Si l'expérimentation a une fonction dans les sciences de la nature, qu'est-ce qui en tient lieu dans les sciences de l'homme ?

• Se demander quelle(s) fonction(s) peut bien avoir l'expérimentation dans les sciences de la nature. — Ne pourrait-on, schématiquement, définir l'expérimentation comme une observation provoquée dans des conditions particulières dans le dessein : — soit de « faire naître » une hypothèse (expérience « pour voir »), — soit de « contrôler » une hypothèse émise antérieurement ? — Qu'est-ce qui peut sembler importer dans l'expérimentation ? Ne pourrait-on dire que ce qui importe avant tout dans l'expérimentation, c'est l'analyse des variables qui peuvent être à l'oeuvre dans tel ou tel phénomène et que l'expérimentation consiste avant tout à dissocier ces variables en faisant varier, de façon provoquée, les conditions d'apparition de tel ou tel phénomène? • Remarquer qu'ainsi (si « l'expérimentation » a effectivement cette fonction dans les sciences de la nature), ce qui compterait dans l'expérimentation ce ne serait pas tant le fait que le savant provoque lui-même le phénomène étudié, que le procédé par lequel il le décompose, l'analyse, en éléments nettement définis. • La méthode dite comparative ne serait-elle pas alors ce qui « tient lieu » d'expérimentation « dans les sciences de l'homme »? Elle en tiendrait lieu dans la mesure où (au contraire de ce qui se passe dans l'expérimentation) I' « expérience » ne serait pas provoquée par le scientifique. Elle en tiendrait lieu parce qu'en fin de compte, ce qui importerait dans l'expérimentation ce serait le fait qu'on puisse dissocier, analyser les variables que l'on pense être à l'oeuvre afin de les connaître, de mesurer leur importance respective et leurs relations.