Séance 1 : Les origines de la tragédie Supports : Extraits de la Poétique d’Aristote.
Publié le 24/11/2019
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Séance 1 : Les origines de la tragédie Supports : Extraits de la Poétique d’Aristote. La tragédie grecque 1 – Les origines Ce sont les Grecs qui ont inventé la tragédie sans qu’on sache à quel moment ni en quel endroit. La tragédie grecque connaît son apogée au cours du Ve siècle av J-C, à Athènes, entre le moment où la cité est au sommet de sa puissance (après la victoire de Salamine sur les Perses en -480) et le moment où elle perd sa suprématie (en -404), après sa défaite dans la guerre du Péloponnèse ( -431 -404 contre Sparte). Elle est l’héritière, d’après Aristote, des dithyrambes (hymnes) déclamés par un chœur, avec un accompagnement musical, en l’honneur des héros, des dieux, et surtout de Dionysos. Elle possède une dimension religieuse puisque les représentations se déroulaient pendant les fêtes consacrées à ce dieu. Le mot tragédie (issu de 2 mots grecs signifiant « le chant du bouc ») a souvent été interprété comme une référence à un sacrifice rituel qui accompagnait les représentations, et, les auteurs tragiques du Ve siècle n’ont jamais cessé de mettre en scène des personnages, les héros, qui symbolisent les rapports que les mortels peuvent entretenir avec le monde des dieux. Mais la tragédie a également un lien politique qu’elle gardera en posant les problèmes fondamentaux (guerre et paix ; justice et pouvoir) et en mettant en scène des personnages que tous les Grecs connaissaient, des héros perçus comme historiques, des légendes qui expliquaient et justifiaient un état présent de la cité. C’était un genre qui s’adressait à tout le peuple et non pas seulement à l’aristocratie. 2 – Le lieu théâtral Les représentations avaient lieu de jour et en plein air dans un espace inventé par les Grecs et qui a évolué : - au VIe siècle, l’espace théâtral comprend 2 parties : un large demi-cercle à flanc de colline (le théatron), avec gradins en bois pour les spectateurs ; l’orchestra, en terre battue, où évolue le chœur et au centre duquel était dressé un autel dédié à Dionysos (la thymélé). Donc pas d’espace pour les acteurs ; - au Ve siècle, apparaît une construction rectangulaire en bois (la skéné qui sera en pierre à la fin du Ve siècle, à ne pas confondre avec la scène des théâtres modernes !), utilisée comme coulisse par les acteurs et comme support pour les décors ; - le long de la skéné = une estrade en bois (longue parfois de plusieurs dizaines de mètres et large d’environ 3m) communiquant avec elle par 3 portes (le proskénion) surplombant l’orchestra et servant de scène aux acteurs 3 – Les représentations Les pièces étaient jouées au cours de 3 grandes fêtes consacrées à Dionysos : - les Dionysies rurales : les plus anciennes se déroulaient dans les campagnes et avaient lieu plusieurs fois dans l’année ; - les Lénéennes étaient célébrées en janvier, à Athènes, d’abord sur l’agora, ensuite au théâtre de Dionysos, à partir de la seconde moitié du Ve siècle ; on y donnait surtout des comédies ; - les Grandes Dionysies, les plus prestigieuses, en mars, à Athènes. C’est pendant ces fêtes qu’ont été représentées les tragédies des 3 grands auteurs tragiques du Ve : Eschyle, Sophocle et Euripide. La préparation de ces fêtes était confiée à un haut magistrat de la ville (un archonte) chargé de choisir 3 auteurs parmi tous les concurrents au concours, et de désigner pour chacun un riche citoyen (un chorège) qui subventionne le spectacle, recrute les acteurs, le chœur et assure les répétitions. La fête durait plusieurs jours ; mais les représentations se déroulaient du 3ème au 5ème jour, chaque jour se jouait une tétralogie d’un des auteurs choisis ; le spectacle durait de 4 à 5 heures. Un jury, composé de 10 membres, désignait le vainqueur et remettait les prix à l’auteur, au chorège et au meilleur acteur. 4 – La structure de la tragédie Elle repose sur une alternance qui recoupe la division spatiale du théâtre. Les interventions (chantées ou psalmodiées) du chœur dans l’orchestra (les stasima) alternent avec les parties dialoguées (les épisodes) représentées sur scène par un ou plusieurs acteurs. Structure : - prologue - entrée solennelle du chœur (la parodos) - épisode 1 + stasimon - épisodes + stasima (3 ou 4 en gal) jusqu’à la - conclusion et la sortie du chœur (l’exodos) Le chœur (15 choreutes) ne participe jamais à l’action elle-même réservée aux acteurs. Seul peut intervenir le coryphée (chef de chœur) dans les parties parlées. 5 – Evolution du théâtre tragique Les parties dialoguées vont peu à peu supplanter le lyrisme choral (disparition même dans certaines pièces d’Euripide). Parallèlement, le nombre de personnages augmente (Eschyle = 1 à 2 acteurs ; Sophocle = 3 acteurs ; on trouve chez Sophocle le plus de stichomythies). Abandon progressif de la trilogie ; Sophocle mettra davantage l’accent sur la solitude des individus face aux dieux ou aux lois de la société.
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