sociologie de la bourgeoisie
Publié le 11/03/2011
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Chapitre 1 Qu’est ce que la richesse ?
Les représentations du sens commun
D’après les enquêtes et les sondages, la richesse est, pour le sens commun, fondée uniquement l’argent, elle se définit économiquement, c’est-à-dire par la capacité à acquérir des biens de valeur. Cette conception réduit donc la richesse à sa dimension matérielle.
Des richesses autres que monétaires
Pourtant la richesse n’est pas réduit à cette seule dimension; en effet celle-ci n’acquiert son véritable sens social et son appartenance à la bourgeoisie qu’à partir du moment où elle possède les autres dimensions essentielles de la richesse que sont le capital social et culturel, moins facilement perceptibles pour le sens commun qui les ignore, ne prenant donc pas en compte son caractère familiale et collectif indispensable à la constitution de cette bourgeoisie. Celle-ci s’appuyant sur la conscience à la communauté des intérêts.
Méconnaissance des niveaux de fortune
Malgré les efforts actuels pour informer le public de l’ampleur de la richesse réelle, par le biais de la publicité par exemple, celle-ci reste encore méconnue. A preuve de cette méconnaissance, les sondages auprès des français montrant qu’ils estiment le seuil de richesse bien en deçà du seuil réel (482 000 euros selon la moitié des français interrogés). De plus, d’autres sondages montrent que la population prône encore la valeur travail et la méritocratie au sein d’une idéologie libérale qui se rapproche de l’analyse marxiste. Or la bourgeoisie, pour défendre ses intérêts s’inscrit dans un collectivisme pratique. Étant donc la seule classe mobilisée elle est aujourd’hui la seule existante et contribue à creuser les inégalités.
La richesse est multidimensionnelle
La richesse économique : la richesse matérielle
En 2006, le plancher de l’ISF (impôt de solidarité de fortune) était de 750 000 euros et de 1997 à 2005 le nombre d’assujettis est passé de 180 000 à 350 000. Cependant cet outil présente des limites : il ne prend en compte ni le patrimoine professionnel ni les objets et œuvres d’art et ignore 20% de la résidence principale. La richesse réelle st donc bien plus importante. La concentration des richesses, l’une de ses caractéristiques rend compte, par le rapport inter-décile des 10% les plus riches et les 10% les moins riches, plus précisément de son ampleur et des inégalités. En outre ce rapport montre que les inégalités de revenus (un rapport de 1 à 4) entre ces déciles sont plus faibles que celles du patrimoine (un rapport de 1 à 80).
La richesse sociale
La richesse économique n’est donc pas suffisante, afin d’être véritablement intégré et accepté au sein de la bourgeoisie, la richesse sociale qui regroupe la capital social-réseau utile de relations- et culturel, apparait donc indispensable. Cette richesse implique un travail de sociabilité sur un mode collectif, où les femmes et les cercles crées en France au XIXème y jouent un rôle crucial ; d’autant que ces réseaux permettent de décupler la pouvoir de la bourgeoisie. Ces cercles offrent à ses membres, choisis par la cooptation sociale, des environnements favorables à l’entre-soi et utiles. Enfin ces cercles sont internationaux, en effet une caractéristique de la bourgeoisie est d’être internationale.
La richesse culturelle
Aux deux richesses précédentes s’ajoute celle culturelle, qui parce qu’elle est enseignée au sein de la famille par un rapport affectif et éducatif et présente dans l’environnement familiale, dans les résidences et châteaux pouvant devenir des musées par leur richesse culturelle comme il en existe de nombreux aujourd’hui, se détache du système scolaire. La bourgeoisie, si elle ne possède pas forcément au départ cette richesse culturelle, y est immergée toute sa vie et est en contact direct avec l’art, la culture.
La compétition scolaire
Toutefois, l’école reste un domaine d’excellence de la bourgeoisie et ce surtout depuis la mondialisation des échanges et des enjeux. Les écoles de la bourgeoisie se doivent d’être compétitive, elles élèvent ainsi leur niveau au rang des concours tout en offrant des solutions de repli pour les futurs héritiers. L’allongement des études devient une stratégie d’insertion dans la haute société.
Le capital symbolique, expression des autres formes de richesse
En réalité ces trois dimensions, capital économique, social et culturel forment un système. Dans la bourgeoisie, la réalité sociale de la richesse provient d’une combinaison des ces dimensions qui permet le travail de la magie sociale, celle qui transforme les privilèges de départ en qualités innées de l’individu participant à sa valorisation symbolique. Ainsi les patronymes des grandes familles renvoient à cette dimension, qu’il est indispensable de conserver, en écartant les individus en marges s’ils menacent le nom de la famille. Ce capital symbolique intervient dans la définition sociologique de la richesse qui se mesure donc au rapport de forces symboliques justifiant la richesse. Ce capital n’a pas de prix et semble réservé à la seule bourgeoisie.
Institution et consécration
Afin d’assurer la transmission du patrimoine, la bourgeoisie a besoin de rites d’institution afin que la personne soit cooptée dans la haute société et ainsi considérée comme membre à part entière de cette classe possédant une combinaison de qualités faisant de lui une personne d’excellence. Divers moyens sont mis en place par cette bourgeoisie, pour aider à la cooptation, tels que les cercles dans un processus d’adoubement et d’élections ou encore les rallyes pour adolescents. Dans ces deux cas on assiste à un processus de séparation et d’agrégation. Les cercles est donc une forme de classe symbolique grâce à quoi l’individu est désigné comme appartenant à la communauté. La bourgeoisie travaille donc continuellement à sa construction qui s’inscrire dans un processus d’agrégation et ségrégation pour les dissemblables. Les cercles forment des réseaux réunissant les rites, religions, activités. La bourgeoisie apparait donc comme un réseau de réseaux.
Définir un seuil de richesse
Alors que la définition statistique et chiffrée des pauvres est facilitée par le fait que la pauvreté économique va de pair avec la pauvreté social ou culturelle, un seuil est facilement déterminable. Or le seuil de richesse est plus difficile à trouver en raison de sa complexité et sa multi-dimensionnalité. Cependant des estimations ont été proposées, comme le revenu médian par unité de consommation, et un seuil arbitraire de 10% des plus riches à été fixé. Mais cet indicateur n’est pas fiable, en raison de la dispersion et la composition des richesses ; d’autant que l’ISF ne prend pas toutes les richesses en compte. Ainsi les auteurs ont tenté de définir un seuil de richesse réunissant ces deux dimensions en associant les revenus et le patrimoine. Ils montrent que chacun alimente l’autre. Ils fixent donc un seuil de richesse à partir du moment où le niveau de revenu du patrimoine serait égal au niveau médian des revenus par unité de consommation. Cette définition lie bien la richesse au patrimoine. Mais la richesse matérielle ne signifie pas forcement l’appartenance à la bourgeoisie, ainsi c’est la relative indépendance de l’appartenance à la bourgeoisie par rapport à l’argent qui crée la force symbolique de cette classe. Pour évaluer réellement la richesse il faudrait pouvoir mesurer le capital symbolique, social, et culturel, or ces derniers ne ont chiffrables. C’est pourquoi un questionnaire à été mis au point.
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