tchèque, littérature.
Publié le 06/05/2013
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néant, qui marque l'origine de la poésie tchèque moderne, ainsi qu'un grand roman, les Tsiganes (1835).
Karel Jaromir Erben (1811-1870) s'est lui aussi interrogé sur la destinée tragique de l'homme dans son Florilège des légendes nationales (1853)
et dans un recueil de ballades imprégné de morale chrétienne, le Bouquet (1861).
Karel Havlíček Borovský (1821-1856) fonda le journalisme libéral tchèque en dénonçant dans ses satires, épigrammes et articles l'absolutisme autrichien.
Traductrice
de George Sand, Božena N ěmcová (1820-1862) introduisit dans ses romans et ses récits le thème de la vie à la campagne, thème destiné à jouer un rôle important pendant tout le XIX e siècle, mêlant à une conception très rousseauiste de l'existence
ses propres observations de la vie paysanne tchèque (la Grand-mère, 1855).
La réaction politique de l'Autriche dans les années 1850 marque la fin du réveil national.
Vers les années 1860 se créa autour du poète et feuilletoniste Jan Neruda (1834-1891), qui excella dans la production de poésies ironiques et de courts récits sur la vie de la bourgeoisie à Prague (Contes de Malá Strana, 1878), une nouvelle école
d'écrivains, la « génération dite de Mai » avec le poète et conteur Vít ězslav Hálek (1835-1874), la romancière Karolina Sv ětlá (1830-1899) et Jakub Arbes (1840-1914), initiateur du romanetto, genre spécifique où se mêle une description quasi
documentaire de la réalité à une intrigue insolite ou fantastique, et précurseur de la science-fiction tchèque (le Cerveau de Newton, 1877).
La génération suivante se scinda en une école nationale et une école cosmopolite.
Rassemblés autour du poète
Svatopluk Čech (1846-1908), dont les Chants de l'esclave (1895) sont un hymne à la liberté, les nationalistes exaltèrent les valeurs tchèques et slaves : le plus prolifique et le plus populaire d'entre eux, Alois Jirásek (1851-1930), fit revivre dans ses
romans historiques toutes les grandes époques de l'histoire nationale : l'épopée hussite, les « ténèbres », la renaissance nationale.
Menés par le talentueux poète et traducteur Jaroslav Vrchlický (1853-1912), les partisans de l'école cosmopolite s'inspirèrent d'auteurs étrangers, tels Josef Václav Sládek (1845-1912), qui traduisit Burns, Shakespeare, Longfellow, ou Julius Zeyer
(1841-1901), qui, à la fois cosmopolite et patriote, a puisé dans les mythes tchèques (Vyšehrad, 1880), français, celtes ou provençaux.
Vrchlický lui-même, puisa dans Goethe, la Renaissance italienne et Victor Hugo l'inspiration d'une œuvre épique,
hésitant entre une foi progressiste en la nature et un pessimisme sentimental.
Parallèlement, Thomáš Garrigue Masaryk contribua à libérer la pensée tchèque de l'emprise germanique en s'intéressant à la création artistique et littéraire française et
anglo-américaine, en rejetant le faux patriotisme et le naturalisme, et en cherchant à définir un humanisme moderne (la Question sociale, 1898 ; les Idéaux de l'humanité, 1901).
Également ouvert aux littératures étrangères, et notamment à la
culture française, le critique František Xaver Šalda (1867-1937) exerça pendant plus de quarante ans une influence considérable sur l'intelligentsia tchèque par ses essais (l'Âme et l'Œuvre, 1913) et ses nombreuses études littéraires parues dans la
revue qu'il rédigea seul, les Cahiers Šalda (1928-1937).
Observateur réaliste (Ici auraient dû fleurir des roses, 1894) et volontiers satirique (Satiricon, 1904) de la vie quotidienne, Josef Svatopluk Machar (1864-1942) a exprimé dans des poèmes
historiques où se lit l'influence de Nietzsche et de Victor Hugo son admiration pour la culture antique et son refus du christianisme (À travers la conscience des siècles, 1906-1926).
Au tournant du siècle, Prague, capitale intellectuelle du vieil Empire
autrichien, abrita certains des plus grands noms de la littérature européenne : Rilke, Gustav Meyrink, Brod, tous d'expression allemande.
Le plus célèbre d'entre eux, Franz Kafka, écrivain tchèque de langue allemande, grandit au carrefour des
cultures tchèque, allemande et juive.
Il en tira cette propension au rêve, à la métaphysique et à un humour noir qui marquent son œuvre, puis les lettres tchèques après la Seconde Guerre mondiale.
Le symbolisme fut notamment illustré par les poètes Petr Bezru č (1867-1958), auteur des Chants de Silésie (1903), Otokar B řezina (1868-1929), un poète aux visions mystiques et extatiques, Antonín Sova (1864-1928), Karel Toman (1877-1946) et
le prêtre Jakub Deml (1878-1961), dont l'œuvre, mélange de spiritualisme franciscain et de satire pamphlétaire, occupe une place à part dans la littérature tchèque.
Un temps attirés par le décadentisme « fin de siècle », Viktor Dyk (1877-1931) et
Stanislav Kostka Neumann (1875-1947) s'engagèrent, l'un vers la lutte contre l'oppression politique, l'autre vers l'anarchie, la poésie sociale et le communisme, puis vers un lyrisme futuriste (Nouveaux Chants, 1918).
6 INDÉPENDANCE NATIONALE (1918-1938)
Après 1918, date de la mise en place de la première République tchécoslovaque, la littérature tchèque connut un essor remarquable.
Inspirés par la révolution russe et le marxisme, Ji ří Wolker (1900-1924) et Josef Hora (1891-1945) furent érigés en
symboles de la poésie prolétarienne par le pouvoir communiste de l'après-guerre.
Écrivain et plasticien, Karel Teige (1900-1951) anima plusieurs mouvements d'avant-garde, dont le groupe Dev ětsil, créé en 1919, et contribua au lancement du
« poétisme », mouvement inspiré d'Apollinaire et de Cocteau : lié à la toute-puissance de l'imagination, le poétisme est une « poésie pour tous les sens », une poésie pure, dépourvue de tout contenu social.
Également animateur du groupe Dev ětsil,
Vladislas Van čura (1891-1942) évoqua dans ses romans au style acerbe un monde souvent tragique et grotesque.
Vít ězslav Nezval (1900-1958) et Jaroslav Seifert participèrent au poétisme, avant de fonder, en 1934, le groupe surréaliste tchèque,
auquel appartinrent notamment le poète Konstantin Biebl (1898-1951), et les prosateurs Karel Konrád (1899-1971) et Adolf Hoffmeister (1902-1973).
Le groupe fut brutalement démantelé sur ordre du parti communiste en 1938.
La création romanesque, marquée par l'écroulement des anciens empires et l'apparition de l'utopie socialiste, subit une profonde transformation thématique — les thèmes sociaux apparurent — et stylistique.
Tandis que les romans de Marie Majerová
(1882-1967) évoquent la vie des travailleurs et le monde industriel, Marie Pujmanov étudia, quant à elle, la psychologie de l'adolescence.
Ancien anarchiste converti au bolchevisme, Jaroslav Hašek (1883-1923) connut un succès international avec les
Aventures du brave soldat Chveik (1920-1923), récit satirique dont le héros devint pour les Tchèques le symbole de la résistance passive et rusée à l'oppression.
L'une des plus grandes figures de l'entre-deux-guerres, dont la renommée alla bien au-
delà des frontières nationales, est Karel Čapek, qui, par sa pensée humaniste et son œuvre multiforme, reste le symbole du premier État tchécoslovaque.
Il mit en garde contre les dangers de la mécanisation et la déshumanisation des sociétés
industrielles, dénonça l'industrie de guerre, dans un drame, RUR (Rossum's International Robots, 1921), où les robots (mot qu'il inventa à partir du radical slave robota, « travail ») se révoltent contre leurs créateurs.
7 DE LA CENSURE COMMUNISTE À LA LIBÉRALISATION ARTISTIQUE (1938-1968)
Le coup d'État communiste de février 1948 imposa, dans le domaine de la création artistique, l'esthétique du réalisme socialiste et déclara décadentes toutes les influences culturelles occidentales.
Les écrivains tchèques furent mobilisés pour plaider
en faveur de la construction d'un régime et d'une société fondés sur le socialisme.
Ceux qui refusèrent de s'assujettir au dogme s'exilèrent en Occident (Egon Hostovský, Voskovec, Fischl, Milada So ŭcková, Jan Maria Kolár, Ivan Blatný) ou choisirent la
clandestinité ; d'autres tels Josef Knap (1900-1973), František Krelina (1903-1976), Vaclav Ren č (1911-1973) ou Ladislav Dvorak (1920-1983) furent persécutés et relégués en prison.
Après la mort de Staline en 1953, la censure se relâcha quelque peu et marqua le début d'une période de libéralisation dans le domaine des arts.
L'une des conséquences de ce changement fut la réhabilitation de Kafka et de nombreux auteurs
précédemment interdits.
Nombre d'intellectuels et d'écrivains éprouvèrent le besoin de revenir sur la terreur stalinienne et d'envisager le problème de la responsabilité et de la faute historiques : entre fiction et autobiographie, la Hache (1966) de
Ludvík Vaculík (né en 1926) est une étude sur le développement spirituel de l'écrivain confronté aux contradictions apparemment insolubles d'une société socialiste.
Le premier roman de Milan Kundera, la Plaisanterie (1967), est une attaque féroce de
la corruption morale qui s'est emparée du pays.
Bohumil Hrabal mêla rire et provocation pour rendre hommage à la révolte des petites gens contre la banalité du quotidien (Trains étroitement surveillés, 1965) ou dénoncer la censure (Une trop
bruyante solitude, 1976).
Le mouvement de libéralisation atteignit son apogée en 1968, avec le Printemps de Prague, qui insuffla, pour une courte période, un renouveau artistique.
Influencé par Kafka et le théâtre français de l'absurde, notamment
celui de Ionesco, Václav Havel stigmatisa dans son théâtre la bureaucratie et la langue de bois socialistes (la Notification, 1965 ; Plus moyen de se concentrer, 1967).
Signataire dès 1969 de la Charte 77, il fut intertdit de publication pendant vingt ans.
8 APRÈS LE PRINTEMPS DE PRAGUE (DEPUIS 1968).
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