Synthèse sur Pour en finira avec les chefs d'oeuvre Antonin Artaud
Publié le 27/02/2008
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Antonin Artaud, « En finir avec les chefs d’œuvres » dans Antonin Artaud, Le théâtre et son double. Paris, Gallimard, 1964.
Dans cet article, Antonin Artaud va décrire les différents théâtres qu’il faut bannir selon lui. Qu’ils s’agissent des chefs d’œuvres fixés par le conformisme bourgeois, le théâtre psychologique ou encore le théâtre de l’art pour l’art, il leur préfère ce qu’il nommera le théâtre de la cruauté.
Voyons le regard qu’il porte sur les différents théâtres et la présentation qu’il fait du théâtre de la cruauté.
Les chefs d’œuvres
Si les chefs d’œuvres doivent être bannis selon Antonin Artaud, c’est parce qu’il considère qu’ils prennent part à l’atmosphère asphyxiante de son époque. Pour lui, les chefs d’œuvres correspondent au passé et ne sont plus d’actualité à son époque. Et, malgré le fait que ces chefs d’œuvres, tels que Œdipe Roi , mettent en avant des fléaux encore d’actualité à l’époque , les moyens utilisés pour les exprimer ne sont plus adaptés à la foule contemporaine. Selon Artaud, les chefs d’œuvres sont des œuvres figées qui ne peuvent pas servir plus d’une fois. A noter qu’il insiste lourdement sur le fait que si les chefs d’œuvres ne sont plus compris, ce n’est pas la faute de la foule car il n’y a pas, pour lui, d’élite pour le théâtre et encore moins de « quartier réservé » dans l’esprit.
Le théâtre psychologique
Pour le théâtre psychologique, c’est ce théâtre qui a rabaissé cet art à un mensonge, à un moyen de distraction vulgaire qui raconte et décrit la psychologie.
Cette manière de faire dissocie le spectacle et le public, réduit l’inconnu au connu et fait perdre son énergie au théâtre. Il faut, dit-il, en finir avec la psychologie, que ce soit au théâtre ou dans nos comportements.
L’art pour l’art
Pour le théâtre de l’art pour l’art, ce qu’il faut bannir, c’est cette idée de plaisir, c’est cette idée de dissociation entre l’art et la vie. Il rejette l’idée d’un théâtre qui n’existe pour divertir, que comme loisir. Il bannit l’idées de l’adoration des poètes et énonce le fait que pour lui c’est cette adoration des poètes qui nous pétrifie et ne nous permet pas d’aller chercher des forces autre part, d’aller chercher la force de la poésie simple, de l’efficacité du théâtre.
Dès lors pour lui, si on continue dans un comportement « snob » d’une adoration de l’art sur l’art, cela débouchera sur plus de guerres, plus de famine.
La solution : le théâtre de la cruauté
Le théâtre de la cruauté, théâtre complexe et cruel, servirait pour Artaud à montrer à l’homme qu’il n’est pas immortel, que « le ciel peut encore nous tomber sur la tête ».
Le procédé serait le même que celui des mythes des tragiques anciens qui aidaient les peuples à prendre conscience des problèmes humains. Ici, il s’agit de retourner à la connaissance physique des images, à la production encore possible de transes. Il s’agit de retrouver la force du geste comme mimétisme et pouvoir communicatif. Le théâtre est le seul moyen d’atteindre l’organisme, de susciter des réactions et de communiquer avec lui.
Les moyens scéniques du théâtre de la cruauté :
Afin de rendre sa force au geste, Antonin Artaud met en place de nombreux moyens scéniques pour que le spectateur prenne conscience de ce que le théâtre représente :
Tout d’abord, le spectateur n’est plus séparé du spectacle, il est entouré par lui. Ensuite, les sons sont utilisés tout d’abord pour leur qualité vibratoire, pour que le spectateur ressente vraiment ces sons. La lumière est également mise à contribution et elle porte sa force de suggestion, son influence dans sa manière d’être utilisée. Finalement, l’action qui est représentée est une action violente qui fait naitre « dans l’inconscient des images énergiques et à l’extérieur le crime gratuit ».
Le but ? Faire en sorte que le spectateur qui a vécu les actions violentes, qui a ressenti la cruauté ne reproduise pas cela à l’extérieur, ne se livre pas à des idées violentes de guerres, d’émeutes, etc. . Il y a donc selon Artaud un lien entre les représentations que produit le théâtre et le vie extérieure.
En conclusion, Artaud mentionne tout de même le risque de l’exemple qui produit l’exemple, de la personne qui ressent la cruauté et qui veut la reproduire mais, pour lui, ce risque vaut la peine d’être couru car ce théâtre pourra permettre de sortir du marasme et de l’ennui de sa société.
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