Synthèse: TRAVAIL & TECHNIQUE
Publié le 24/07/2010
Extrait du document
Avant d’être vécu comme une activité libératrice ou plaisante, le travail apparaît comme une contrainte, sans doute parce que l’homme si soumet plus par nécessité que volontiers. Pourtant nous ne travaillons pas seulement pour vivre. Le travail c’est d’abord la transformation du réel. Il contribue à donner à la nature la forme de nos désirs et la marque de nos ambitions. Il incite également l’homme à prendre la mesure de son pouvoir et de sa valeur. Marx souligne à quel point le travail fait corps avec l’intelligence. Pourtant les civilisations passés affichés un certain mépris pour le travail. Il assujettissait l’homme à l’ordre de la nécessité. Pour les Grecs, le travail, s’était avant tout aliéner sa liberté au service de la matière ou d’autrui, alors que sa nature devrait le porter à s’en affranchir pour commander à l’une ou à l’autre. Cette pensée était partagée par la Bible dont on sait qu’elle considérée le travail comme une malédiction divine consécutive à transgression originelle (interprétation contestable puisque l’homme avant le péché originel au paradis, devait déjà travaillé). L’origine du mot, en outre, signifiait primitivement un instrument de torture (latin tripalium, instrument pour ferrer les chevaux, puis instrument de torture). La révolution industrielle, dans ses aspects les plus pénibles n’a pas non plus contribué à dissiper cette mauvaise image. Au XVIII° siècle l’éthique protestante et l’utilitarisme des Lumières (idée qu’une société est bien ordonnée, et donc juste, lorsque ses institutions sont conçues pour apporter la plus grande somme totale de satisfaction à l’ensemble de ses membres) place le travail dans la position prépondérante que lui reconnaît le monde moderne. Le travail n’est plus incompatible avec l’essence de l’homme, il est intimement associé avec l’image d’un Dieu créateur de toute chose. D’autres facteurs que la religion ont contribué à rendre au travail ces « lettres de noblesse «. Il est considéré comme une activité providentielle et obligation morale. La nature a voulu que l’homme conquière sa liberté dans la culture. C’est aussi parce que c’est un devoir de l’homme envers lui-même de développer ces facultés, sans lesquelles il resterait inachevé. L’activité productrice n’est plus considérée comme une contrainte, mais comme une œuvre dans le double sens d’un geste créateur et d’une action conforme au bien. Adam Smith philosophe et économistes écossais du XVIII° siècle opère une distinction entre le travail improductif et le travail productif. La travail improductif (celui de la noblesse) est parasitaire, c’est l’oisiveté, on ne participe pas à la production de la richesse commune. Le travail productif ce sont les activités commerciales et industrielles. Hegel montre aussi cette idée du pouvoir (aristocrate) qu’un homme peut exercer sur un autre, mais ce pouvoir reste illusoire lorsqu’un homme prend conscience par son travail de la manière dont il peut intervenir sur les êtres et les choses. Il prend conscience du caractère libérateur du travail initialement conçu pour l’asservir. Durkheim pense l’affirmation de la personnalité individuelle si caractéristique de la civilisation occidentale comme un effet non concerté de l’intense division du travail. En diversifiant les tâches pour répondre à des besoins nouveaux, elle a libéré des capacités intellectuelles. Mais il s’agit là d’une vision qui ne correspond pas forcement à une réalité qui ne fait pas forcement correspondre le travail et la réalisation d’une œuvre au sens noble du terme. Il y a aussi l’aspect « policier « du travail dont le bénéfice revient beaucoup plus aux classes possédantes qu’aux travailleurs qu’elles emploient (quelque chose d’imposé à une majorité récalcitrante par une minorité ayant compris comment s’approprier les moyens de puissance et de coercition) Freud. Le travailleur est en droit d’attendre du travail plus que la simple satisfaction de ces besoins, l’employeur lui, y voit un moyen de « maximiser « ses intérêts (rationalisme économique). Nous sommes là en présence de deux visions divergentes mais irréfutables. Le premier pense le travail comme une valeur libératrice, le second ne la reconnaît qu’a partir de sa soumission aux critères marchands. La valeur travail n’est pas la même pour ces deux visions. Le travailleur est aliéné, puisque son travail est réduit à une simple marchandise. Il pensait y trouver un instrument de libération. La force de travail devient alors une valeur correspondant à l’aptitude à effectuer une tâche déterminée au moindre coût. L’employeur n’achète plus une personnalité avec toutes ces richesses potentielles mais la main qui actionne la machine ou les seules prestation intellectuelles dont a besoin son entreprise. Le travail subira le règle de l’offre et de la demande. Au XIXI°siècle la main d’œuvre paraissant inépuisable, produisit une baisse continu des salaires. L’exploitation de la misère ouvrière contribua à une augmentation générale des richesses. Pourtant les visions les plus sombres concernant la paupérisation (appauvrissement progressif des travailleurs) n’ont pas été confirmées par les faits. Les luttes sociales, la concurrence économique pour avoir les meilleurs ouvriers et d’autres phénomènes ont permis des avancés notamment en raccourcissant le temps de travail. Au delà des vœux pieux ou de la programmation des activités de l’homme du XXI° siècle, chacun s’interroge sur les retombées inattendues, bonnes ou mauvaises des technologies sur le travail vécu au quotidien. Que deviendra le travail artisanal et créateur, certes possible, mais différent, par la révolution technologique, et porteur de notre culture et de notre passé. La technique conserve une parenté avec l’art dans cette idée de manière de procéder pour parvenir à une fin. On évoquera un procédé de fabrication ou encore d’une méthode de pensée susceptible d’améliorer les voies d’accès aux fins que l’on se propose. Mais alors que l’art se définit par une fin esthétique désintéressée, la technique vise avant tout l’utilité qu’elle ne peut obtenir qu’au prix d’une économie de moyens et un maximum d’efficacité. La technique fournit à l’homme les moyens d’adaptation à son environnement qui n’est pas toujours prêt à le recevoir. La technique du grec techné (fabriquer, construire) se définit dans un premier lieu comme un savoir faire dont le but est un comportement efficace et approprié aux circonstances. Les animaux possèdent aussi cette faculté d’adaptation par une technique à leur milieu, mais l’homme invente des outils. Il est tourné vers la création qui est accompagnée de raison. L’outil en plus d’être le prolongement de la main est la traduction matériel de son l’intelligence. La machine qui se distingue des outils est aussi une capacité de l’humanité et constitutive de sa dignité. L’homme devient comme maître et possesseur (Descartes). Une telle maîtrise n’a pas été sans s’accompagner d’un sentiment de culpabilité, lequel a contribué à son tour à donner une image négative de la technique. Une puissance quasi divine que la technique conférait à l’homme. Les anciens grecs étaient attentif à ne pas violenter la nature. Frayeur d’un autre âge, on continue à voir dans la technique une crainte de la destruction de notre environnement et une menace pour nos vies. Rousseau avait bien compris que la technique ne se contenterait pas de modifier notre manière de vivre mais encore nos manières de penser et de sentir. Il n’est pas certain que le progrès technique engendre un progrès dans les relations humaines. Il ne vit plus à proximité d’un milieu naturel, mais avec des objets qui forment la totalité de son environnement. Nous n’avons plus un contact direct avec la nature et autrui. Nous assistons à un paradoxe ou l’homme n’a jamais eut autant d’outil pour communiquer et pourtant il n’a jamais été aussi isolé puisque ces techniques permettent de communiquer tout en restant isolé. Les techniques soumises aux impératifs de compétition internationale ne sont plus des instruments au service du travail, mais des ensembles complexes auxquels l’hommes doit adapter sa vie et sa connaissance. Par les contraintes que font peser les techniques sur les individus, elles ouvrent le champ d’une vision purement utilitaire du monde. Elles sont en effet dépourvues de dimension philosophique, religieuse, symbolique. Dans un tel système la pensée ne peut s’attarder à la méditation mais au désintéressement nécessaire à son activité en infléchissant nos idées vers l’efficacité et le pragmatisme (le vrai est une idée qui réussit). Il n’y a plus de place pour l’irrationnel mais, pour une gestion technocratique (le pouvoir des techniciens) de nos sociétés. Les meilleurs sentiments, l’utopie parfois laisserons la place au réalisme des faits. La démocratie pourrait en subir les conséquences, même si le peuple continuerai à être la source de la souveraineté, consulté périodiquement, il ne posséderait pas l’exercice car il se contenterait de ratifier par son vote des décisions prises en dehors de lui par des hommes dont il estime avant tout les compétences technique. Dépourvu de ces prérogatives essentielles, le citoyen, aurait plus le souci de l’intérêt privé que celui de l’intérêt générale. De plus les jugements moraux ont peut d’effet sur le pouvoir technique à tel point que son essor semble engendrer les mêmes désirs et les mêmes besoins chez des individus pourtant séparés par une culture et des systèmes sociaux différents. La technique est bien un phénomène incontournable, une fois introduite, elle ne se contente pas d’être un instrument irréprochable, elle propage aussi un style de vie et véhicule des valeurs et une vision du monde.
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