Thème 1: Le rapport des sociétés à leur passé Chapitre 2 : L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France.
Publié le 02/01/2020
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Thème 1: Le rapport des sociétés à leur passé Chapitre 2 : L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France. Introduction : Manuel p11-31 En juillet 2008, Gilles Manceron (historien français spécialiste du colonialisme, responsable national de la Ligue des Droits de l'Homme), affirme la spécificité de l'histoire et de la mémoire. « Dans le langage des médias et des hommes politiques, les termes de mémoire et d'histoire semblent interchangeables. Pourtant, la mémoire renvoie d'abord au souvenir individuel ou à celui construit par des groupes. L'histoire, au sens strict, est autre chose. Elle implique le recul et le raisonnement, exclut l'émotion et toute volonté de mobiliser l'opinion. » Le problème repose sur l'illusion de croire que la « mémoire » donne accès à la connaissance. Comment donc passer de ce qui est de l'ordre de la mémoire, c'est-à-dire de l'expérience de la transmission directe ou indirecte des situations vécues (rôle du témoin) à quelque chose qui est de l'ordre de l'histoire ? L'historien est par définition un « trouble-mémoire » (A. Wieviorka). La Seconde Guerre mondiale a donné naissance à des mémoires plurielles, qui ont évolué avec le temps, notamment en se libérant des enjeux liés aux acteurs survivants et politiquement actifs. Aujourd'hui, la mémoire est elle-même devenue un objet d'histoire. Nous allons donc étudier l'histoire des mémoires de la seconde guerre mondiale et les rapports de l'historien avec cette mémoire. I. Les lendemains de la guerre: l'impossible histoire (de 1945 aux années 1960) La période qui suit la guerre est difficile pour faire œuvre d'histoire car le traumatisme est considérable et encore frais. Les historiens d'alors, eux-mêmes contemporains de la guerre et donc partie prenante, sont confrontés à un travail difficile car les Français ne sont pas encore prêts à affronter ce passé proche et douloureux, et les archives ne sont pas accessibles. C'est la mémoire qui l'emporte sur l'histoire, une mémoire reconfigurée pour répondre aux besoins politiques de la période. De plus, les français cherchent à oublier ces « années noires ». Le terme « années noires » résume les causes de cette volonté d’oubli : oublier la défaite humiliante de juin 40 et le transfert des pouvoirs à Vichy, oublier Vichy qui va collaborer et nier les valeurs républicaines, oublier les soufrrances de la guerre –faim, froid, peur des bombes, des représailles..- et oublier la guerre civile ouverte –Milice vs résistants- ou larvée entre les français –lettres de délation, marché noir, déportations= 1.1. La mémoire de la Résistance devient immédiatement un enjeu politique Le GPRF -qui dirige la France dès l'été 1944- est essentiellement composé d'hommes issus de la Résistance, ce sont eux qui sont au pouvoir sous la IVème République, et encore au début de la Vème République. Se revendiquer de la Résistance donne une forte légitimité politique : De Gaulle se veut chef de la Résistance française et non pas seulement de la France libre, le PCF se dit le parti des 75 000 fusillés... Les hommes politiques qui ne peuvent faire état de leur participation à la Résistance sont disqualifiés. Quatre différents groupes de résistants (Gaulliste/Communistes/Les résistants non encartés/Les « vichysso-résistants comme Mitterrand) ne conservent pas une mémoire unanime car la Résistance était relativement divisée dans ses choix idéologiques et stratégiques. 1.2. Le triomphe de la mémoire résistancialiste → Qu'est-ce que le résistancialisme ? Selon l'historien Henry Rousso qui invente le terme en 1987, c'est un mythe forgé au lendemain de la guerre, selon lequel tous les Français auraient résisté face à l'occupation. La collaboration est rejetée sur une minorité de traîtres à la communauté nationale. → Qui est porteur de cette mémoire ? Pourquoi s’impose-t-elle ? De Gaulle le premier parle d'une « France en résistance », il veut réconcilier la nation autour de ce mythe pour effacer les traces de la guerre civile qui a opposée les français. Le PCF pour sa part adopte une démarche proche mais à propos de la classe ouvrière : unanimement résistante face à une bourgeoisie collaboratrice (Renault...). Page 1 sur 5 Le mythe résistancialiste s'impose dans la population car il permet de passer l'éponge et gomme la passivité qui a été dominante chez les français même si le sentiment anti-allemand était réel. Cela efface aussi le fait qu'une majorité s'en soit remis à Pétain et Vichy jusqu'en 1943. 1.3. La mémoire problématique de Vichy Rappel : Vichy est un gouvernement qui collabore militairement avec l’Allemagne –rôle de la Milice notamment ou aide à la LVF- , économiquement avec un appareil productif français qui construit de l’armement et idéologiquement par sa propagande et son aide à la déportation des juifs. Ce régime, par ses caractéristiques, se rapproche des fascismes. De Gaulle, dès l'ordonnance du 9 août 1944 prise en tant que chef du GPRF annonce que « la forme du gouvernement de la France est et a toujours été la République », un acte officiel et légal qui implique que Vichy n'a jamais existé et que la République n'a jamais cessé d'exister (ce qui est historiquement faux). C'est une manière de concentrer la responsabilité de la France de Vichy et de la collaboration sur un petit nombre, de nier la légalité de ce régime pourtant mis en place avec le consentement des députés de la dernière chambre de la III° République qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain. Ainsi Vichy devient une sorte de parenthèse, dans la continuité républicaine. Mais les procès de Pétain et de Laval imposent de revenir sur les responsabilités des uns et des autres. A cette occasion Pétain -et d'autres après lui- défend la théorie du « bouclier » : Pétain, protégeant les Français par la collaboration, pendant que De Gaulle le « glaive » combattait l'Allemagne. L’Histoire de Vichy, honteuse est passée sous silence dans les manuels d’Histoire jusque dans les années 80. Un film comme « Nuit et Brouillard » sur l’univers concentrationnaire cache le rôle de l’Etat français, de la police et milice de Vichy dans la déportation des résistants et des juifs= 1.4. La non-reconnaissance de la mémoire des non résistants, et des victimes du génocide en particulier. → Prisonniers de guerre, hommes envoyés au STO, « malgré-nous » alsaciens et lorrains se battent pour la reconnaissance de leur sort. Au cours du procès à Bordeaux du massacre d'Oradour-sur-Glane (10 juin 44) en janvier 1953 se pose la question de la responsabilité des 13 « malgré-nous » Alsaciens incorporés dans l'unité de la division Das Reich responsable du massacre. Verdict : 1 Alsacien condamné à mort (engagé volontaire), les 12 autres sont condamnés à des peines de 6 à 8 ans de prison. A Bordeaux, on trouve que les peines sont trop faibles, en Alsace, on crie à l'injustice monstrueuse ! Finalement, une loi d'amnistie libère les 12 Alsaciens de leur condamnation. Ceci traduit la mémoire problématique des « malgré-nous », incompris, et montre que deux mémoires contradictoires s'opposent au cours de ce procès, que la justice ne peut pas concilier : conflit, concurrence des mémoires. → La mémoire des rescapés juifs du Génocide est oblitérée : après-guerre, on ne distingue pas la spécificité du génocide juif. On connaît l'univers concentrationnaire mais on ne fait pas la différence entre les camps de concentration et les centres de mise à mort. Alors que : • 73 853 juifs ont été déportés depuis la France au cours de la seconde guerre mondiale pour l'immense majorité vers Auschwitz-Birkenau (dont 24 500 juifs français, 16 000 enfants) • 2190 ont survécu : 740 femmes et 1450 hommes. • Ceux qui rentrent sont souvent jeunes, seuls (ils ont perdu toute leur famille) et traumatisés, ils prennent difficilement la parole, d'autant qu'on n'est pas prêt à les entendre, et que les rescapés politiques des camps prennent plus facilement la parole parce qu'encadrés par leurs associations et leurs partis (66 000 déportés politiques dont 42 000 pour faits de résistance, 23 000 survivants). • Leur expérience est « indicible » : c'est la théorie du « grand silence » défendue par l'historienne Annette Wieviorka : exemple Si c'est un homme de Primo Lévi, publié en 1947 et très peu lu au moment de sa publication. Exemple Nuit et brouillard d'Alain Resnais, en 1956, dont le texte est écrit par Jean Cayrol, déporté-résistant. Le film fait l'amalgame entre concentration et extermination. Le mot juif n’apparaît qu'une seule fois dans le commentaire, banalisé dans une liste de déportés en puissance. Ce film nous permet surtout de connaître l'état de la mémoire et de l'histoire de la seconde guerre mondiale dans les années 50. II. L'historien "trouble mémoire" (des années 1970 aux années 1990) Le contexte change radicalement : • la crise de mai 1968 est une rupture avec la société issue de la guerre. • En 1969, De Gaulle quitte le pouvoir, en 1970, il meurt. • Pompidou, successeur de De Gaulle à la présidence de la République veut « jeter le voile » : il gracie Paul Touvier (chef de la milice lyonnaise) qui avait été condamné à mort par contumace en 1946. • le parti communiste n'est plus aussi important dans le paysage politique français. Page 2 sur 5 Les historiens peuvent plus librement écouter ces différentes mémoires et travailler sur cette histoire. C'est le temps des grandes remises en cause. 2.1. L'historien face à la collaboration Affiche « Le chagrin et la pitié ». Film de Marcel Ophüls 1969 + Une de couverture « La France de Vichy » → L'historien n'est pas le seul à questionner les mémoires. Les réalisateurs de cinéma l'ont souvent accompagné dans ce travail. • Marcel Ophuls en 1969 réalise un film documentaire de 4 h 30, Le chagrin et la pitié, sorti en salles en 1971 (1ère diffusion à la télévision en 1981). Dans ce film, Marcel Ophuls fait la chronique de Clermont-Ferrand pendant l'occupation. On comprend que beaucoup étaient plus préoccupés par la survie quotidienne que par la lutte contre l'occupant ou le régime de Vichy. Il brise ainsi l'image fausse d'une France entièrement résistante. → En 1972, la rupture principale dans l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale vient d'un historien américain, Robert Paxton, qui publie, La France de Vichy. Dans cet ouvrage, il affirme que la collaboration est une proposition française et non une exigence allemande et que le statut des juifs est une exigence française. Peu d'historiens français s'étaient intéressés à la France de Vichy, lui préférant l'histoire de la résistance française. 2.2. L'historien et la mémoire juive → Le procès Eichmann en 1961 à Jérusalem, libère la parole des juifs et met fin au grand silence évoqué par Annette Wieviorka. Des survivants viennent témoigner, parler. Outre qu'il libère la parole, ce procès permet également à l'historien de comprendre le processus d'extermination des Juifs d'Europe. → En complément du travail réalisé par les historiens, des œuvres cinématographiques accompagnent ce réveil de la mémoire des victimes du génocide. En 1985 sort le film de Claude Lanzmann, Shoah, dont la particularité est de donner la parole aux survivants, sans reconstitution ni images d'archives, dans les lieux, les actions ou les postures de ce temps. Il interroge également les bourreaux. → L'année 1978 constitue un tournant. L'Express publie cette année-là un entretien avec Louis Darquier de Pellepoix (directeur du commissariat général aux questions juives sous Vichy) dans lequel il dit qu'« à Auschwitz, on n'a gazé que les poux ». La communauté des historiens réagit fortement, et l'Histoire vient contredire le discours « mémoriel » des négationnistes. Le terme négationnisme désigne, dans sa signification première, la négation de la réalité du génocide pratiqué par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale contre les Juifs, c'est-à-dire la négation de la Shoah. Le négationnisme consiste ainsi à prétendre, notamment par la négation de l'existence des chambres à gaz homicides ou de la volonté d'extermination des Juifs d'Europe par les nazis, (un « détail » de l’histoire selon J-M Le Pen) que la réalité de ces crimes relèverait de mythes. Révisionnisme désigne un courant de pensée tendant à remettre en cause et modifier plus ou moins profondément, selon les cas, un système idéologique ou politique établi, un traité international ou un texte de loi majeur, ou encore des faits considérés comme historiques. Ces courants s’appuient sur l’absence de documents écrits, de photographies= des centres d’extermination dont la réalité est surtout fondée sur les témoignages des quelques milliers de respacés= 2.3. Le temps des procès: justice, mémoire et histoire Ce changement de contexte permet aussi dans les années 80 de rouvrir le volet judiciaire. Trois hommes, Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon sont jugés par la justice française pour crime contre l'humanité. • Klaus Barbie, le « boucher de Lyon », SS et membre du parti nazi depuis 1937, est jugé à Lyon en 1987. Chargé à Lyon de la recherche, de la répression et de la lutte contre la Résistance, il a dirigé l'arrestation de Jean Moulin et ses tortures en juin 1943, il est également responsable de l'arrestation et de la déportation des enfants d'Izieu, le 6 avril 1944. On estime qu'il est responsable pour la région de Lyon de 10 000 arrestations, 1 046 fusillés, 6 000 morts ou disparus. Le tribunal l'a condamné à perpétuité pour crime contre l'humanité, il est mort en 1991 à l'âge de 78 ans, en prison, atteint d'un cancer. Avec lui, on a fait le procès de la Gestapo en France. • Paul Touvier, chef régional de la Milice à Lyon, dirige des rafles, des pillages et fait fusiller 7 Juifs à Rillieux-la-pape le 19 juin 44. Condamné à mort par contumace en 46 et 47 à Lyon et Chambéry, il a été gracié en 1973 par Georges Pompidou. Jugé à nouveau en 1992 pour complicité de crime contre l'humanité, il bénéficie d'abord d'un non-lieu avant d'être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1994, mort en captivité en juillet 1996, à 81 ans. Avec lui, on fait le procès de la Milice en France. • Maurice Papon, haut fonctionnaire modèle, est secrétaire général de la préfecture de Gironde en juin 1942. Il participe à une série de rafles en juillet 42 (13 convois en tout). Si sa fonction le contraignait à obéir, rien ne l'obligeait à faire arrêter des juifs de nationalité étrangère et des enfants en bas âges, pourtant protégés. Au lendemain de la guerre, il a poursuivi sa carrière de Page 3 sur 5 fonctionnaire, devenant ministre du budget du gouvernement Barre en 1978. En 1983, il est inculpé de complicité de crime contre l'humanité. Son procès s'ouvre en 1997 devant la cour d'assises de la Gironde. Il est condamné à 10 ans de prison en 1998 . Il a ensuite été libéré en septembre 2002 pour raisons de santé. Mort en 2007 à 96 ans. Avec lui, on a fait le procès de l'administration de Vichy. Ces 3 procès ont été possibles grâce à la loi de 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité. La particularité de ces 3 procès est qu'ils ont tous les 3 été filmés , au titre de procès pour la mémoire. 3 procès historiques, 3 procès pour l'histoire. Ces procès ont également posé la question de la place de l'historien dans la justice. Aucun historien n'a participé au procès Barbie. En revanche, à l'occasion du procès Papon, 2 historiens, Marc-Olivier Baruch et Henry Rousso ont été cités comme témoins. Le second a refusé de témoigner. Quel devait être leur rôle ? • Les magistrats voient en eux des « experts », des « témoins » permettant de les éclairer, de faire face à l'argumentation négationniste, alors que le décalage dans le temps est important. • Les historiens considèrent que cette attente est déplacée, que leur rôle n'est pas de trancher alors que c'est celui des juges. III. L'historien face aux enjeux mémoriels depuis les années 1990 3.1. Les politiques et le débat mémoriel et historique Depuis les années 90, les hommes politiques et en particulier les présidents de la République ont suivi le travail des historiens et ont fait évoluer la mémoire nationale. Se produit alors un vaste mouvement de repentance, multiforme. Discours et actes symboliques en sont les temps forts : o F. Mitterrand a commencé -sans l'achever- la reconnaissance par la France de ses propres erreurs, en instituant en 1993 une journée nationale pour le souvenir des persécutions racistes, fixée le dimanche qui suit le 16 juillet, en souvenir de la rafle du Vel d'hiv' (juillet 42). A ce moment-là, l'action de F. Mitterrand est contestée, notamment par une partie de la communauté juive française, car son passé de « vichysso-résistant » (J-P. Azéma) lui est reproché (amitié avec René Bousquet). o Avec J. Chirac, c'est une autre génération qui arrive au pouvoir. Lui franchit définitivement le pas ; en 1995, il reconnaît la responsabilité de l’État français et proclame la dette imprescriptible de la France à l'égard des Juifs. Dans la foulée une politique de réparation de la spoliation des biens des Juifs est mise en place. 3.2. Les historiens gardiens de l'histoire face au devoir de mémoire Les politiques depuis les années 90 et 2000 se chargent d'ériger une mémoire nationale, contre laquelle luttent les historiens. → via une série de « lois mémorielles » : • La loi Gayssot du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe qui répond en particulier au négationnisme. • La loi du 29 janvier 2001 par laquelle la France reconnaît publiquement le génocide arménien • La loi du 21 mai 2001, dite « loi Taubira », tendant à la reconnaissance par la France de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. • La loi du 23 février 2005, dite « loi Mekachera », stipule dans son article 4 : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Les historiens n'acceptent pas cette tendance à légiférer sur le passé. Un certain nombre d'entre eux s'expriment dans un appel dit « Appel des 19, liberté pour l'Histoire » en 2005 dans Libération. D'autres ne les suivent pas, et contestent seulement la dernière loi, celle de 2005. Ces lois opposent donc historiens et politiques, mais aussi les historiens entre eux. → via une série de propositions faites par N. Sarkozy dans le cadre du devoir de mémoire. • Journée du souvenir de Guy Môquet, un jeune communiste fusillé à 17 ans le 22 octobre 1941 à Châteaubriant. N. Sarkozy, par l'intermédiaire d'une note de service, demande aux enseignants de lire chaque 22 octobre, la dernière lettre de Guy Môquet, résistant communiste. Cette demande fait polémique. On reproche l'instrumentalisation de la mémoire, dans une utilisation purement émotionnelle. Jean-Pierre Azéma notamment, insiste sur la nécessité de faire de l'histoire, c'est-àdire mettre en perspective, contextualiser cette lettre. Page 4 sur 5 • Une autre proposition de N. Sarkozy, une nouvelle injonction mémorielle, est fortement critiquée : la mémoire des enfants de la Shoah en CM2. Ce projet a été annoncé en 2008 ; il s'agissait de « confier la mémoire des enfants de la Shoah » aux enfants de CM2. De nombreux historiens ont fortement réagi : Pierre Nora, Henry Rousso, Annette Wieviorka. « Que veut-on faire ? Jumeler un enfant vivant et un enfant mort ? Donner au vivant la charge d'un fantôme, l'introduire dans la mort ? Doubler sa vie de la mort d'un autre ? C'est insupportable [=]. Nos enfants, nos petitsenfants n'ont pas à porter des crimes qui ne sont pas ceux de leur génération. » (A.W.) 3.3. Les lieux de mémoire et l'histoire Les lieux de mémoire se sont multipliés, souvent sur les lieux des différents drames. Ils sont là pour rappeler le souvenir des combats de la résistance (plateau des Glières), de la persécution des civils (Oradour sur Glane), des persécutions antisémites (camp des milles à Aix en Provence, site mémorial inauguré le 12/09/2011, mémorial de la Shoah à Paris). Ces lieux associent tous des historiens, ils se veulent lieux de mémoire, d'histoire et d'éducation, ne se limitant pas à l'aspect émotionnel. Conclusion Parler, travailler sur la Seconde guerre mondiale est encore très passionné. Les différentes mémoires sont encore aujourd'hui souvent concurrentielles, mais les historiens sont beaucoup plus libres de faire valoir la nécessité de mettre à l'écart le devoir de mémoire pour pouvoir travailler. Ils préfèrent au devoir de mémoire invoqué par les différents acteurs représentés par les associations et par l'Etat le travail d'histoire. Page 5 sur 5
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