science et vie politique
Publié le 15/12/2014
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1 Aix-Marseille université Licence de droit, première année Division B (Aix-en-Provence) Cours de madame la professeure Hélène Thomas année 2014-2015 Verbatim¨ du cours de Société et vie politique Cours d'Hélène Thomas Un grand merci de toutes et de tous à Lydia Slimani, Marie Luciani et Hugo Tummino de la division B d'Aix-en-Provence qui ont accepté de devenir les scribes* du cours de société et vie politique 2014 de la professeure Thomas *«Scribe : Dans l'Egypte antique, fonctionnaire chargé de la rédaction des actes administratifs, religieux ou juridiques.U n scribe est, au sens historique, une personne qui pratique l'écriture. Son activité consiste à écrire à la main des textes administratifs, religieux et juridiques ou des documents privés, et à en faire des copies. Il peut alors être assimilé à un copiste ou à un écrivain public », Dictionnaire Larousse édition 2005, 100ème édition. N.B : Les passages encadrés sont des compléments de cours pour celles et ceux qui veulent pousser plus loin leur réflexion. Leur lecture et leur utilisation pour la préparation de l'examen sont donc facultatifs. ¨ verbatim adv. d'apr. lat. DR. "mot à mot" Au 20e : 1900 - «Je te dirai verbatim les mots qui en échappèrent.» Valéry, Lettre. à Gide, in Gide et Valéry, Corresp., oct. 377 - FXT Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 2 Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 3 Pour les amatrices et les amateurs de manuels, lexiques etc. Quelques mémentos, manuels, lexiques et dictionnaires · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · La science politique, Les Cahiers Français, T350 Collectif, La documentation française, réédition en 2009 Fiches de Science politique chez Fouché coll Sup, Ellipses et chez Bréal. G. Balandier Anthropologie politique, Paris, PUF, 1966 réédition nombreuses en Quadrige. B. Badie, P. Birnbaum, P. Braud, G. Hermet, Dictionnaire de la science politique, A.Colin (CURSUS-Science politique) B. Badie, G. Hermet, Politique comparée, PUF (Thémis-Science politique). J. Baudouin, Introduction à la sociologie politique, Seuil, coll. points, 1998 J. Baudouin, Introduction à la science politique, Memento, Dalloz, 2009 P. Braud, Sociologie politique, 10 ème édition, Paris, L.G.D.J., 2011 P. Braud, La science politique, Paris, PUF, coll. Que Sais-je ? P. Braud, La vie politique, Paris, PUF, coll. Que Sais-je ? D. Chagnollaud, Science politique.Eléments de sociologie politique, 7ème édition, Paris Dalloz, 2010 D Colas, Sociologie politique, PUF, 1994 B. Etienne et B. Bonfils-Mabilon, La science politique est-elle une science ?, Paris, Flammarion, Coll. Domino. J.-P. Cot et J.-P. Mousnier, Sociologie politique, Paris, Point Seuil 2 tomes, 1974,(1ère édition) Y. Déloye, Sociologie historique du politique, Paris, La Découverte, 1997. Michel Hasting, Aborder la science politique, Paris, Seuil, coll. Mémo J. .Lagroye, B. François, F. Sawicki, Sociologie politique, Presses de Science Po / Dalloz (Amphithéâtre) 2009. M. Grawitz, J. Leca, (dir.), Traité de science politique, 4 tomes, PUF. 1986. J.-P. Lecomte, Sociologie politique, Gualino Editeurs, 2005 Y. Mény, Politique comparée, Montchrestien (Domat-Politique Y. Schemeil, Introduction à la science politique, Objet, méthodes, résultats, Paris, Dalloz-Presses de Science Po, 2010. Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 4 Comment préparer l'examen de société et vie politique Pour réviser le cours, je vous conseille de constituer vos propres fiches de définition des concepts correspondant aux six sujets sur la base de vos propres notes et de ce document en récapitulant les notions abordées, les citations données pour les définir ou les définitions que j'ai dictées et le commentaire et l'explication de la définition que j'ai également détaillés en cours puis de réfléchir aux sujets selon la méthode expliquée en cours. Je ne demande pas du « par coeur » mais du « par tête », du précis et du cohérent. Vous aurez six questions à préparer sur la base des notes de cours dont la liste complète sera donnée à la fin du dernier cours pour l'examen de décembre. Il consistera en un écrit d'une heure. Vous aurez une question à traiter au choix parmi deux sur les six préparées, en deux pages et demie maximum (un feuillet recto verso complet la première page des copies correspondant à une demi-page) Une question sera prise dans la liste de trois sujets dit des sujets de cours (car ils peuvent être traités soit sur la base d'un paragraphe du cours de quelques pages ou en se servant de tout le cours) Une question sera prise dans liste dite des sujets de réflexion parce qu'il nécessite de mobiliser différentes parties du cours et les autres cours de droits Vous pourrez les traiter - Soit sous forme de question de cours rédigée sans abréviation (de type flèche, point, tirets) en donnant une définition de la notion centrale ou du concept relatif à cette question et en l'expliquant. Vous appliquerez ou illustrerez autant que possible de façon précise votre explication par un exemple (la mention « par exemple... » entre parenthèses sans détailler l'exemple ne vaut pas comme exemple). L'exemple est laissé à votre choix (tiré du cours ou d'un autre cours du semestre mais présenté précisément et explicité ou de vos connaissances de terminale de la même façon). - Soit sous forme de plan détaillé apparent en deux sous parties (niveau de détail I A 1) 2) B 1) 2) II. A 1) 2) B 1) 2) avec une introduction rédigée d'une quinzaine de lignes définissant le ou les mots clés du sujet et leurs relations sujet d'une cadrant le « où » et le « quand » le « quoi » et le « qui » Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 5 du sujet et bien sûr le « pourquoi » (pourquoi faire = à quelles fins ? avec quels moyens ? avec quels effets ?) ou le « comment » (avec quels objectifs ? quels moyens et quels effets), ces deux séries de questions vous permettant de construire une problématique. - Vous donnerez la définition du concept central et annoncerez la problématique sous forme de deux phrases verbales reliées par une conjonction de coordination forte (« mais », « or » « donc », « car » ou un adverbe équivalent pourtant, par conséquent, de ce fait...) : - les I et II, les A et B et -si vous y arrivez les 1 et les 2- devront être articulés avec ces conjonctions fortes ou des adverbes équivalent (cependant, par conséquent, parce que) et non par un « et » un « ou » un « ni » qui peuvent être utilisées au niveau du 1.et du 2 seulement. Vous les entourerez dans la copie ou les écrirez avec une encre de couleur différente. - Vous rédigerez les annonces de parties phrases de transition entre les I et II entre les A et B et entre les 1 et 2. Et ajouterez le cas échéant trois ou quatre éléments de contenu pour chaque sous sous partie Vous ne rédigerez pas de conclusion. Dans les deux cas vous veillerez à articuler vos idées entre elles par l'usage des conjonctions de coordination ou de subordination ou les adverbes appropriés. Pensez le jour de l'examen à garder cinq minutes pour vous relire. La rédaction doit être soignée (orthographe, style et graphie). Mieux vaut écrire moins mais un développement précis et bien écrit que de rédiger sans se relire et sans réfléchir au kilomètre. La précision du vocabulaire utilisé et de l'explication et des références sera appréciée dans la notation. Il sera tenu compte de la syntaxe, de l'usage approprié des termes et de l'orthographe. Il sera aussi apprécié que soit évoquée précisément une référence bibliographique ou un auteur classique par question (nom de l'auteur bien orthographié éventuellement son siècle et sa nationalité et d'une oeuvre avec son titre exact et la date de parution de l'oeuvre). Bon courage à toutes et à tous. Liste des questions à réviser Division N Aix-en-Provence ( à fixer fin novembre) Sujets dits de cours Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 6 1) 2) 3) Communauté et société « L'homme est un animal politique » (Aristote) La notion de politique (le, la, les politique(s)) Sujets dits de réflexion 1. « Les hommes naissent libres et égaux en droit » 2. « On ne naît pas femme on le devient » (Simone de Beauvoir) 3. Qu'est-ce qu'une norme ? Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 7 Cours des 8 et 10 septembre 2014 notes de Marie Luciani Trois grandes parties : une seule traitée cette année - Le domaine, l'objet et les méthodes d'analyses - Les formes de la domination politique - Le métier politique et les partis politiques Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 8 Chapitre introductif : Du fait social au fait politique Introduction Comment les distinctions entre le social et le politique et entre la société et la société politique se sont-elles constituées ? Pourquoi et sous quelle forme s'est constitué en Occident l'État Monarchique puis démocratique? Comment, après les révolutions (industrielle en Angleterre, politique en France fin XVIIIème siècle ), est apparu un nouveau schéma de l'état : l'État Nation dans des pays qui ont connu des régimes politiques nouveaux ? Comment cette société politique a pris la forme de l'État monarchiques puis de l'État Nation ? Comment ces distinctions se sont-elles construites ? Pour le comprendre on a besoin de : - La philosophie - l'histoire - la sociologie - pour compléter le point de vue juridique Quelques auteurs classiques qu'on va croiser et que vous pouvez lire durant vos vacances d'été : - Le philosophe René DESCARTES (1596-1650) : il est humaniste et pose les bases de la réflexion sur une société moderne traversée par des conflits qui tuent des millions d'Hommes entre des souverains qui veulent agrandir leurs territoires et leur puissance mais aussi leur population, leurs ressources naturelles mais sont aussi en conflit quant à leur religion. ( voir Le Discours de la Méthode qui commence dans une Europe en guerre ).Descartes se pose la question suivante : Quelle est l'unité de base des sociétés de l'Occident moderne ? Il part de l'idée que ce sur quoi se fonde la société moderne ce sont les individus rationnels qui la compose. Il fait le pari que, s'appuyant sur leur raison, ils maîtriseront leurs passions, leur haines, gouverneront leurs désirs et leur volonté et orienteront leur choix d'action. Karl POLANYI (1886-1964) : À l'issue des révolutions politiques et économiques qui démarrent mi XVIII c'est la « grande transformation » : bouleversement entre la seconde moitié XVIIème et la seconde moitié du XXème siècle : désenclavement des campagnes, industrialisation, traités de commerce, fin de l'économie fermée : changement de nature des sociétés. La Grande Transformation, aux origines politiques et économiques de notre temps est le livre phare de l'économiste hongrois Karl Polanyi. Écrit en 1944, l'ouvrage étudie la logique économique de l'Occident Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 9 depuis les prémices de la " modernisation " agricole anglo-saxonne du XVe siècle, jusqu'à l'avènement de la Seconde Guerre mondiale. La démarche de Karl Polanyi est considérée comme novatrice car elle associe l'histoire et l'anthropologie. L'ouvrage maintient deux thèses principales : L'économie de marché libre est une construction socio-historique et non un trait de la nature humaine. Ce n'est que depuis les années 1830 que le marché économique est conçu comme une entité à part entière, obéissant à des lois fixes indépendantes des cultures humaines. Les interventions étatiques sont des politiques spontanées en réaction aux dérégulations du marché. Cette thèse prend à contre-pied l'idée exposée par Hayek d'un marché économique spontané entravé par les interventions de l'État. http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grande_Transformation - La société comme association contractuelle Auguste COMTE (1798-1857) invente dès le XIXème siècle le terme de sociologie du grec logos le discours, le savoir, et du latin socius associé, qui vit dans la cité, synonyme de civis qui a donné citoyen et civilisé et civil. Socius a par la suite donné naissance au mot social, société et surtout associés. Dans la vision de son époque les relations sociales sont des relations entre individus associés pour former une société qui n'est plus composée fondamentalement de groupes mais d'individus dont les relations sont fondées sur des contrats i.e sur des accords de volontés en vue de produire des effets non seulement juridiques mais aussi sociaux et politiques. Contrat social ou civil : Relation entre deux associés qui est un pacte encadré par des clauses où chacun peut en cas de non respect de ces clauses réclamer l'application des clauses ou la fin du contrat. Base de la notion de contrat au sens juridique qu'on peut définir comme un accord de volontés produisant des effets juridiques La société au sens large (qui inclut le sens juridique) est donc pensée à partir du XIXème donc un ensemble de contrats (au sens large qui inclut le sens juridique) passés entre des associés. Les juristes vont donc devoir s'adapter à cette Société en pleine transformation économique sociale et politique et dès le XIX ème siècle vont réfléchir au rôle et à la fonction du droit dans cette transformation. ( La France a 75 ans de retard sur l'Angleterre dans la Révolution industrielle et 150 dans la construction démocratique ) Le rôle du droit dans les sociétés industrielles et postindustrielles - HAURIOU et DUGUIT au tournant du XXème siècle fondent le droit public et administratif mais aussi un courant de réflexion théorique sur l'État. Ils fondent l'école du service public. Ils se posent la question suivante : Quels sont les rapports entre le Droit et la Société ? Que le droit soit positif, écrit ou coutumier et mais aussi quels sont les liens Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 10 avec la société dans laquelle ce droit est énoncé. - Émile DURKHEIM le premier sociologue français ayant eu une chaire de sociologie à l'université La question que l'on se pose n'est pas de savoir ce qu'il y avait avant l'homme avec un grand H et quand il s'humanise qui est une question philosophique et théologique à laquelle on ne peut pas répondre de manière scientifique, mais comment les êtres humains s'organisent en sociétés dans le temps et dans l'espace. En conséquence il n'y a pas une doctrine concernant ces organisations et leurs systèmes de règles plus juste que les autres. On se pose la question de savoir quels sont les liens entre les hommes dans les sociétés la place du droit et les sociétés humaines. Est-ce que ce sont les sociétés qui font le droit ou l'inverse? Les règles de droit seraient basées dans le contemporain sur des relations de types contractuelles, bases des sociétés modernes et actuelles. (Dans ce sens-là on est sur du solide à l'image du droit anglo-saxon ou du droit romano-germanique). Position philosophique : entre ontologie et conventionnalisme, de l'Idéalisme au réalisme Les philosophes se posent des questions pour tenter d'amener à construire à une société meilleure. Le raisonnement philosophique peut se proposer d'apporter une réponse en vue d'améliorer la situation des sociétés qui connaissent le mal, le crime ... dans ce cas les philosophes sont dans une position ontologique et idéaliste. La position ontologique consiste à dire qu'il existe la Société avec un grand S qui produit des règles et qu'elles sont tirées d'une source supérieure transcendante : Dieu notamment dans grandes religions monothéistes révélées du Livre, basées sur des livres (le christianisme est basé sur le Nouveau Testament, le judaïsme sur l'Ancien, la Thora et la religion musulmane sur le Coran) ou la Nature. Et ils cherchent à atteindre cet idéal décrit dans les livres sacrés ou dans leur fantaisie et leur fantasme des règles naturelles. De l'autre côté il y a la position qui consiste à considérer que les règles qui s'appliquent dans la société ce sont les règles décidées par les membres de ces sociétés, certes en fonction de leurs valeurs morales, religieuses, politiques mais qu'il n'y a pas de source transcendantales à chercher pour comprendre les droit et les règles en vigueur dans une société. Ce sont des conventionnalistes des empiristes. Pour eux lire le droit et l'interpréter permet de saisir l'esprit d'une société car ce sont les règles de droits qui font exister les sociétés et leur permettent de fonctionner et de durer : il suffit de voir le règlement d'un groupe (le règlement des études pour les étudiants et leurs enseignants par exemple) pour en comprendre le fonctionnement : exemple pour comprendre le fonctionnement des études de droit il suffit de lire le règlement qui dit ce qui est autorisé et interdit et les sanctions en cas de non-respect des règles. C''est le raisonnement dit positiviste. C'est Thomas l'apôtre: qui énonce par avance et paradoxalement la formule de la position que les empiristes vont partager : « Je ne crois que ce que je vois » c'est le postulat de l'empiriste en sciences de l'homme, du droit à la sociologie en passant par l'histoire, l'anthropologie ou la Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 11 philosophie, le credo de la rationalité scientifique qui ne croit pas aux miracles et justement a repris a contrario le credo d'un des douze Apôtres évoqué dans l'Evangile de Saint Jean Dans les évangiles synoptiques, Thomas n'est pas autrement mentionné que dans les listes d'apôtres En revanche, dans l'évangile de Jean, il lui est donné une certaine prééminence. Il révèle d'abord fougue et générosité lorsqu'il réagit aux paroles de Jésus qui annonce sa mort : « Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui » (Jn 11:16). On perçoit aussi son esprit critique dans le dialogue qui suit la Cène. À Jésus qui dit « Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin » (Jn 14:4), Thomas répond avec vivacité : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas. Comment en connaîtrions-nous le chemin ? ». Mais c'est son incrédulité qui lui donne une place unique dans le récit des apparitions de Jésus. Dans le même évangile, Thomas refuse de croire avant d'avoir vu les marques de la Crucifixion. « Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : "Nous avons vu le Seigneur." Mais il leur dit : "Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point." Huit jours après, les disciples de Jésus étaient d e nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : "La paix soit avec vous !" Puis il dit à Thomas : "Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois." Thomas lui répondit : "Mon Seigneur et mon Dieu !" Jésus lui dit : "Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !" » (Jn 20, 24-29). Comment faire pour comprendre les règles sociales et juridiques ? Pour comprendre le fonctionnement d'une société on peut s'intéresser à la nature des contraventions et aux sanctions encourues, on va faire de la sociologie ou du droit on va comprendre par ces déviances la substance des règles sociales ou de droit et en examinant le mode de résolution des conflits au sien d'une société on va analyser comment la règle juridique fonctionne de manière concrète dans cette société. La règle sociale concrète qui régit une société excède les règles écrites, de même que la règle de droit n'est perceptible que dans la jurisprudence concernant les formes de son application, les conduites sociales sont une interprétation, une concrétisation de chaque règle sociale ou de droit, et ce sont les écarts à la règle qui permettent de comprendre ce qu'elle est !!! Si on était dans le modèle des philosophes idéaliste ou religieux de la foi en la règle on penserait que la dissuasion suffirait à éviter la répression. Or cela ne se passe comme cela dans aucune société. Même si nul n'est censé ignorer les sanctions qu'ils encourent en cas de transgression ou de désobéissance à la règle cela n'implique pas que tous les membres d'une société soient dissuadés de désobéir à la règle par peur de la sanction ou par menace qu'elle s'applique s'ils ne la respectent pas. Droit et sociétés Pour un scientifique des sciences humaines la question de savoir si c'est la société qui fait le droit ou le droit qui fait la société est complètement absurde. Léon DUGUIT et Maurice HAURIOU vont réfléchir à la fonction du droit dans les sociétés démocratiques. DUGUIT va répondre que le droit n'est pas de l'art pour de l'art, le droit doit servir à conforter l'organisation sociale dans laquelle il est élaboré, renforcer sa cohésion. Il va Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 12 être un théoricien du courant du positivisme sociologique, du solidarisme. Il va se demander quels sont les liens entre le droit et la Société et penser que le droit doit permettre de la rendre plus juste et plus démocratique. Au même moment en Prusse, sous le second Empire de Guillaume II, il y a des juristes qui vont réfléchir au rôle de l'État dans leur société monarchique et vont inventer le concept d'État de Droit. L'idée d'État de Droit naît en même temps que le système d'assurances sociales en Allemagne. Bismarck pense que pour agrandir la puissance de son pays il ne suffit pas d'avoir une bonne armée mais aussi un pays éduqué et une industrie prospère. Il faut aussi une économie forte et donc des ouvriers en bonne santé donc en capacité de travailler donc protégés « du berceau à la mort » en cas d'accident du travail, de maladie, d'impossibilité de continuer à travailler en raison de leur usure physique. Pour Bismarck il faut donc éviter tout mouvement social et pour cela il met en place une protection des travailleurs. C'est le modèle de l'État de Police c'est à dire qui prend soin de ses citoyens. Dans le même temps dans les universités allemandes naît le courant des caméralistes ou publicistes qui créent une réflexion sur le droit administratif. Ils réfléchissent à comment codifier des règles de droit que l'Etat fera appliquer pour faire fonctionner la société. Pour DUGUIT l'Etat a un rôle à jouer dans la création de règles de droit qui améliore la solidarité sociale. C'est le courant solidariste : le Droit doit améliorer le respect des grandes libertés fondamentales. Pour HAURIOU au contraire qui est dans un courant organiciste, l'État n'est pas au service du fonctionnement de la société mais l'État est un grand corps qui peut jouer un rôle important certes mais a sa propre logique. Cependant on ne peut pas considérer que les règles de droit soient l'essence de l'État. Pour HAURIOU et DUGUIT les sciences de la société sont des sciences indispensables pour le bon fonctionnement des sociétés modernes. Entre le XVIII et le XIX ème siècle les sociétés se sont beaucoup complexifiées dans les relations économiques sociales culturelles et religieuses. Comment les concepts de Société et de Politique se sont-ils construits en interactions l'un avec l'autre ? Et comment ont-ils changés de sens entre l'antiquité et le XIX ème siècle ? I. L'invention de la Société et de l'individu occidental moderne 1 L'invention de l'Homme occidental Invention cela signifie que le concept de société, comme beaucoup de notions souvent en « isme », est une construction mentale, une abstraction. C'est à dire une fiction créée par l'esprit. C'est un point de départ indispensable mais totalement inventé et élaboré à partir d'aucun fait réel Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 13 qui permet surtout dans les sciences sociales et politiques, de raisonner et d'observer les faits. Les sociologues au XIX ème et depuis les Lumières ont imaginé comment les Hommes s'articulent les uns avec les autres se regroupent en collectivité, s'assemblent et échangent. a. Du citoyen antique à l'homme moderne La notion d'Homme date aussi de cette période. Dans l'Antiquité la notion d'Homme n'a aucune pertinence puisque qu'il n'y a pas de différenciation entre l'Homme et l'animal : les êtres humains font partie d'un ensemble comprenant aussi les animaux et les végétaux, les plantes : la phusis en grec (qui a donné physique en français). La société antique est alors basée sur la différenciation entre les citoyens et les non citoyens et non entre l'homme et l'animal. La notion d'Homme quant à elle dès les XVII et XVIII ème siècle est liée à la notion d'appartenance à une société ( civis qui a donné citoyen ) les hommes et les animaux appartiennent au zoon (qui a donné zoologique en français) au bios qui a donné biologie en français deux mots pour désigner le vivant, la vie . Ce qui va différencier l'Antiquité et l'Époque Moderne est que dans l'époque moderne il y a un basculement : être dans une société n'est plus réservé à une minorité masculine libre et propriétaire de terres que sont les citoyens. b. Polis et et societas Le notion de politique (de polis=cité), cela a été traduit en latin par societas, puis par socius. Pour Aristote « l'Homme est un animal politique »(zoon politikon). Cela n'est pas distinct en latin de civitas du concept de société societas. Est civil celui qui est destiné à vivre en société. Aristote a expliqué que la nature animale de l'Homme est de vivre en groupe mais pas n'importe lesquels dans des familles, tribus ou dans la polis traduit en latin par civitas, civis qui a donné Cité au sens de regroupement d'un nombre relativement important quelques milliers de personnes qui vivent en suivant les mêmes lois, les mêmes règles (en latin la ville au sens actuel se dit urbs qui a donné urbain) ... qui sont les premières formes d'associations humaines. Pour lui vivre ensemble dans la Polis avec des règles est naturel comme vivre en famille ou sur un même territoire en tribus. Et ce rassemblement est commun aux êtres humains et aux animaux qui ensemble forment le zoon. Pour Aristote il y a deux espaces pour les êtres humains l'oïkos (qui a donné économie) c'est dire le foyer ou la maison (la famille ou la tribu) et la polis qui désigne la Cité. Cependant il y a des interactions entre ces deux espaces pour que la société puisse fonctionner. Au départ Aristote pose dans La Politique que « l'Homme est un animal politique (zoon politikon) ». Animal traduit le mot zoon qui a donné zoologie. Cela signifie que l'Homme appartient au règne du vivant ( zoon ou bios ) mais aussi à la polis qui a donné politique politique. Pour lui les Hommes ou anthropos sont des membres du règne du vivant ( de la phusis) comme les animaux ou les plantes. Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 14 c. Définition zoon ou bios : Règne d'une espèce dont le programme est de naître, croître, se reproduire et mourir. Dans la représentation antique il y a trois mondes les dieux, le vivant et l'inanimé (les éléments fondamentaux : la terre, le feu, l'eau, l'air) qui forment le cosmos (qui veut dire monde ou univers comme en français le mot cosmos). Anthropos rentre dans la catégorie du bios ou zoon donc du vivant et donc de par sa nature cet Homme vit naturellement dans des groupements qui sont la famille ou la tribu oikos et la cité polis. Il a donc deux groupes dans les anthropos, ceux qui restent confinés dans l'oïkos et ceux qui d participent aux décisions politiques de la polis. L'idée d'Aristote est que ce regroupement dans la Cité (polis) a pour but le juste bien (eu zen) et que viser ce juste bien cet équilibre c'est cela la justice générale (Dike) , à savoir que chacun puisse à la place qui lui est assignée dans la Nature (le cosmos) : certains hommes sont nés pour être libres d'autres pour être esclaves (notamment les étrangers des pays vaincus par les grecs, mais aussi les femmes, les domestiques même libres qui ont le même statut que les animaux domestiques utilisés pour le travail des champs). La fonction des femmes par exemple est de participer au devenir de la cité grâce à la reproduction c'est de là que vient le terme « travail » en latin lors de l'accouchement. (Dire de quelqu'un qu'il est laborieux encore aujourd'hui consiste à insister sur la pénibilité visible des tâches qu'il accomplit) d. Le travail, l'ouvrage et l'oeuvre ou oikos, tekhne et polis En latin on a la distinction entre le travail du corps (manger, dormir et par extension produire les biens nécessaires à la vie (la nourriture, les vêtements) et la préparer ou les confectionner, porter les enfants) labor et le travail qui n'est plus le travail du corps mais celui des mains de l'artisan qui s'appelle le negocium qui a donné le négoce et donc le commerce. Le ne-gocium est une privation de l'otium qui a donné le mot oisiveté, donc du loisir de s'occuper d'autre chose que de produire des ressources naturelles ou des outils ou des objets (ceux-ci sont dans la Tekhne dans l'artisanat). Ceux qui sont dans l'otium sont ceux qui ont le luxe d'aller réfléchir et décider de l'avenir de la cité parce que d'autres sont dans la tekhne et le labor. Tout comme dans l'Antiquité ceux qui vont se battre sont ceux qui peuvent être formés et se payer une formation militaire ceux qui peuvent réfléchir sont les personnes qui peuvent s'appuyer sur d'autres personnes pour leur assurer leur otium par leur abor leur labor. Pour Aristote le principe qui relie les Hommes est la philia c'est à dire l'amitié, il y a une complémentarité et une réciprocité entre ceux qui sont dans l'oïkos, qui est le travail du corps et ceux qui sont dans la tekhne, les artisans et commerçants et ceux qui sont dans la polis, les citoyens. Ceux qui sont dans la polis sont donc ceux qui décident pour les personnes qui sont dans l'oïkos et dans la tekhne les bonnes règles pour vivre ensemble. Les non citoyens ont besoins des citoyens pour obtenir des règles et les citoyens ont besoin des non citoyens pour subvenir à leur besoins : chacun a ce qui lui revient en fonction de sa place : « A chacun selon son statut » c'est la devise très différente de nos démocraties modernes où la formule clé est « à chacun selon son mérite » et jamais « à chacun selon ses besoins »... Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 15 e. L'amitié (philia) entre le maître et l'esclave La complémentarité ou philia selon Aristote (philo-sophie veut dire amour, amitié, affection pour la sagesse : bienheureuses les Sophie leur nom veut dire sage !) Philia : Être dans l'amitié. Exemple en philosophie sédentaire signifie penser avec bienveillance le sort des populations non sédentaires. (exemple pas développé laissez tomber ou développez le !!! pour vous entraîner dixit HT) Le philosophe allemand du XIXème siècle Hegel dans La Phénoménologie de l'esprit fera une parabole des relations de complémentarité entre le maître et l'esclave : le maître a besoin de l'esclave pour avoir la richesse suffisante qui lui permet d'être citoyen et donc de bien s'occuper de la protection de la Cité (polis) tout comme l'esclave a besoin du maître pour pouvoir vivre dans une cité prospère qui ne le traite pas comme une bête de somme, ne le maltraite pas, ne le crève pas à la tâche. Il y a une dialectique de la relation maître/esclave : le maître a besoin de l'esclave au moins autant que l'esclave a besoin du maître. Et si l'esclave devient maître à son tour il ne saura plus rien faire seul et aura besoin de ses esclaves pour survivre. Le maître a droit de mort sur son esclave mais dépend de lui pour sa vie quotidienne donc va le traiter avec ménagements (ça c'est la théorie idéaliste hégelienne à une époque ou l'Allemagne n'existe pas encore sous la forme d'un Etat Unifié ayant un empire colonial (ne pas apprendre dixit HT)). Dans le monde antique on a une vision de la société et des relations entre les anthropos organisées dans la polis ou il y a des cercles de dépendances. Cela fonctionne dans les cités grecques avec une étanchéité des espaces moins dans l'empire romain parce qu'une personne peut passer d'une caste à l'autre : un esclave peut être affranchi voire adopté par son ancien maître une fois devenu libre et même s'il a le même âge que le maître et cela arrivera souvent et de façon croissante quand l'Empire s'étendra. Barbaros : Celui dont la parole est semblable au chant des oiseaux : on en a tiré barbares (qui veut dire étranger en grec) celui dont la parole au sein de la cité n'est pas écoutée car on ne comprend pas sa langue et l'on considère que comme les femmes ou les animaux il n'est pas doté du logos (langage) mais juste de la phoné (la voix) comme les animaux qui peuvent crier de plaisir ou de douleur mais pas articuler des sons et donc articuler des mots et des idées et donc penser ou faire de la politique. Pour qu'une polis fonctionne dans la modernité il faut que les personnes puissent changer de castes mais aussi qu'il y ait natalité importante pour pouvoir avoir une force de travail importante. ¨Pas dans le modèle antique de la démocratie athénienne ! Dans l'Antiquité la polis (le public) est valorisée par rapport à l'oïkos (le domestique, la sphère privée)!!! La chrétienté va faire émerger l'idée selon laquelle l'Homme est une créature de dieu qui doit être régie par des concepts divins. Pour Saint Paul et Saint Augustin l'ordre divin va s'imposer sur Terre et chacun doit se Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 16 soumettre au verdict de sa destinée d'être humain mortelle, l'Homme est une créature divine. L'homme va donner le meilleur de lui-même quand il va s'enfermer dans le monastère ou le couvent pour consacrer sa vie à Dieu. En effet il s'extrait de la vie ordinaire pour devenir un servant de dieu. Bref cette conception valorise le privé le for intérieur, l'homme qui sort de la polis pour se consacrer à Dieu qui l'absorbe tout entier. Un nouveau changement aura lieu à l'époque contemporaine où nous valorisons le privé dans sa sphère la plus étroite du rapport de soi à soi (l'intime) Cf. Hannah Arendt Condition de l'Homme moderne) 2. Quelques définitions du mot « société » à l'âge classique et des Lumières Société et politique à l'époque moderne (L'époque moderne commence en Occident entre la fin de la Renaissance c'est à dire le début du XVI ème siècle et dure jusqu'au XVIII ème. De 1789 à nos jours on est dans la période contemporaine.) À l'époque moderne on a une définition des rapports politique/société qui a totalement changé. Le politique a pris la forme depuis l'an 1000 d'une monarchie de droit divin et la construction des monarchies de droit divin, d'une sphère autonome se sont accompagné de la montée d'une souveraineté, distincte des suzerainetés féodales. À partir de là les grandes monarchies européennes Angleterre, Espagne, Portugal, France) dont l'apogée (on parle d'âge d'or) se situe entre la fin du XVème et la première moitié du XVIIIème vont inventer une distinction entre société civile et société politique après la fin des féodalités quand les monarques ont réduit les pouvoirs seigneuriaux, ceux des grands du royaume. La sphère de l'Etat monarchique va devenir absolutiste : les monarques vont accaparer le pouvoir politique au détriment des pouvoirs seigneuriaux. Les monarques ont une cours qui est composé d'abord exclusivement de personnes de la Noblesse pis ensuite aussi de la Bourgeoisie. Origine de l'Académie Française: Louis XIII puis Louis XIV veulent créer une institution pour encadrer et montrer la puissance culturelle du Royaume de France. Richelieu a créé une académie en 1635 dont la fonction principale d'après l'art 24 de l'édit de création est de « travailler avec tous le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure éloquente et capable de traiter des arts, de la science et du droit ». Le moment absolutiste est de faire du français la langue des Belles Lettres (la langue de la philosophie, de la science et des romans), après qu'elle soit devenue la langue administrative sous François 1539. Edit de Villers-Cotterêts. a. Société: (dictionnaire de l'académie française: quatrième édition de 1762 ) : - Commerce que les hommes ont naturellement les uns avec les autres car l'Homme est naturellement fait pour vivre en société Ici le mot commerce a un sens large il signifie relation, échange pas seulement de biens ou de Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 17 denrées ou produits entre personnes que ceux-ci soient égaux ou inégaux : c'est l'échange de mots puisque la sphère de la société est civilisée. Dans ce modèle de société civilisée ou les gens ne se battent pas à coup de points le gens se disputent et s'agressent avec les mots. (Pour cela l'avocat du début du XX ème siècle est la figure phare de la politique). La société politique est censée avoir un fonctionnement pacifié et civilisé ou l'échange entre individus repose sur des contrats et un échange de mots dans une langue codifiée. Société renvoie au terme de civilité ou de socialité qui est défini comme « l'aptitude à vivre ensemble en société ». Cela renvoie aussi à sociable : aimer la compagnie, il est aisé de vivre avec, est d'un bon commerce. Associal ou insociable : « bourru, fantasque, fâcheux incommode avec qui on ne peut pas avoir de société, avec qui on ne peut pas vivre » ( 1674) . La notion de commerce renvoie à la grandeur de se battre par les mots avec ses adversaires comme dans un prétoire et non pas en se battant physiquement sans dialogue. Mais aussi au commerce international lié à la conquête du continent américain, à la colonisation et à l'esclavage (traites négrières, commerce triangulaire). Les pays sont en expansion par le biais de conquête de nouveaux territoires (Amérique notamment) ce qui permet d'étendre leurs zones de commerce. Le commerce est régi par des traités de guerre, de paix etc. L' Espagne de Charles Quint va produire les premiers théologiens et donc le droit des peuples. Ce sont des jésuites et des dominicains du XVI ème siècle qui tentent de penser comment dans ce moment d'expansion vers des territoires inconnus, comment régir des relations avec d'autres peuples. On ne peut pas avoir le commerce de la langue puisqu'il n' y a pas de langue commune comme le latin, ou bien de religion commune, comme le christianisme. Le commerce et le droit des gens (ou droit international) Peut-on commercer avec ces hommes ? VITTORIA et DE SOTO vont réfléchir aux droits des peuples conquis surtout quand on ne sait pas si ce sont des peuples d'êtres humains ou des peuples d'animaux. Ainsi dans la controverse de Valladolid, deux jésuites débattent l'un défend la thèse selon laquelle les indiens sont des hommes et l'autre défend la thèse selon laquelle ce sont des bêtes. Si ce sont des animaux ils vont être réduits en esclavage et n'auront aucun droit. Le Code Noir 1676 régit le traitement des esclaves en provenance du Sénégal acheté par la France pour fournir de la main d'oeuvre en Amérique. Si ce sont des hommes il y a des avantages, on considère qu'ils ont une âme puisqu'ils ont une religion. On va devoir les convertir au christianisme sous prétexte de les civiliser. L'expansion économique liée à l'expansion coloniale donne donc naissance à une réglementation des échanges et une répartition des échanges. Cela donnera naissance plus tard aux théories de Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 18 Adam SMITH et RICARDO. Le droit des gens amène donc à une réflexion sur ce qu'est l'Homme. Au XVII ème siècle l'Homme est chrétien. Ces peuples ont-ils un point commun avec ces peuples indiens barbares ? Alors dans ce cas quel est le contrat entre l'Homme et ces individu du bout du monde ? L'entité qui compte ça n'est plus le collectif ou la cité mais c'est l'individu et c'est à partir d e l'individu que la réflexion va se construire. Pour que le regroupement appelé société puisse durer se développer et s'enrichir sans s'entre tuer ou que celle-ci se désagrège il faut recourir aux penseurs du Droit Naturel. Est-ce dans la nature de l'Homme de s'entre tuer dans des massacres sanglants tout au long de l'année ? La nature ne donne-t-elle pas certaines obligations aux êtres humains ? Ou est-ce la nature qui veut l'Homme s'autodétruise ? Il va y avoir 2 scénarios soit l'Homme par nature est dans un état de guerre, c'est le scénario de Hobbes, soit la nature est des petits groupes humains qui s'éloignent les uns des autres pour trouver de quoi survivre et sont heureux en étant indépendants et ni proies ni prédateurs, c'est le scénario de Rousseau. Dans les deux cas lorsqu'il faut sortir de l'état de nature (quand les ressources s'épuisent dans le second modèle et forcent les hommes à se rassembler pour devenir des éleveurs et des agriculteurs) et trouver un modèle qui permet de retrouver des relations civilisées. Loi naturelle, droit naturel et définition de l'humanité Dans ce cas qu'est-ce qui définit l'humanité, qualifie la nature humaine ? C'est le fait de conserver sa vie par tous les moyens. Il faut donc que le contrat entre les individus et ceux sous la tutelle desquels ils se placent leur donne une protection concernant leur vie, un droit à la vie. On appellera cela l'état civil : le souverain, fabriquant des règles, peut avoir tous les droits sur nous et nos biens mais un droit sera toujours hors de sa possession : le droit de tuer voler ou blesser sans autre raison que son plaisir et son caprice à torturer sa population. -> Protéger les droits des plus faibles pour protéger mon droit, c'est le modèle proposé par Locke et Hobbes même s'ils ne vont pas jusqu'au bout de leur idée ! Rappel : La société, ou Cité, selon Aristote, est le lieu naturel des individus et la distinction entre société et politique n'est pas très nette. Le concept de société n'a pas de sens dans la Grèce antique. Jusqu'à la période contemporaine c'est à dire de la seconde moitié du XVème jusqu'à la Révolution au moins c'est une période très troublée avec de nombreuses famines et épidémies mais aussi des guerres de religion. Ces sociétés sont troublées par la guerre et les ambitions monarchiques des souverains de droit divin qui veulent asseoir leur pouvoirs mais aussi augmenter la population sur laquelle ils peuvent lever l'impôt. Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 19 -> Comment, dans cette période très troublée penser un moyen de faire vivre ensemble des populations qui sont pour certaines des serfs, des esclaves, pour certains des gens du peuple c'est à dire du tiers état et une petite fraction de privilégié ? La société de l'époque étant divisée en trois classes sociales : la Noblesse, le Clergé et le Tiers État. -> Dans cette société inégalitaire comment fabriquer du lien social ? Comment faire société à partir de personnes ayant des statuts politico-juridiques si différents ? Le pouvoir spirituel est celui du pape et le pouvoir temporel celui du monarque, les deux ayant tendance à entrer en concurrence. b. Autres définitions de la Société : (1762 :quatrième édition du dictionnaire de l'Académie Française): 1) Assemblage d'hommes qui sont unis par la Nature ou par les lois, commerce que les hommes ont naturellement les uns avec les autres. 2) Compagnie, union de plusieurs personnes jointes pour quelque intérêt ou pour quelque affaire et à certaines conditions. Qui sont les Hommes de la première définition ? Comprennent-ils les femmes ? Assemblage renvoie à différentes questions. Pourquoi Hommes ? Sous ce terme est-ce que sont rassemblés les hommes mais aussi les femmes ? SIEYES Qu'est ce que le tiers état ? :La thèse de SIEYES est que le Tiers État représente la majeure partie de la population soit environ 95%, la Noblesse et le Clergé représentent moins de 5% de la population française. Pour SIEYES il faut que la France se débarrasse de son élite politique qui ne travaille pas et ne paye pas d'impôts et donc le Tiers Etat doit selon lui se révolter pour montrer qu'il est la classe la plus important du pays. Quand en 1791 la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est rédigée l'Assemblée est composée exclusivement d'hommes et Olympe DE GOUGES va demander, rédiger et proposer à l'Assemblée une Déclaration des Droits de la Femme. Elle va inscrire un article qui légitime le fait de garantir des droits aux femmes « Si les femmes peuvent monter à l'échafaud elles doivent aussi pouvoir monter à la tribune ( de l'Assemblée ) ». Olympe DE GOUGES sera guillotinée. Si les femmes n'ont pas de droits politiques, elles sont une sorte de nouveaux tiers état et assujetties à des obligations liées au contrat social démocratique mais ne profitent pas de ses libertés. Elles sont donc doublement sujet au sens de sujet de droit (support de droit mais aussi destinataire de droit qui sont définis par des obligations mises en place ) mais aussi sujet de droit car assujetties aux obligations que leur fait la loi sans avoir les possibilités de liberté qu'elle procure. 1932 : Assemblage d'homme qui sont unis par la nature ou par des lois, commerce que les Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 20 hommes ont naturellement les uns avec les autres. Réunion de plusieurs personnes associées pour quelque intérêt ou pour quelque affaire et à certaines conditions. Par la Nature et par les lois: les lois de la Nature et les lois faites par les Hommes. Les Hommes sont rassemblés dans des collectifs, appelés société par la nature, qui leur impose un certain nombre de droit et par des règles qu'ils auront eux-mêmes programmés. -> Comment concilier état de nature et état civil ? Comment faire pour que les lois des hommes respectent les lois de la nature ? Les philosophes du droit naturel moderne vont réfléchir à cette question du passage de l'état de nature à l'état de droit. Hobbes la guerre de tous contre tous : les hommes vivent selon lui dans l'état de nature dans un état de guerre civile c'est-à-dire dans l' incertitudes permanente à rester en vie. On va décliner cette seconde définition en différentes sous sociétés. Société de gens qui s'assemblent pour se faire la conversation ou pour faire du sport. Société de gens qui s'assemblent car ils partagent les mêmes idées politiques. Au XVIII ème la politique va prendre une nouvelle place dans la société. Pas de cours le 17 septembre Cours du 22 septembre notes de Lydia Slimani revues HT Que recouvre et que veut dire le mot Hommes dans la définition du mot société de 1765 « assemblage d'hommes qui sont unis par la nature ou par les lois » ? Est-ce que les hommes comprennent les femmes ? c. La différence hommes/ femmes dans les sociétés modernes et contemporaines Homme avec un petit h à renvoie-t-il au concept d'Homme avec un grand H au sens des droits de l'être humain qu'on a appelé jusque très récemment et encore aujourd'hui en France droits de l'homme et qu'au niveau européen et international on appelle désormais droits humains? Ou ce mot désigne-t-il le genre masculin, le sexe biologique du mâle, ou le genre /l'espèce humaine comprenant mâles et femelles, ou encore le genre social. La sensibilisation aux études sociologiques et philosophiques concernant la différences de sexes (biologique) vue comme base des inégalités sociales de genre (sociologique) entre filles et Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 21 garçons a été dénoncée par des mouvements qui s'y opposaient comme perturbateur et subversifs pour l'éducation scolaire des enfants, des adolescents et de l'identification des adultes ainsi que le montre trois controverses : 1. Celle autour de l'enseignement de la « théorie du genre » au lycée en 2011 2. Puis celle de la sensibilisation aux inégalités scolaires entre filles et garçons par l'école élémentaire en 2014 politique qui a donné lieu à des mouvements pour faire disparaître des programmes scolaires avec succès dans le deuxième cas 3. et une troisième qui s'est intercalée en 2011 après une circulaire décidant de la disparition du qualificatif de « mademoiselle » dans les formulaires administratifs c.1. la controverse autour de l'enseignement des différences de genre en biologie en première S En 2011, dans les programmes de l'éducation nationales du lycée on a introduit dans le programme de biologie, non seulement les distinctions biologiques du mâle et de la femelle mais aussi sociales entre hommes et femmes : la société a construit des distinctions sociales économiques et, politiques (par exemple les femmes ne sont pas des « citoyens » jusque 1944 au sens des droits civiques car elle n'ont pas le droit de voter, de se présenter à une élection, de fonder un syndicat ou une association politique, de la diriger etc en France mais elles ne sont pas « non plus des « hommes » au sens de la DDHC car elles ne sont pas dotées tous les droits civils complets jusqu'aux années 1970.) Cette distinction de genre existe depuis bien longtemps et c'est une construction anthropologique la division sexuelle du travail ( qui peut s'exprimer de façon caricaturale par les formules suivantes : les femmes aux fourneaux les hommes au bureau,) : les femmes dans l'oikos dans le privé, les hommes dans l'agora, le forum, l'espace public ou encore les femmes aux soins et à l'éducation des enfants, au chevet des malades des vieillards les hommes ingénieurs, inventeurs, techniciens (Zoe versus Tekhne et Polis) et historique de longue durée sur des millénaires. Pour rendre visible ces divisions invisibles, qui semblent évidentes et normales et de ce fait demeurent invisibles il faut s'intéresser aux expressions courantes de la langue française, car le partage des tâches dans les expressions ordinaires dit cette asymétrie et cette inégalité. Pa exemple l'expression « une femme publique » a longtemps voulu dire une prostituée alors qu'un « homme public » désigne hier comme aujourd'hui, un représentant un dirigeant politique connu, qui a le sens du bien collectif et la compétence et la responsabilité d'un homme d'Etat. Le fait qu'une profession se féminise (infirmière, institutrice, sage-femme puis aujourd'hui docteur(e) ou professeur(e) d'université) ou ne se dise jamais au masculin ou presque (pas de sage-homme, de puériculteur) et qu'à cette féminisation soit associé l'idée et le fait d'une dégradation du statut social correspondant qui cache en réalité les différences de salaire à poste égal (sauf dans la fonction publique) en constitue un autre exemple. Réfléchissez à l'expression pour désigner une fille qui joue à des jeux dont le stéréotype commun dit que ce sont des jeux de garçon qu'elle est un « garçon manqué » ou d'un garçon qu'il est une « femmelette », un adolescent timide qu'il est une « fillette »... Est-ce flatteur ? Trouvez d'autres expressions de ce style... Société et vie politique, L1 droit, Marseille division N et Aix division B, verbatim du cours 2014 revu de la professeure Hélène Thomas, Ne pas diffuser hors de la division, ne pas citer. 22 Pour résumer dans la théorie aristotélicienne, hommes et femmes sont inégaux par nature, les femmes procréent, portent (gestation) et accouchent (mise bas) d'êtres immatures (qu'elles nourrissent (nourrissons) et amènent à maturité) comme d'autres espèces mammifères et les hommes non, l'inégalité est naturelle qui fait des femmes des êtres soumis au travail du corps quand les hommes peuvent y échapper et se consacrer à la technique, à la politique ou à la philosophie. Dans l'époque contemporaine qui proclame l'égalité des droits entre les hommes et les citoyens (voir le paragraphe précédent sur la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne d'Olympe de Gouges) les femmes ne sont pas non plus, jusque 1944, des citoyennes au sens plein du terme, ayant tous les droits démocratiques, mais elles ne sont pas non plus véritablement des citoyennes au sens large car n'ont pas les mêmes droits civils que les hommes. Différence biologique des sexes et inégalité sociale des genres La différence biologique ne débouche pas nécessairement sur une distinction juridique, sociale et politique et sur une inégalité en démocratie il est possible sinon de garantir l'égalité du moins de lutter contre les inégalités (les discriminations négatives envers les femmes) entre les hommes et les femmes, c'est-à-dire contre les discriminations sur le critère du sexe d'état civil (discriminer veut dire aussi ne pas donner les mêmes droits). car dans le modèle européen des droits de l'homme durant sa construction les obligations sociales, économiques et politiques n'étaient pas les mêmes pour tous et n'ont pas toute pour contrepartie la garantie des mêmes droits. Les obligations sont prédédéfinies, préconstruites sur le modèle de la nature= inégaux en force physique et considérés comme inégaux en capacités mentales donc inégaux en droit (quand on n'a pas toutes ces capacités mentales soit en raison de l'âge et de la croissance ou d'un développement intellectuel inachevé ou interrompu ou perdu du fait de la maladie on est considéré par le droit comme mineur n'ayant pas toutes les capacités du majeur on est dans un statut qui confère moins de droits que les autres donc inégaux en droit et pas seulement en faits! Reprenons le fil de notre exemple Face à cette volonté d'enseigner aux élèves de première S la différence entre sexe et genre une mobilisation politique s'est construite.
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