Ruy Blas - Scène 3 Acte II. Victor Hugo
Publié le 05/12/2010
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Victor Hugo, grand écrivain du 19e siècle issu du romantisme propose dans Ruy Blas, un renouvellement de la littérature française en s'opposant aux conventions classiques de l’écriture. L’auteur de la Préface de Cromwell dresse ainsi cette œuvre qui représente une figure exemplaire du drame romantique. Ruy Blas de Victor Hugo est une pièce de théâtre publié en 1838 qui parachève ce mouvement romantique. L’extrait que nous allons étudier est la scène 3 de l’acte III où la reine apparait après l’accusation politique de Ruy Blas qui va succéder à une situation de lyrisme amoureux. Nous étudierons d’abord l’aspect d’une scène d’aveux lyrique où s’exprime la passion romantique, pour aboutir à une scène d’amour tragique où s’exprime la souffrance.
Dans cette scène, les spectateurs connaissent les sentiments réciproques qui unissent les deux personnages. C’est alors là que dans cette scène d’aveux lyrique, s’exprime la passion romantique. Le lyrisme est souvent un des caractères naturels de l’éloquence. Le personnage s’abandonne aux mouvements fougueux de ses sentiments et oublie son auditoire pour s’adresser aux objets de sa pensée. Nous pouvons donc constater que cette scène comporte trois mouvements, la reine exprime son admiration après le discours réquisitoire de Ruy blas qui peut donc avouer ses sentiments auxquels font écho les sentiments de la reine. L’éloquence est présente dans le discours de Ruy Blas car il avoue ses sentiments à la reine. Nous avons une utilisation de figures de styles pour rendre la scène plus poétique et plus lyrique : Ruy Blas se compare à « un aveugle au jour «, et la reine est comparée comme « un ange «, la reine compare Ruy Blas à Dieu, « Pourquoi donc étiez-vous comme eut été Dieu même (…) ? «(v.230).Dans cette scène, nous pouvons observer l’emploie d’un vocabulaire évoquant l’amour « (…) je vous aime ! « (v. 231), «Ma flamme « (v.242), « Dans le cœur « (v.248), « J’ai besoin de tes yeux, j’ai besoin de ta voix « (v.252). Leur amour est exprimée dans les actions, dans les mouvements qu’ils effectuent en se parlant, c'est-à-dire, dans les didascalies « Elle marche vivement à lui et lui prend la main «, « Elle baise Ruy Blas au front «. Nous pouvons donc justifier que cette scène est bien lyrique, car Ruy blas avoue ses sentiments nobles à la reine.
La passion romantique est l’objet de la tragédie moderne que Victor Hugo dresse dans cette œuvre. La passion est une émotion très forte et durable qui vainc la raison, Les deux personnages éprouvent un amour extrême l’un envers l’autre « Je suis un malheureux qui vous aime d’amour «, Ruy Blas maitrise sa propre conscience mais se laisse envahir par la passion, il sera donc responsable de ses malheurs. C’est la passion qui pousse les deux personnages à s’aimer en secret « Est-ce un crime ? Tant pis ! Quand le cœur se déchire, il faut bien laisser voir tout ce qu’on y cachait« (v.259-260).Nous avons une ponctuation très expressive qui est principalement constituée de point d’exclamation qui exprime la passion intense éprouvé par les personnages « vous m’emplissez le cœur ! «(v.257), « Je vous aime ! «(v.245).Elle est aussi présente dans les paroles de Ruy Blas, sous forme d’apostrophe « Ô mon dieu ! «(v.245) et dans les paroles de la Reine « Ô César « (v294), nous pouvons aussi remarquer qu’il y a un vocabulaire religieux « Mon Dieu ! «, « Levant les yeux au ciel «. De ce fait, nous pouvons remarquer une évolution dans les paroles de la reine en trois mouvements : Lorsqu’elle complimente Ruy Blas après son réquisitoire (v.204-230), elle le vouvoie en tant que Duc « Et comme vous aviez superbement raison ! «(v.220), « Je n’y puis résister, duc, (…) « (v.205). Après que Ruy Blas ait avoué ses sentiments et que la Reine avoue les siens (v.230-289), elle le tutoie « Tu fuis la reine ? Eh bien, la reine te cherchait « (v.261). La reine s’adresse à Ruy Blas en tant que son amant. Après que la Reine avoue ses sentiments (v.289-296), elle vouvoie Ruy Blas en tant que Don César « Don César, je vous donne mon âme « (v.289). La passion romantique est donc bien présente dans cette scène d’aveux lyrique.
Tel que Victor Hugo aborde dans la Préface de Cromwell, il n’hésite pas à mélanger les registres lyriques où la reine et Ruy blas expriment leur sentiment, et le tragique où ils expriment la souffrance qu’ils ressentent.
Cette scène entre Ruy Blas et la reine est une scène d’amour tragique où s’exprime la souffrance. La scène est d’abord une scène d’amour tragique, c’est une tragédie moderne développé par Victor Hugo qui doit susciter la terreur, la pitié et l’ensemble des émotions qui nous anime. Tout d’abord, la position de la Reine est tragique par sa solitude devant son destin, par son statue de victime par rapport à Don Salluste qui cherche à se venger et aussi par sa situation d’adultère où elle éprouve de l’amour pour Ruy Blas pendant que le Roi chasse. La position de Ruy Blas dans la scène est aussi tragique, car il n’est qu’un simple laquais. La reine n’a pas encore découvert la vraie identité de Ruy Blas, il doit être aimé sous l’identité de Don César. Ruy Blas appartient donc au mélodrame par sa situation sociale et à la tragédie par la noblesse de ses sentiments. Ruy Blas est prêt à tout pour la Reine, « Et que pour vous sauver je sauverais le monde ! « (v.234), « Si vous me disiez : meurs ! Je mourrais « (v.246). Les deux personnages n’ont pas le droit de s’aimer à cause de leur statue sociaux ce qui dresse une scène d’amour tragique « Je suis bien malheureuse. Oh ! Je me tais. J’ai peur ! « (v.256).
Les personnages avouent leurs sentiments mais aussi leur souffrance qu’ils éprouvent dans cette scène d’amour .La souffrance est une douleur morale que ressentent les deux personnages par leur amour. Celle-ci est exprimée par un vocabulaire évoquant la souffrance : « Tout ce que j’ai souffert « (v.276), «Je suis bien malheureuse « (v.256), « si je fais mal «273) « Je suis esclave ainsi ! «(v.283 «. Ruy Blas souffre car il sait qu’il n’est qu’un pauvre laquais, leur différence de statue social rend leur amour impossible. Il décide donc de fuir la Reine en souffrant « Je vous fuyais, je souffrais beaucoup « (v.243), Ruy Blas ne veux pas mettre en danger la Reine « je vous aime de loin, d’en bas, du fond de l’ombre : je n’oserais toucher le bout de votre doigt « (v.238-239) .La Reine souffrait de l’absence de Ruy Blas qui l’évitait « Oh ! C’est moi qui souffrais ! (…) depuis six mois que ton regard m’évite !«(v.254-255). La Reine souffre aussi de sa vie au château « comme on met en cage une colombe « (v.274), « toujours seule, oubliée ! «(v.277), « Des chambres où l’on est plus tristes que dans d’autres« (v.281). La souffrance des personnages est la conséquence de leur passion amoureuse.
Victor Hugo écrit donc Ruy Blas pour dénoncer la situation de la France en 1838.
Le réquisitoire de Ruy Blas est au service des paroles du peuple Espagnole.
Le déclin de l’Espagne s’inscrit dans celui de la France de Victor Hugo au dix neuvième siècle.
Cet aspect propre au drame romantique engage ainsi la vision politique de l’auteur.
C’est avec cette œuvre théâtrale qui achève le mouvement romantique de Victor Hugo.
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