THÉMATIQUE II : LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE
Publié le 11/01/2024
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THÉMATIQUE II : LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE
Amorce : Réflexion sur le film de Ex machina (2015), d'Alex Garland sur l'Intelligence
Artificielle (IA).
Dans ce film, Caleb qui est un excellent codeur de BlueBook, le moteur de recherche le plus
puissant au monde, remporte un concours et a droit à un séjour d'une semaine à la montagne,
dans la résidence isolée du richissime fondateur de l'entreprise.
Caleb doit découvrir qu'il a, en
réalité, été sélectionné pour participer à une expérience : interagir avec un robot de type
féminin prénommé Ava.
Questions :
Un des enjeux du film est de déterminer si l'homme est capable de créer une Intelligence
Artificielle en tous points semblable à un être humain ? est-il possible ? Quels sont les traits
humains
les
plus
difficiles
à
reproduire
chez
un
robot
?
Problématique II : La technique comme moyen de finalisation du travail, peut-elle
contribuer durablement à l’humanisation ? En d’autres termes, les progrès de la
technique ne sont-ils pas une source d’aliénation de l’homme et un frein pour le
développement durable de la société ?
INTRODUCTION
Si les êtres humains ont recours au travail et à la technique pour transformer le monde
et subvenir à leurs besoins, c’est dans la mesure où l’intelligence (qu’ils mettent en œuvre
dans le cadre de ces activités) est une qualité compensatoire ayant pour but de combler ce que
Bergson appelle « le déficit de l’instinct » (L'évolution créatrice).
En effet, l’homme est nu,
son corps est incapable à lui-seul de s’adapter à son environnement.
C’est grâce à un
prolongement technique qu’il peut améliorer son dispositif anatomique.
Le travail désigne
l'activité par laquelle l'homme transforme la nature avec l’art de la technique pour améliorer
ses conditions existentielles ; et la technique représente l'ensemble des moyens inventés pour
accomplir la fin de ce travail ou parvenir à sa finalisation.
Dans son étymologie (origine) grecque, la technique est tekhnê, un art, un métier, un
ensemble de procédés et de moyens inventés par l'homme pour transformer par son travail le
donné naturel et obtenir un résultat déterminé.
Le premier but de la technique est de
transformer la nature à l’aide d’outils (organon, outil, complément de l’organisme).
Ainsi,
Aristote considère la main de l’homme comme son premier outil.
A travers le mythe
prométhéen, Platon voit dans la maîtrise du feu sa première acquisition technique, une façon
de pallier l’absence des dieux.
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Au cours de son évolution, la technique est devenue un instrument de transformation
de la nature, mais aussi de domination et d’exploitation de l’homme par l’homme.
L’évolution
de l’humanité est indissociable du progrès technique.
Suivant les époques et les sociétés, la
technique a atteint des stades différents de complexité.
Tel est le paradoxe du progrès
technique qui se présente à la fois comme la promesse de meilleures conditions de vie
humaine et la source de menace pour l’humanité.
Ainsi, l’on va assister avec les philosophes des Lumières du XVIIIème siècle, en une
croyance aussi bien des progrès techniques que moraux et au sens du travail.
A l'exception de
Rousseau, qui a reconnu l’ambivalence du progrès technique et a affirmé que les sciences et
des arts n’ont pas contribué réellement au progrès de la société.
Au XIXème, le progrès
technologique s’accroît avec la naissance de la société industrielle.
Depuis le XXème siècle, la technique est à l’origine de terreur, d’espoir, de fascination
et de répulsion.
Bien que l’innovation technique soit, d’ordinaire, accueillie positivement, on
se méfie, toutefois, d’une technique aux progrès vertigineux qui tendrait à asservir l’homme
plutôt qu’à le servir.
D’un côté, l’homme veut continuer à croire au bonheur promis par les
progrès techniques, de l’autre, il doute face aux catastrophes humanitaires, écologiques, et aux
problèmes éthiques et politiques que cela engendre.
C’est dans ce sens que le commun des
mortels préconise une technique à dompter et à humaniser, voire une sagesse à trouver pour
orienter au mieux ce progrès.
Pour appréhender avec justesse cette notion, il convient alors
d’en comprendre toute la portée métaphysique et éthique.
D’où, l'importance des réflexions éthiques, moraux et politiques sur le progrès de la
technoscience appelant à une éthique politique de la responsabilité, qui consiste à critiquer les
violences du développement technique et à s'interroger sur les réponses des progrès
techniques ainsi que les attitudes à adopter face à ceux-ci.
Si la technique permet l’amélioration des conditions d’existence humaines, elle nous
impose aussi de nouvelles façons de vivre.
Faut-il accepter l’idée que le progrès de la
technique porte en elle des effets néfastes sur la vie humaine ? Ou doit-on admettre qu’un tel
progrès n’est qu’un moyen en vue des objectifs que la société lui attribue ? Dès lors, pouvonsnous fonder sans risque nos espoirs dans le progrès technique ?
I.
LE MYTHE DE PROMETHEE : LE RECIT DE LA NAISSANCE DE LA
TECHNIQUE
Dans son œuvre, Protagoras, Platon raconte au travers d’un mythe, comment la
technique est parvenue aux hommes.
En effet, Zeus, le dieu des dieux, charge le Titan
(divinité d’une force extraordinaire) Epiméthée de donner à chaque espèce vivant sur terre de
quoi se protéger et se défendre.
Celui-ci va pourvoir les animaux en moyens nécessaires au
détriment de la race humaine.
Nus, et d’autant plus fragiles que toutes les autres espèces
vivantes sont mieux armées, les hommes vont disparaître.
Prométhée, constatant la terrible
négligence de son frère Epiméthée, et ne voulant que les hommes périssent, vole l’habileté de
Héphaïstos (fils de Zeus, dieu de la métallurgie) et à Athéna (fille de Zeus, déesse de la raison
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et de la prudence), et le feu à Zeus pour la donner aux hommes et leur permettre de survivre.
Grâce à l’habileté et au feu, l’homme « fut mis en possession des arts utiles à la vie » : la
connaissance technique.
La technique devient une spécificité et une invention humaines, ainsi qu’un instrument de
travail pour son bien vivre, l'amélioration de sa condition existentielle.
Elle est un moyen de
travail pour mieux s’adapter dans un milieu social hostile.
Ainsi, Prométhée distribue les connaissances ou savoirs et des capacités aux hommes ;
il y a des répartitions universelles.
Une telle distribution permet de compenser les qualités des
espèces vivantes entre elles, et partant de contribuer à leur.
Perpétuation.
L’idée de la nature
que l’art de la technique transforme, est représentée par le cosmos (monde, univers) et traduit
la place de l’homme dans ce cosmos, le monde qui abrite la nature et les hommes.
Le cosmos
chez les Grecs de l’Antiquité signifiait l’ordre et l’harmonie.
En volant le feu et les arts pour les remettre aux hommes, Prométhée permet le
déploiement du mythe : la technique crée le langage, la religion bâtit la société en
transformant l’environnement naturel.
Chacun acquiert une capacité à se mouvoir, se
rencontrer, se réunir et coopérer pour mieux vivre.
Les sciences et les techniques sont quelque
chose de divin, dont la maitrise élève l’homme au-dessus des animaux.
L’homme est un
animal politique (cf.
Aristote) qui se distingue autres animaux.
Il est un être à part dans la
nature, un être voué par nature à transformer celle-ci par son travail, grâce à la science et à
l’art de la technique.
L’art est le domaine de la création d’œuvres.
Le mot art désigne
étymologiquement toute activité impliquant un savoir-faire, des règles, de l’habilité.
Une
œuvre d’art peut être considérée comme un objet bien réalisé d’un point de vue technique.
C’est ce qui semble offrir un critère assez objectif pour juger de la qualité d’une œuvre d’art.
L’art relève de l’artificiel, de l’invention humaine.
Conscient du pouvoir et des capacités que le progrès des sciences et des techniques
confère à l’homme, Descartes estime qu’ils peuvent nous rendre « comme maîtres et
possesseurs de la nature » (Discours de la méthode).
La vocation prométhéenne de l’homme
se prolonge ainsi dans les progrès prodigieux accomplis, depuis le 17ème siècle.
Mais, si Prométhée est devenu le symbole du progrès de l’humanité, par l’acquisition
de la technique par l’homme, il figure aussi la témérité de l’homme, démesurément englouti
par la conscience de son pouvoir.
L’œuvre de Mary Shelley Frankenstein ou le Prométhée
moderne, nous rappelle que si la technique est comme le travail, consubstantielle (congénital,
intrinsèque) à l’humanité, cette dernière doit en user avec prudence, mesure et sagesse.
II.
LA TECHNIQUE : UNE INVENTION PROPRE A L'ÊTRE HUMAIN
Texte de Marx
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Par la technique, l'homme va transformer la nature et lui-même en vue d'améliorer sa
condition de vie.
Si l’homme transforme la nature par son intelligence et son savoir-faire,
alors il se distingue de l’animal qui le fait instinctivement ou par réflexe.
L’art de la technique
que l’homme possède par l’invention le distingue de l’animal, qui est limité.
Par exemple, un oiseau qui construit son nid ou bien un chimpanzé qui attrape des insectes
avec une brindille, l’abeille qui construit sa ruche, nous impressionnent.
Mais l’emploi
d’instruments suffit-il à qualifier une activité de technique ? La technique ne suppose-t-elle
pas l’intelligence, l’habileté et l’inventivité proprement humaines ?
Karl Marx, dans Le Capital (1867), montre ainsi que....
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