une capacité de préhension pendant les premières semaines du nouveau-né (et non à 5 mois comme le déterminait Piaget), ou encore par Lecuyer. Celui-ci, bien que conservant la motricité comme facteur cognitif, soulève l’importance plus prépondérante et précoce de la perception. Cette idée est confirmée par les tests reconnaissance d’objets connus par des nourrissons de 6 à 8 semaines, qui soulèvent en outre une autre question : celle des modalités d’apprentissage du petit enfant. Le développement cognitif est amorcé et poursuivi par la présence de stimuli qui malgré leur nouveauté, présentent des caractères communs et donc comparables à ceux que l’enfant connait déjà. Cette affirmation rejoint l’idée relative à l’attachement, car l’enfant doit se sentir sécurisé pour se montrer attentif et curieux face à la nouveauté, et ainsi évoluer. L’exploration et son rythme peuvent varier considérablement selon les enfants et ne dépendent pas seulement d’eux mais aussi de leurs partenaires sociaux. Si Piaget focalisait les prémices de l’intelligence dans le rapport à l’objet, les transactionnistes privilégient quant à eux le rapport social qui joue un rôle capital dans le développement cognitif. De la même manière que lors de l’attachement, l’adulte qui accompagne l’enfant de manière adaptée (encouragements, démonstrations…) lui permettra d’explorer pleinement le monde qui l’entoure.