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savais déjà que c'était par les plus simples et les

Publié le 22/10/2012

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savais déjà que c'était par les plus simples et les plus aisées à connaître; et considérant qu'entre tous ceux qui ont ci-devant recherché la vérité dans les sciences, il n'y a eu que les seuls mathématiciens qui ont pu trouver quelques démonstrations, c'est-à-dire quelques raisons certaines et évidentes, je ne doutais point que ce ne fût par les mêmes qu'ils ont examinées; bien que je n'en espérasse aucune autre utilité, sinon qu'elles accoutumeraient mon esprit à se repaître de vérités, et ne se contenter point de fausses raisons. Mais je n'eus pas dessein pour cela de tâcher d'apprendre toutes ces sciences particulières qu'on nomme communément mathématiques 9 : et voyant qu'encore que leurs objets soient différents, elles ne laissent pas de s'accorder toutes, en ce qu'elles n'y considèrent autre chose que les divers rapports ou proportions qui s'y trouvent, je pensai qu'il valait mieux que j'examinasse seulement ces proportions en général, et sans les supposer que dans les sujets qui serviraient à m'en rendre la connaissance plus aisée; même aussi sans les y astreindre aucunement, afin de les pouvoir d'autant mieux appliquer après à tous les autres auxquels elles conviendraient. Puis ayant pris garde que, pour les connaître, j'aurais quelquefois besoin de les considérer chacune en particulier, et quelquefois seulement de les retenir, ou de les comprendre plusieurs ensemble, je pensai que, pour les considérer mieux en particulier, je les devais supposer en des lignes, à cause que je ne trouvais rien de plus simple, ni que je pusse plus distinctement représenter à mon imagination et à mes sens; mais que, pour les retenir, ou les comprendre plusieurs ensemble, il fallait que je les expliquasse par quelques chiffres * les plus courts qu'il serait possible; et que par ce moyen j'emprunterais tout le meilleur de l'analyse géométrique 6 et de l'algèbre 7, et corrigerais tous les défauts de l'une par l'autre. Comme en effet j'ose dire que l'exacte observation de ce peu de préceptes que j'avais choisis me donna telle facilité à démêler toutes les questions auxquelles ces deux sciences s'étendent, qu'en deux ou trois mois que j'employai à les examiner, ayant commencé par les plus simples et plus générales, et chaque vérité que je trouvais étant une règle qui me servait après à en trouver d'autres, non seulement je vins à bout de plusieurs que j'avais jugées autrefois très difficiles, mais il me sembla aussi vers la fin que je pouvais déterminer, en celles même que j'ignorais, par quels moyens, et jusques où, il était possible de les résoudre. En quoi je ne vous paraîtrai peut-être pas être fort vain, si vous considérez que, n'y ayant qu'une vérité de chaque chose, quiconque la trouve en sait autant qu'on en peut savoir : et que par exemple un enfant instruit en l'arithmétique, ayant fait une addition suivant .ses règles, se peut assurer d'avoir trouvé, * Symboles (ici, la notation algébrique moderne). touchant la somme qu'il examinait, tout ce que l'esprit humain saurait trouver. Car enfin la méthode qui enseigne à suivre le vrai ordre, et à dénombrer exactement toutes les circonstances de ce qu'on cherche, contient tout ce qui donne de la certitude aux règles d'arithmétique. Mais ce qui me contentait le plus de cette méthode était que par elle j'étais assuré d'user en tout de ma raison, sinon parfaitement, au moins le mieux qui fût en mon pouvoir; outre que je sentais en la pratiquant que mon esprit s'accoutumait peu à peu à concevoir plus nettement et plus distinctement ses objets, et que, ne l'ayant point assujettie à aucune matière particulière, je me promettais de l'appliquer aussi utilement aux difficultés des autres sciences que j'avais fait à celles de l'algèbre. Non que pour cela j'osasse entreprendre d'abord d'examiner toutes celles qui se présenteraient. Car cela même eût été contraire à l'ordre qu'elle prescrit : mais ayant pris garde que leurs principes devaient tous être empruntés de la philosophie, en laquelle je n'en trouvais point encore de certains, je pensai qu'il fallait avant tout que je tâchasse d'y en établir; et que, cela étant la chose du monde la plus importante, et où la précipitation et la prévention étaient le plus à craindre, je ne devais point entreprendre d'en venir à bout que je n'eusse atteint un âge bien plus mûr que celui de vingt-trois ans que j'avais alors et que je n'eusse auparavant employé beaucoup de temps à m'y préparer,

« Seconde partie 113 lignes, à cause que je ne trouvais rien de plus simple, ni que je pusse plus distinctement re­ présenter à mon imagination et à mes sens; mais que, pour les retenir, ou les comprendre plusieurs ensemble, il fallait que je les expli­ quasse par quelques chiffres '' les plus courts qu'il serait possible; et que par ce moyen j'em­ prunterais tout le meilleur de l'analyse géomé­ trique 6 et de l'algèbre 7 , et corrigerais tous les défauts de l'une par rautre.

Comme en effet j'ose dire que l'exacte ob­ servation de ce peu de préceptes que j'avais choisis me donna telle facilité à démêler tou­ tes les questions auxquelles ces deux sciences s'étendent, qu'en deux ou trois mois que j'em­ ployai à les examiner, ayant commencé par les plus simples et plus générales, et chaque vé­ rité que je trouvais étant une règle qui me servait après à en trouver d'autres, non seule­ ment je vins à bout de plusieurs que j'avais jugées autrefois très difficiles, mais il me sem­ bla aussi vers la fin que je pouvais détermi­ ner, en celles même que j'ignorais, par quels moyens, et jusques où, il était possible de ·les résoudre.

En quoi je ne vous paraîtrai peut­ être pas être fort vain, si vous considérez que, n'y ayant qu'une vér~té de chaqu~ chose, quicon­ que la trouve en sait autant qu on en peut sa­ voir : et que par exemple un enfant instruit en l'arithmétique, ayant fait une addition sui­ vant ·ses règles, se peut assurer d'avoir trouvé, * Symboles (ici, la notation algébrique moderne).. »

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