Suarès, André.
Publié le 14/05/2013
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Suarès, André.. 1 PRÉSENTATION Suarès, André (1868-1948), dramaturge, poète et essayiste français dont le style se caractérise par une dimension méditative et par le recours à l'aphorisme. 2 « ATHÈNES, QUEL NOM, QUEL APPEL ! « Né à Marseille dans une riche famille, d'un père d'origine juive italienne et d'une mère catholique d'ascendance bretonne, André Suarès commence ses études dans sa ville avant de les poursuivre à Paris, d'abord au collège Sainte-Barbe puis au Lycée Louis-le-Grand. Il découvre alors les grands écrivains grecs qui le fascinent : Aristophane, Aristote, Eschyle, Euripide, Platon, ainsi que les grands mythes qui lui inspirent des aphorismes. Toute sa vie, il a honoré cet amour pour la Grèce antique -- qu'il n'a pourtant jamais vue -- : « Athènes, quel nom, quel appel ! Une mère presque divine [...] si Hermès me mène cette nuit à Athènes, je consens à n'aller pas plus loin. « À 18 ans il obtient le prix d'honneur au Concours général pour un Éloge d'Homère par Ronsard. Dès cette époque, André Suarès traverse une crise mystique, qu'il relate plus tard dans Images de la grandeur (1901) et qui est la source de son pessimisme contemplatif. Il entre à l'École normale supérieure en 1886 où il côtoie Romain Rolland qui dit de lui : « Il est jeune, Marseillais, artiste dans l'âme : il apporte à tout ce qu'il dit et fait une fougue, une violence incroyable. « Refusé à l'agrégation, il renonce à la carrière d'enseignant, et rentre à Marseille retrouver son père. 3 LA QUÊTE ITALIENNE Fasciné par l'esprit de la Renaissance, André Suarès effectue cinq voyages en Italie à partir de 1895, trois ans après la mort de son père. Ces voyages nourrissent sa soif tant culturelle et initiatique que spirituelle. Le jeune homme est influencé par son « second papa «, un cousin nommé Édouard Petit, auteur d'une biographie sur Andrea Doria, un célèbre condottiere. De ces voyages, André Suarès rapporte notamment l'un de ses plus beaux ouvrages, le Voyage du Condottiere (1932), à la fois récit de voyage et quête idéaliste d'identité. C'est à travers ces 700 pages que l'écrivain, se confondant parfois avec le héros, se fait le condottiere de l'art, en quête d'absolu à travers les oeuvres de Fra Angelico, Léonard de Vinci, Sandro Botticelli, Michel-Ange ou Raphaël. En 1928, il effectue son dernier voyage italien, qui le décevra notamment à cause du contexte politique et de l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini, qu'il appelle le « Napoléon primaire «. 4 « JE PARS POUR ME TROUVER MOI-MÊME « Après la mort de ses parents, la faillite de sa famille, son peu de succès littéraire, André Suarès se retire de la société et vit en ermite au Roucas-Blanc, près de Marseille. C'est son frère Jean, officier de marine voguant sur l'océan Pacifique qui le décide, à travers ses lettres, à rompre sa solitude. André Suarès s'inspire de cette correspondance pour publier dans la Revue de Paris des chroniques maritimes sous le pseudonyme de Lieutenant X. Lorsque son frère (« que j'aimais le plus au monde «) meurt accidentellement en 1902, André Suarès ne peut que renier Marseille, car « tout y parle de départ, tout s'y précipite «. Cette perte lui inspire une plainte déchirante, Sur la mort de mon frère (1904) 5 DE LA LUMIÈRE À L'OMBRE À partir de 1912, André Suarès collabore régulièrement à la Nouvelle Revue française, et trouve un peu de confort matériel grâce au soutien de deux mécènes successifs, Jacques Doucet et Gabriel Cognacq. En 1940, il est contraint de quitter Paris en tant qu'opposant au régime nazi, et se réfugie à Marseille, qu'il n'a pas vue depuis 1913, retrouvant la « splendeur « de sa ville natale. En 1935, il reçoit le grand prix de l'Académie française et le Grand Prix de la Société des gens de lettres. Il meurt en 1948 près de Paris, après avoir reçu le grand prix de littérature de la Ville de Paris, et est enterré aux Baux-de-Provence, où « rien ne peut troubler le silence et la paix sereine «. 5.1 Une oeuvre féconde André Suarès publie sa première oeuvre en 1893, les Pèlerins d'Emmaüs, une pièce de théâtre, puis, sous le pseudonyme André de Séispe, paraissent les Lettres d'un solitaire sur les maux du Temps. L'oeuvre de Suarès comprend plus de cent ouvrages et des milliers de lignes inédites, dont le style méditatif et dense, malgré la qualité de sa réflexion, n'a pas su trouver de public. Écrivain prolixe, son oeuvre hétéroclite aborde des domaines aussi variés que la critique littéraire, artistique (il admirait notamment son ami Georges Rouault) et musicale, la réflexion morale, l'histoire, le théâtre, le roman et la poésie. Cet homme passionné manifeste notamment son admiration pour de grands génies de la musique ou de la littérature dans une série de portraits héroïques : Wagner (1899), Trois Hommes : Pascal, Ibsen, Dostoïevski (1913), Poète tragique (1921), Goethe le grand Européen (1932), Trois Grands Vivants, Cervantès, Tolstoï, Baudelaire (1937). Ses autres essais (Voici l'homme, 1906 ; Variables, 1929 ; Valeurs, 1936) sont parsemés d'aphorismes au style solennel. Auteur dramatique, André Suarès a écrit deux pièces d'importance, inspirées de drames antiques : la Tragédie d'Électre et Oreste (1905) et Cressida (1913). Également poète lyrique, il a composé, entre autres, les recueils Airs (1900), Rêves de l'ombre (1937) et Antiennes du Paraclet (1946). Il a par ailleurs laissé une correspondance avec Paul Claudel (1951), ainsi qu'avec Romain Rolland (1954). Admiré des plus grands, notamment de ses pairs André Gide, Paul Valéry et Paul Claudel, mais aussi Henri Bergson, Alain-Fournier ou Stefan Zweig, celui qui n'aime pas la mode et refuse de se rendre aux « sommations de la facilité « est resté dans l'ombre de ses contemporains malgré quatre grands prix littéraires, malgré son talent, son érudition et malgré ses réquisitoires contre le nazisme. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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