Sonnet pour Hélène n°49 de Ronsard « Le soir qu'Amour vous fist en la salle descendre » Analyse globale et linéaire
Publié le 07/04/2011
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Sonnet pour Hélène n°49 de Ronsard
« Le soir qu'Amour vous fist en la salle descendre »
Analyse linéaire
Dans ce poème, Ronsard, poète humaniste du XVIe siècle nous adresse les louanges à la beauté féminine idéalisée à travers Hélène de Surgères, l'une des ses trois inspiratrices (la troisième après Marie et Cassandre ) au seuil de sa vieillesse. L'amour que Ronsard lui déclare est un amour pur, chaste et pudique, qui idéalise la Femme, ses charmes et sa beauté.
On peut également distinguer trois parties dans ce sonnet : tout d'abord dans le premier quatrain l'apparition d'Hélène, ensuite, le deuxième quatrain et le premier tercet décrivent une danse de façon précise, et enfin, le dernier tercet peint à nouveau Hélène, beauté parfaite célébrée et idéalisée par Ronsard.
La femme aimée est perçue chez Ronsard, comme le symbole de la Femme Éternelle, la déesse de l'Amour : elle devient en quelque sorte un « mythe ».
Premier quatrain :
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Situation d'énonciation d'emblée ancrée : le poète s'adresse à Hélène et ceci avec courtoisie/respect : « vous » , « voz yeux ». Les yeux sont importants, puisqu'il existe un lien entre les rayons des yeux et la lumière (ici symbolisée par « esclairs » et « artifice ».
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Un cadre spatial également bien défini : « en la salle descendre » « par la place respandre », de plus, le terme « ballet » => la danse comme un art de cour, s'adressant à des privilégiés
De plus, on passe d'un lieu fermé « en la salle » à un lieu ouvert « par la salle », ce qui ouvre le sonnet sur des perspectives lointaines, infinies. L'espace semble s'agrandir.
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Amour, dieu qui est le plus souvent représenté comme un enfant, ou un adolescent ailé. D'où peut être dans ce poème le symbolisme de l'éternelle jeunesse de l'amour. L'amour est ainsi un dieu (Eros chez les Grecs)qui, comme tous les dieux, nous assure l'immortalité.
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« éclairs » symbolise la lumière éblouissante de Zeus ( référence à la mythologie antique), l'étincelle de la vie ou encore de l'illumination soudaine, d'où un rapprochement avec les termes « artifice », « jour » qui appartiendraient au champ lexical de la lumière, voire ,si l'on se réfère à la mythologie, au feu -l'éclair de Zeus étant forgé par les Cyclopes dans le feu ( une association avec le deuxième quatrain, dualité eau-éclair ?)
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Ceci s'oppose clairement avec le sombre « nuict »
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Enfin, les yeux « ramenèrent le jour » c'est-à-dire qu'ils sont devenus le centre des regards (ils jettent des éclairs v4). L'intensif « tant » accentue cette comparaison
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Il pourrait aussi s'agir du feu de l'amour, c'est-à-dire de la flamme amoureuse (?), comme le laisse supposer le terme « éclair » => coup de foudre
Deuxième quatrain et premier tercet
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Mise en avant du ballet à travers les comparaisons de la danse à des éléments de la nature. On passe du récit au passé simple (premier quatrain : « fist », »fust » ) à une description à l'imparfait «souloit » « estoit »
+ adjectif « divin » qui souligne la grandiosité du ballet
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La danse devient le « cours du fleuve de Meandre », suivant les détours sinueux et tortueux décrits par ce fleuve grec Maiandro qui est d'ailleurs divinisé par les Grecs.
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Le rythme ternaire confère à la strophe un caractère de danse, notamment de la valse : « Se/rom/pre, se/re/faire …. // Se/me/sier, s'es/car/ter, se/tour/ner à/l'en/tour »
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le fleuve = eau, ainsi on suit le ruissellement de l'eau
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présence de nombreux infinitifs, (v5-7 : «se rompre, se refaire » « se mesler, s'escarter, se tourner ») et de participes « contre-imitant », qui rendent compte des mouvements de la danse, qui occupent l'espace de façon différente.
Les vers 6 et 7 sont sans doute des indications chorégraphiques de pas de danse exécutés : « tour dessus retour » indique certainement des « pas de bourrée enveloppés ou en tournant » qui consistent à tourner sur place, et à revenir à la position de départ. Cette description est probablement une étude chorégraphique de danse géométrique comme semblent l'indiquer : « Ores il estoit rond, ores long, or estroit, or en poincte, en triangle» (champ lexical de la géométrie). Hélène exécute des figures géométriques, inspirées sans doute par le mouvement des astres. Cette précision fait probablement référence aux spectacles grandioses, alliant chant, musique, danse et poésie, à l'initiative de Catherine de Médicis. C'est à cette époque ( fin du XVIe siècle) que naît la première acception moderne du « ballet de cour ».
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Ajoutons à cela, un jeu de sonorité présent tout au long du sonnet, qui renforce cette impression mélodieuse de danse : allitérations ( en [r] au vers 6, [s] aux vers 6-7), assonances, par exemple en [on] au vers 9, nombreuses pauses ( deuxième quatrain), les enjambements aux vers 10-11, ainsi que des changements de sonorités ( sonorité en[on] qui s'oppose à celle en [oi]), répétition du son [or] dans le premier tercet
=> lien entre la poésie (nombreux procédés de prosodie) et la musique (danse), qui existe depuis l'Antiquité ( exemple du mot grec pour la lyre, à la fois instrument de musique et poème lyrique )
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A nouveau, l'expression « L'escadron de la Grue » est une référence à une figure de danse, un euphémisme pour décrire l'envol des suivantes de Catherine de Médicis lors d'un ballet (le terme « escadron » signifiant un cortège ou une unité militaire). Ronsard place de cette façon le sonnet dans un cadre qui rappelle celui de la cour. La Grue, oiseau migrateur, symbole de chasteté, est l'incarnation de l'immortalité. Il pourrait également s'agir de la danse des Grues (référence à Thésée sortie du labyrinthe qui enleva Hélène de Troie, d'où une association entre le fleuve de Meandre, sinueux, et un rapprochement avec Zeus par ailleurs).
« L'escadron de la Grue » s'envolerait pour « [éviter] la froidure », ce qui correspond à la migration des oiseaux , et annonce en fait un voyage céleste.
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La danse est donc devenue un animal, la Grüe, qui amorce la dématérialisation et l'intemporalité de la scène.
Hélène de Surgères, devenant divine, est maintenant mythique, d'autant plus que, par son prénom on peut la rapprocher d'Hélène, fille de Zeus, et enjeu de la Guerre de Troie (l'Asie mineure, un territoire traversé par le Méandre )
Deuxième tercet
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Changement radical : Le poète apparaît explicitement : « je faux [... ]»
auquel s'ajoute une familiarité nouvelle avec Hélène : du « vous » (premier quatrain) au « tu »
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On redécouvre le corps d'Hélène à travers « ton pied » « ton corps » , qui s'opposent à « voz yeux » du premier quatrain.
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Métamorphose [« Transformé »] d'Hélène en « divine nature »
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Hélène semble osciller entre le ciel et la terre (« voletoit sur le haut de la terre »), ce qui rappelle le mouvement d'envol de « l'escadron de la Grue » v11
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« Ce soir » caractère éphémère d'une action, qui s'oppose à « Le soir » v1
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Forte présence de la nature : champ lexical « fleuve », « Grue », « terre », « nature ».
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On pourrait retrouver dans ce sonnet, les quatre éléments fondamentaux de la tradition grecque : l'eau (le fleuve Meandre), l'air (la danse, un art entre Terre et Ciel, comme le rappelle le verbe « voletoit » + « l'escadron de la Grue »), le feu ( l' « artifice », le « jour », les « esclairs » de Zeus du premier quatrain, qui appartiennent au champ lexical de la lumière, elle-même, symbole du feu), la terre (« sur le haut de la terre », « nature »).
Plan de commentaire composé
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La femme idéalisée : entre beauté parfaite et mythe
A) L'inspiration antique
B) La danse : un art courtois célébrant un être divin
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Un amour poétique à plusieurs facettes
A)Un poète amoureux, saisi d'une « fureur divine »
B)La poésie, outil de déclaration d'amour lyrique
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Le lyrisme chez Ronsard
A) Forte présence de la nature
B)L'influence de Pétrarque et de son style poétique
C) Vers un lyrisme hors lieu, hors temps
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