Shakespeare, William.
Publié le 14/05/2013
Extrait du document


«
Parmi les comédies de cette période, où domine le badinage amoureux, la plus célèbre reste le Songe d'une nuit d'été (v.
1595).
La fantaisie gracieuse qui caractérise cette pièce repose sur le principe de l'imbrication de plusieurs intrigues, mettant en
scène des couples d'amoureux beaux, spirituels, valeureux et nobles, mais aussi des petites gens et des personnages de la gent féerique, parmi lesquels Puck, Oberon et Titania.
Dans la tragi-comédie le Marchand de Venise (v.
1596), qui par son
climat sombre prépare les tragédies à venir, la peinture, courante dans le théâtre de la Renaissance, de l'amitié masculine et de l'amour romanesque a pourtant moins retenu l'attention de la postérité que la complexité ambiguë du personnage de
l'usurier juif Shylock.
Le personnage de la jeune femme vive, spirituelle et raisonnable, incarné par Portia, se retrouve fréquemment dans d'autres comédies, par exemple dans la Nuit des rois, avec le personnage de la jeune Viola.
De cette période datent également Beaucoup de bruit pour rien (v.
1599) et les deux comédies romanesques les plus élaborées de Shakespeare, Comme il vous plaira (v.
1599) et la Nuit des rois (v.
1600), qui se distinguent par un piquant mélange
d'ironie et de lyrisme, par la peinture de l'ambiguïté des sentiments et par un jeu subtil sur la distance qui sépare apparence et réalité.
Le contraste entre les manières en usage à la cour élisabéthaine et celles de la province anglaise est l'un des
ressorts mis en œuvre dans Comme il vous plaira. Dans la Nuit des rois, les incertitudes romanesques de l'amour sont encore compliquées par les jeux de travestissement, où nul n'est ce qu'il paraît être, si bien que la princesse Olivia tombe
amoureuse de Viola déguisée en homme.
À la même époque, le personnage comique de Falstaff resurgit dans une farce, les Joyeuses Commères de Windsor (v.
1599).
Deux importantes tragédies appartiennent également à cette période.
Roméo et Juliette (v.
1595) met en scène l'amour contrarié et la mort tragique de deux jeunes amants dans Vérone livrée à la haine meurtrière et vengeresse de leurs familles
rivales, les Capulet et les Montaigu.
L'éblouissante rhétorique amoureuse, hyperbolique et précieuse, faite de traits d'esprit, de métaphores filées, demeure inégalée, même si plus tard, dans Antoine et Cléopâtre, l'amour sera peint avec non moins de
force.
Jules César (v.
1599), en revanche, est une tragédie politique, qui traite des thèmes, centraux dans le drame élisabéthain, du pouvoir et de la trahison.
3. 3 Pièces de 1600-1608
La troisième période de la création shakespearienne correspond aux grandes tragédies et aux comédies sombres.
Après les drames historiques, qui peignaient certes des faits sanglants mais proposaient enfin aux hommes une solution politique à leurs
problèmes, les tragédies marquent une aggravation du pessimisme shakespearien.
Le malheur y devient inhérent à la condition humaine et le héros, livré à ses erreurs ou à ses peurs, ne semble pouvoir trouver de repos ni en ce monde ni dans
l'autre.
Dans Hamlet (v.
1601), la plus connue sans doute de ses tragédies noires, le thème de la vengeance exigée par l'honneur se double de l'ampleur d'un questionnement métaphysique.
Othello (v.
1604), sombre tragédie de la jalousie et de la trahison,
a immortalisé le personnage du Maure jaloux, Othello, de la reine innocente, Desdémone, et du confident perfide, Iago.
Macbeth (v.
1606), également tragédie de la trahison, relate la déchéance de Macbeth qui, de guerrier brave et fidèle, se laisse
mener au régicide par de mauvais conseils.
La pièce est dominée par la figure fatale de lady Macbeth, qui est à la fois l'inspiratrice du meurtre du roi et l'instigatrice de la tragédie comme de ses propres remords.
Le Roi Lear (v.
1606) est encore une
tragédie de la royauté trahie.
Le vieux roi Lear, qui s'est lui-même dépossédé de son royaume et de son pouvoir au profit de ses filles aînées et de leurs époux, est abandonné et trahi par elles ; il sombre peu à peu dans une folie qui est le miroir
tragique du sort de son royaume tombé aux mains de traîtres et de meurtriers, comme il advient à celui du Danemark dans Hamlet. Même l'amour de la dernière de ses filles, Cordelia, ne peut sauver le roi Lear.
Les autres tragédies de cette période, de moindre importance que celles dont il vient d'être question, sont inspirées de l'histoire antique : Troïlus et Cressida, (v.
1602), Timon d'Athènes (1605-1606), Antoine et Cléopâtre (v.
1606), Coriolan (v.
1608)
traitent des bouleversements qui procèdent de l'usurpation du pouvoir légitime, mais sans atteindre à la grandeur tragique de Lear ou de Macbeth.
Les deux « comédies » de cette période, Tout est bien qui finit bien (v.
1602) et Mesure pour mesure (v.
1604), sont teintées de pessimisme et d'inquiétude, à tel point que, malgré un heureux dénouement, elles n'entrent pas parfaitement dans la
catégorie de la comédie et sont plus couramment appelées « pièces à problèmes ».
Elles annoncent ainsi les tragi-comédies de la dernière période.
3. 4 Dernières œuvres
Les tragi-comédies romanesques les plus marquantes datent de la fin de la vie de Shakespeare.
Ces œuvres, Périclès (v.
1608), Cymbeline (v.
1610) et le Conte d'hiver (v.
1610), qui marquent un apaisement après les tourments des grandes
tragédies, diffèrent cependant des premières comédies par leur tonalité grave, et n'ont de la comédie que le dénouement, placé sous le signe de l'espoir et de la réconciliation.
Dans la dernière œuvre, la Tempête (v.
1611), où un duc exilé, possédant
sagesse et puissance, confond celui qui l'a spolié de son duché en usant de pouvoirs magiques, la force poétique du verbe shakespearien atteint son apogée.
4 POSTÉRITÉ DE L'ŒUVRE
Génie reconnu en son temps, admiré par son contemporain Ben Jonson et accueilli à la cour pour y jouer ses pièces, Shakespeare connut par la suite fort peu de revers de gloire.
Une partie seulement de ses pièces fut publiée de son vivant : jointe à
l'absence de documents biographiques, cette particularité a fait attribuer cette œuvre variée, foisonnante et magnifique, à divers dramaturges contemporains, de Kyd à Marlowe, ainsi qu'à Francis Bacon, voire au comte de Southampton, le protecteur
de Shakespeare.
En vérité, il est établi aujourd'hui que Shakespeare est bien l'auteur de ses pièces, même si certaines portent la marque d'une collaboration avec un autre dramaturge ( Timon d'Athènes, écrite avec Thomas Middleton ; Périclès, écrite
avec John Day ou Thomas Heywood ; Henri VIII, partiellement attribuée à John Fletcher, les Deux Nobles Cousins, partiellement écrite par Fletcher).
En Angleterre, son influence sur la dramaturgie des siècles suivants fut bien sûr considérable, mais elle ne fut reconnue dans toute son ampleur que vers la fin du XVIII e siècle.
En France, le théâtre classique y vit une œuvre étrange, contraire aux
préceptes aristotéliciens et aux bienséances, inclassable et néanmoins admirable.
Il faudra attendre le romantisme pour que soit admiré dans cette œuvre ce qui avait déplu jusqu'alors : le lyrisme, l'expression paroxystique des passions, et surtout le
mélange des genres et des registres, comédie et tragédie, rhétorique précieuse et jargon populaire, grands seigneurs et gens du peuple, grandeur d'âme et mesquinerie ordinaire, etc.
Loué d'abord par Stendhal dans son Racine et Shakespeare
(1823), Shakespeare fut également le modèle de Victor Hugo lorsque, dans sa préface de Cromwell (1827), il posa les bases théoriques de la révolution littéraire qui devait donner naissance au drame romantique.
On retrouve également dans le
théâtre de Musset, notamment dans Lorenzaccio (1834), une nette influence shakespearienne.
Depuis l'époque romantique, Shakespeare ne s'est plus vu contester sa dimension définitive, celle d'un des plus grands auteurs de la littérature universelle.
Voir Drame et art dramatique ; Poésie ; Théâtre (spectacle) ; Versification.
Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.
Tous droits réservés..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Beaucoup de bruit : une comédie de William Shakespeare
- litterature.pdf : The play Macbeth was written by William shakespeare
- CONTE D’HIVER (résumé & analyse) de William Shakespeare
- BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN (résumé & analyse) de William Shakespeare
- William Shakespeare: Roméo et Juliette