Steinbeck, les Raisins de la colère (extrait).
Publié le 07/05/2013
Extrait du document
«
— Ben ! c’est rudement gentil à vous.
Et je vous remercie bien pour ce qui est du déjeuner.
— Tout le plaisir était pour nous, dit le vieux.
On tâchera de vous faire embaucher, si vous voulez.
— Et comment que j’veux, bon Dieu ! dit Tom.
Attendez-moi juste une seconde.
Que j’prévienne la famille.
Il courut à la tente des Joad et se pencha pour regarder à l’intérieur.
Dans l’obscurité, sous la bâche, il vit par terre les contours noirs des dormeurs.
Mais quelque chose remua légèrement parmi les couvertures.
Ruthie sortit en se tortillant
comme un serpent, les cheveux dans les yeux, sa robe toute chiffonnée.
Elle s’avança prudemment à quatre pattes et se redressa.
Son regard était clair et reposé après la nuit de sommeil et nulle malice ne se lisait dans ses yeux gris.
Tom
s’écarta de la tente et lui fit signe de le suivre.
Lorsqu’il se retourna, elle leva les yeux vers lui.
— Dieu de Dieu, c’que tu pousses, dit-il.
Elle se détourna, subitement gênée.
— Écoute-moi, dit Tom.
Surtout ne réveille personne, mais quand ils se lèveront, dis-leur que j’ai p’têt’ une chance de trouver du travail et que j’ai été voir.
Dis à Man que j’ai mangé avec des voisins.
T’as bien compris ?
Ruthie fit un signe d’assentiment et se détourna, et ses yeux étaient des yeux de petite fille.
— Surtout, ne les réveille pas, recommanda Tom.
Il se hâta d’aller retrouver ses nouveaux amis.
À pas de loup, Ruthie s’approcha du pavillon sanitaire et passa la tête par la porte entrouverte.
Quand Tom les rejoignit, les deux hommes l’attendaient.
La jeune femme avait tiré un matelas dehors et y avait couché le bébé tandis qu’elle faisait la vaisselle.
Tom dit :
— J’voulais dire à la famille où que j’étais parti.
Ils n’étaient pas réveillés.
Les trois hommes s’acheminèrent le long de l’allée centrale, entre les rangées de tentes.
Le camp commençait à s’animer.
Les femmes allumaient les feux, découpaient de la viande, pétrissaient la pâte pour le pain de la journée.
Et les hommes s’affairaient autour des tentes et des automobiles.
Le ciel devenait rose.
Devant le
bureau, un vieillard maigre ratissait soigneusement le sol ; Il tirait un râteau de façon à faire des sillons droits et profonds.
[…]
Source : Steinbeck (John), les Raisins de la colère, trad.
par Marcel Duhamel et M.-F.
Coindreau, Paris, Gallimard, coll.
« Folio », 1972.
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