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SUJET: le comique au théâtre ne sert-il qu'à faire rire?

Publié le 26/09/2010

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Il s'agit de s'interroger sur l'essence du comique qui permet de comprendre quels sont les différents ressorts du comique et quelles sont les différentes comédies. On peut définir le comique comme ce qui suscite le rire, mais le propre de la comédie est d'adord de procurer un sentiment de détente, de divertissement. Elle permet à l'individu d'échapper à la réalité de la vie quotidienne. Le premier critère de définition est celui du rang médiocre des personnages par opposition au rang élevé des personnages de tragédies, qui sont rois, reines, princes ou princesses. C'est ainsi que dans nombre de ses pièces, Molière met en scène des personnages comme Scapin ou Sganarelle qui font partie d'un univers familier. Mais les personnages de comédie sont moins exposés que les personnages de tragédie au malheur, aussi ils permettent facilement au spectateur de se détendre et de se laisser à rire. Au fil des siècles, les différents procédés comiques se sont codifiés. Le personnage de comédie correspond généralement à un « type «; il représente une grande catégorie, souvent par un défaut grossi et schématisé, tel l'Avare de Molière. Ainsi, si comme le définit Bergson (philosophe du XIX-XXème siècle), le rire est le mécanique plaqué sur du vivant, le comportement de ce personnage de comédie, qui se montre automatique et inadapté au réel social environnant, fait rire. On trouve différents procédés comiques, le comique de situation qui permet au spectateur d'en savoir plus que les personnages. C'est le cas dans On purge bébé de Feydeau: seul le spectateur comprend le double quiproquo qui se déroule sur la scène: si Follavoine prend en défaut Rose sur sa confusion entre les îles Hébrides et un objet de la maison, il se ridiculise en montrant son ignorance de l'orthographe de ce mot qu'il persiste à vouloir écrire « Zébrides «. Le comique de caractère est le propre d'un personnage qui révèle un trait de caractère en opposition avec sa situation. C'est le cas du Professeur de La Leçon de Ionesco, qui sous l'apparence d'un homme policé et courtois, exerce une véritable tyrannie auprès de son élève. Le comique de gestes prend toute son ampleur dans Le Bourgeois Gentilhomme quand Jourdain essaie de prononcer les voyelles comme son maître de philosophie. On trouve également un comique de langage quand les jeux de mots fusent où que le langage est décalé: c'est ainsi que le professeur de La Leçon émet des phrases incohérentes. Mais les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent d'autant plus à faire rire qu'ils appartiennent à des genres différents de la comédie. On peut citer le comique de la farce: la farce est un des genres comiques les plus anciens qui utilise des procédés simples et grossiers: coups de bâtons, bagarres, gestes équivoques et propos obscènes qui déclanchent le rire. C'est le cas par exemple de La Farce de Maître Pathelin, oeuvre anonyme du XVème siècle. Mais on en trouve également des traces dans les comédies de Molière, comme dans l'École des femmes où les expressions prennent un double sens. Le « il m'a pris le... « d'Agnès semble être interprété de façon équivoque par Arnolphe, alors qu'il s'agit en réalité d'un ruban. Mais de façon plus générale, Molière privilégie la comédie d'intrigue, héritée de de la Commedia dell'arte et qui privilégie un certain type d'intrigue: deux jeunes gens s'aiment et leur amour est contrarié par un père tyrannique. C'est le cas des Fourberies de Scapin par exemple. Or ce type de comédie suscite le rire parce qu'elle recourt aux quiproquos, aux méprises ou aux reconnaissances de personnages qui précipitent le dénouement. Certes, les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent à faire rire grâce à différents ressorts qui font les délices des différentes formes de comédie. Pourtant, il convient d'envisager d'autres fonctions du genre comique. Le rire obéit à une fonction pédagogique. Parce qu'elle fait rire, la comédie permet de montrer aux hommes leurs défauts afin de mettre en échec ce qui cause du tort à la société. C'est ainsi que Bergson écrit: « le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès «. Les procédés comiques utilisés servent ainsi à dénoncer les inégalités d'une société. Les rapports maîtres/valets prennent une dimension particulière dans la comédie. Le dramaturge choisit de dénoncer une condition sociale et envisage d'inverser le rapport. Dans les Fourberies de Scapin, Molière met en scène un valet donnant des coups de bâton à son maître. Ce rire permet de critiquer les moeurs en usage à l'époque. Au XVIIIème siècle, Marivaux, dans L'Ile des esclaves, présente une utopie dans laquelle le comique provient d'une situation inversée: les maîtres deviennent valets et vice versa. Beaumarchais pousse le procédé encore plus loin en faisant du valet Figaro un personnage consistant, capable de rivaliser avec son maître, le comte Almaviva dans Le Mariage de Figaro. Il ira jusqu'à sauver l'honneur de sa fiancée Suzanne, bafouant un privilège réservé aux maîtresnet ébranlant les valeurs de toute une société. Certes, la Révolution ne se fait pas sur scène, mais le rire permet de faire passer un message. La comédie châtie ainsi les moeurs en les corrigeant, castigat ridendo mores. La comédie critique la société à travers la dénonciation de tous les travers humains: Monsieur Jourdain prétend rivaliser avec les nobles, alors qu'il igore la base de tout savoir. Molière met en scène des personnages, comme l'avare ou le misanthrope qui constituent une galerie de portraits de défauts humains et qui ne vivent pas en harmonie avec eux-mêmes. Mais même dans un genre comme le vaudeville, comédie légère mêlée de musique, qui naît au XIXème siècle et qui se voudrait pur divertissement sans prétention satiriaque, on trouve une observation critique des moeurs. C'est ainsi qu'Eugène Labiche, dans Le Voyage de Monsieur Perrichon, brosse un tableau sans complaisance du second empire caractérisé par le culte de l'argent, la bêtise et le conformisme. Souvent, les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent aussi à atténuer sa dimension tragique. C'est la fonction que prend le personnage de Sganarelle dans Dom Juan, fonction mise en évidence et grossie par la mise en scène de Daniel Mesguich.C'est souvent le cas également dans le théâtre moderne, dans lequel tragédie et comédie cohabitent. Ionesco intitule sa pièce La Leçon « drame comique «, ce qui montre bien sa volonté de mélanger les genres. Ainsi le professeur suscite le rire par son décalage avec la réalité, son caractère ridicule et l'ineptie de ses propos, mais le message de cette pièce prend une dimension tragique puisque Ionesco nous montre l'absurdité du monde et l'impossibilité pour les êtres de communiquer entre eux. Remettant en question les formes du théâtre traditionnel, La Cantatrice chauve, du même auteur, est représentative de cette tendance qui se d éveloppe dans le théâtre de l'absurde. La désorganisation comique du langage révèle l'impossibilité du dialogue véritable et la solitude de l'homme. Le non-sens représenté sur scène met ainsi en évidence le vide et l'absurdité de l'existence. Ainsi, les procédés comiques ne servent pas que le rire; ils ont d'autres fonctions, comme celle de châtier les moeurs des hommes en les corrigeant. Mais ne peut-on pas voir que les procédés comiques servent la théâtralité du théâtre et qu'ils rendent plus vivante une représentation? Le comique possède un aspect profond car les procédés comiques peuvent servir d'indication de mise en scène. Il appartient donc au metteur en scène de les accentuer plus ou moins. Le comique offre une dimension particulière qui n'apparait en effet que dans le choix de mise en scène. Ainsi, le metteur en scène peut choisir de mettre l'accent sur le comique ou non. Le comique ne suscitant pas toujours le rire, il peut devenir grinçant lorsqu'il joue sur les décalages. C'est le cas dans Un mot pour un autre de Jean Tardieu: les personnages prennent un mot pour un autre, ce qui crée l'effet comique. A Madame de Perleminouze qui lui demande comment il est entré, Monsieur de Perleminouze répond « mais par la douille «. Pourtant l'essentiel de la communication reste, et le spectateur ressent une émotion particulière. En effet, les procédés comiques permettent d'établir une véritable complicité avec le spectateur qui se sent investi dans la représentation théâtrale et le comique peut déclancher des émotions aussi nobles que le pathos tragique. Ce sont les rôles des aparte, très présents dans la comédie, qui permettent de rendre le spectateur complice de ce qui se passe sur scène. C'est ainsi que lorsque Figaro et Suzanne, dans Le Mariage de Figaro, prennent au piège le comte, en l'obligeant devant ses sujets à abolir le droit de cuissage qui compromet leur mariage, l'aparté du comte prend toute sa valeur lorsqu'il déclare: « c'est un jeu que tout ceci «. Une véritable théâtralité est exhibée et permet au spectateur de prendre des distances tout en pranant part à la pièce. Les procédés comiques servent donc de toute évidence à faire rire puisque le divertissement est le propre de la comédie, mais ils offrent également d'autres fonctions, comme la critique des moeurs ou de la société. Cependant, les procédés du comique prennent toute leur dimension dans le choix de mise en scène comme pour éprouver la véritable émotion et le véritable plaisir du spectateur. C'est à ce titre que comédie et tragédie peuvent cohabiter au sein d'une même pièce de théâtre. Rappel du plan: I/ La comédie fait rire 1- définition du comique 2- les différents procédés comiques 3- les différentes formes de comédie II/ Les autres fonctions du comique 1- la critique des moeurs 2- la critique de la société 3- le comique, masque du tragique III/ la théâtralité du comique 1- l'aspect profond du comique 2- l'émotion suscitée par le comique

 

« conformisme.Souvent, les procédés comiques d'une pièce de théâtre servent aussi à atténuer sa dimension tragique.

C'est la fonction que prendle personnage de Sganarelle dans Dom Juan, fonction mise en évidence et grossie par la mise en scène de Daniel Mesguich.C'estsouvent le cas également dans le théâtre moderne, dans lequel tragédie et comédie cohabitent.

Ionesco intitule sa pièce La Leçon« drame comique », ce qui montre bien sa volonté de mélanger les genres.

Ainsi le professeur suscite le rire par son décalageavec la réalité, son caractère ridicule et l'ineptie de ses propos, mais le message de cette pièce prend une dimension tragiquepuisque Ionesco nous montre l'absurdité du monde et l'impossibilité pour les êtres de communiquer entre eux.

Remettant enquestion les formes du théâtre traditionnel, La Cantatrice chauve, du même auteur, est représentative de cette tendance qui sed éveloppe dans le théâtre de l'absurde.

La désorganisation comique du langage révèle l'impossibilité du dialogue véritable et lasolitude de l'homme.

Le non-sens représenté sur scène met ainsi en évidence le vide et l'absurdité de l'existence. Ainsi, les procédés comiques ne servent pas que le rire; ils ont d'autres fonctions, comme celle de châtier les moeurs des hommesen les corrigeant.

Mais ne peut-on pas voir que les procédés comiques servent la théâtralité du théâtre et qu'ils rendent plusvivante une représentation? Le comique possède un aspect profond car les procédés comiques peuvent servir d'indication de mise en scène.

Il appartientdonc au metteur en scène de les accentuer plus ou moins.

Le comique offre une dimension particulière qui n'apparait en effet quedans le choix de mise en scène.

Ainsi, le metteur en scène peut choisir de mettre l'accent sur le comique ou non.

Le comique nesuscitant pas toujours le rire, il peut devenir grinçant lorsqu'il joue sur les décalages.

C'est le cas dans Un mot pour un autre deJean Tardieu: les personnages prennent un mot pour un autre, ce qui crée l'effet comique.

A Madame de Perleminouze qui luidemande comment il est entré, Monsieur de Perleminouze répond « mais par la douille ».

Pourtant l'essentiel de la communicationreste, et le spectateur ressent une émotion particulière.En effet, les procédés comiques permettent d'établir une véritable complicité avec le spectateur qui se sent investi dans lareprésentation théâtrale et le comique peut déclancher des émotions aussi nobles que le pathos tragique.

Ce sont les rôles desaparte, très présents dans la comédie, qui permettent de rendre le spectateur complice de ce qui se passe sur scène.

C'est ainsique lorsque Figaro et Suzanne, dans Le Mariage de Figaro, prennent au piège le comte, en l'obligeant devant ses sujets à abolirle droit de cuissage qui compromet leur mariage, l'aparté du comte prend toute sa valeur lorsqu'il déclare: « c'est un jeu que toutceci ».

Une véritable théâtralité est exhibée et permet au spectateur de prendre des distances tout en pranant part à la pièce. Les procédés comiques servent donc de toute évidence à faire rire puisque le divertissement est le propre de la comédie, mais ilsoffrent également d'autres fonctions, comme la critique des moeurs ou de la société.

Cependant, les procédés du comiqueprennent toute leur dimension dans le choix de mise en scène comme pour éprouver la véritable émotion et le véritable plaisir duspectateur.

C'est à ce titre que comédie et tragédie peuvent cohabiter au sein d'une même pièce de théâtre. Rappel du plan:I/ La comédie fait rire1- définition du comique2- les différents procédés comiques3- les différentes formes de comédieII/ Les autres fonctions du comique1- la critique des moeurs2- la critique de la société3- le comique, masque du tragiqueIII/ la théâtralité du comique1- l'aspect profond du comique2- l'émotion suscitée par le comique. »

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