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tant un vieux logis on en réserve ordinairement les démolitions,

Publié le 22/10/2012

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tant un vieux logis on en réserve ordinairement les démolitions, pour servir à en bâtir un nouveau, ainsi, en détruisant toutes celles de mes opinions que je jugeais être mal fondées, je faisais diverses observations et acquérais plusieurs expériences qui m'ont servi depuis à en établir de plus certaines. Et de plus je continuais à m'exercer en la méthode que je m'étais prescrite. Car outre que j'avais soin de conduire généralement toutes mes pensées selon ses règles, je me réservais de temps en temps quelques heures que j'employais particulièrement à la pratiquer en des difficultés de mathématique, ou même aussi en quelques autres que je pouvais rendre quasi semblables à celles des mathématiques, en les détachant de tous les principes des autres sciences que je ne trouvais pas assez fermes, comme vous verrez que j'ai fait en plusieurs qui sont expliquées en ce volume. Et ainsi, sans vivre d'autre façon en apparence que ceux qui, n'ayant aucun emploi qu'à passer une vie douce et innocente, s'étudient à séparer les plaisirs des vices, et qui pour jouir de leur loisir sans s'ennuyer usent de tous les divertissements qui sont honnêtes, je ne laissais pas de poursuivre en mon dessein, et de profiter en la connaissance de la vérité peut-être plus que si je n'eusse fait que lire des livres, ou fréquenter des gens de lettres. Toutefois ces neuf ans s'écoulèrent avant que j'eusse encore pris aucun parti touchant les difficultés qui ont coutume d'être dispu- tées entre les doctes, ni commencé à chercher les fondements d'aucune philosophie plus certaine que la vulgaire *. Et l'exemple- de plusieurs excellents esprits qui, en ayant eu ci-devant le dessein, me semblaient n'y avoir pas réussi m'y faisait imaginer tant de difficulté que je n'eusse peut-être pas encore si tôt osé l'entreprendre si je n'eusse vu que quelques-uns faisaient déjà courre le bruit que j'en étais venu à bout. Je ne saurais pas dire sur quoi ils fondaient cette opinion; et si j'y ai contribué quelque chose par mes discours, ce doit avoir été en confessant plus ingénument ce que j'ignorais que n'ont coutume de faire ceux qui ont un peu étudié, et peut-être aussi en faisant voir les raisons que j'avais de douter de beaucoup de choses que les autres estiment certaines, plutôt qu'en me vantant d'aucune doctrine 11. Mais ayant le coeur assez bon pour ne vouloir point qu'on me prît pour autre que je n'étais, je pensai qu'il fallait que je tâchasse par tous moyens à me rendre digne de la réputation qu'on me donnait; et il y a justement huit ans que ce désir me fit résoudre à m'éloigner de tous les lieux où je pouvais avoir des connaissances, et à me retirer ici en un pays où la longue durée de la guerre a fait établir de tels ordres ** que les armées qu'on y entretient ne semblent servir qu'à faire qu'on y jouisse des fruits de la paix * Courante, ordinaire (ici, la philosophie scolastique). ** Règlements. avec d'autant plus de sûreté et où parmi la foule d'un grand peuple fort actif, et plus soigneux de ses propres affaires que curieux de celles d'autrui, sans manquer d'aucune des commodités qui sont dans les villes les plus fréquentées, j'ai pu vivre aussi solitaire et retiré que dans les déserts les plus écartés 12.

« Troisième partie 125 tées entre les doctes, ni commencé à chercher les fondements d'aucune philosophie plus cer­ taine que la vulgaire~'.

Et l'exemple- de plu­ sieurs excellents esprits qui, en ayant eu ci­ devant le dessein, me semblaient n'y avoir pas réussi m'y faisait imaginer tant dë difficulté que je n'eusse peut-être pas encore si tôt osé l'en­ treprendre si je n'eusse vu que quelques-uns fai­ saient déjà courre le bruit que j'en étais venu à bout.

Je ne saurais pas dire sur quoi ils fondaient cette opipion; et si j'y ai contribué quelque chose par mes discours, ce doit avoir· été en confessant plus ingénument ce que j'ignorais que n'ont coutume de faire ceux qui ont un peu étudié, et peut-être aussi en faisant voir les raisons que j'avais de douter de beaucoup de choses que les autres esti­ ment certaines, plutôt qu'en me vantant d'au­ cune doctrine 11 • Mais ayant le cœur assez bon pour ne vouloir point qu'on me prît pour au­ tre que je n'étais, je pensai qu'il fallait que je tâchasse par tous moyens à me rendre digne de la réputation qu'on me donnait; et il y a justement huit ans que ce désir me fit résou­ dre à m'éloigner de tous les lieux où je pou­ vais avoir des connaissances, et à me retirer ici en un pays où la longue durée de la guerre a fait établir de tels ordres ~,., que les ar­ mées qu'on y entretient ne semblent servir qu'à faire qu'on y jouisse des fruits de la paix * Courante, ordinaire (ici, la philosophie scolastique).

** Règlements.. »

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