selon vous, le détour par l'Autre est-il un bon moyen pour dénoncer les travers de sa propre société ?

--- L’Autre peut-être mis en scène dans un apologue   où il rencontre des Européens, des hommes qui seront l’objet de la critique. Sa parole, ses actions, mettent en évidence les défauts de la société (son regard de naïf pointe les incohérences de la société) : c’est le cas de plusieurs contes de Voltaire : Micromégas (l’Autre est un extra-terrestre) et L’Ingénu (l’Autre est un Huron) mais aussi  Candide, dans une certaine mesure (notamment dans le cas du « Nègre de Surinam »). Montesquieu y a aussi recours dans son « apologue  épistolaire » Les Lettres persanes : il met en scène un persan, notamment, qui visite l’Europe et s’étonne de tout ce qu’il voit. - L’autre peut être mis en scène dans une utopie ou une contre-utopie : le lecteur est alors amené à comparer sa société à celle qui est présentée dans l’œuvre littéraire. Dans ce cas, la confrontation entre les deux sociétés doit être explicite. Dans « Les Jumeaux », la société Adrèle est clairement comparée à la société des humains. - L’Autre peut être mis en scène dans une analogie (dans le cadre d’un genre plus large : discours…) : le lecteur est appelé à comparer son comportement à celui des créatures mises en scène. L’exemple de la « bataille des chats » met bien l’accent sur l’absurdité de la guerre, en permettant à l’homme de changer de point de vue. Les fables mettent bien en scène des animaux, mais ceux-ci se comportent vraiment de façon humaine (il ne leur reste que peu de caractéristiques animales, c’est juste un masque amusant) : on ne peut pas vraiment considérer que c’est un détour par l’Autre.