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Rousseau du contrat social

Publié le 27/05/2011

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Rousseau est un philosophe faisant parti des Lumières qui a vécu de 1712 à 1778. Il n'a donc pas été contemporain de la révolution française, mais en est sans aucun doute possible l'un des préparateurs, par les systèmes politiques et les valeurs qu'il présente et défend dans ses différentes œuvres. Du contrat social (ou principe du droit politique) est l'ouvrage de maturité de Rousseau, dans lequel son idée du système politique idéal est complètement établi. Il apparaît en 1762 et expose clairement l'idée que la seule forme du pouvoir politique légitime est le pouvoir qui trouve son fondement dans la volonté du peuple ou « la volonté générale », ce qui est particulièrement nouveau pour l'époque (alors encore marquée par la censure du pouvoir monarchique absolu), même si Rousseau se réfère à certaines idées déjà présentes chez Hobbes un siècle plus tôt.

Dans le premier chapitre du livre I du Contrat social Rousseau commence par indiquer que selon lui, l'homme bien qu'étant né libre se retrouve sous une forme ou sous une autre esclave. Il constate également que quand il est uniquement dirigé par la force (par exemple dans une dictature) l'homme se révolte dès qu'il le peut. Cependant certain états réussissent à gouverner le peuple sans que celui-ci veuille rependre sa liberté : il existe donc un « ordre social » qui permet un gouvernement acceptable par le peuple.

Dans le second chapitre, Rousseau pose la famille comme la première et la plus naturelle des libertés, sur laquelle sont basées (à plus grande échelle) toutes les autres. Logiquement, ses premiers intérêts sont les siens et sa propre survie. Rousseau cite ici Hobbes et Grotius, qui soutiennent l'idée que « l'homme est un loup pour l'homme » à l'état de nature. Il s'attaque ensuite à la justification de l'esclavage par les faits : ce qui est n'est pas ce qui doit être, et c'est uniquement la force (puis la peur et le manque de volonté) qui a asservi certain hommes.

Rousseau indique ensuite que la force peut être utilisée, à condition d'ensuite se légitimer par la création de lois – mais relevant uniquement d'un droit qui ne peut être celui du plus fort, puisqu'il est dans ce cas-là non seulement immoral mais également impossible de garantir sa stabilité.

Le chapitre IV rappelle que pour Rousseau, personne n'a de pouvoir naturel et justifié sur un autre homme et donc que l'esclavage est inacceptable à tous les niveaux. Etant donné que la force n'est pas non plus la solution, Rousseau prouve ici que seules les « conventions » (les lois) peuvent être le ciment d'une société. Le rôle d'un État n'est pas seulement de garantir la sécurité, mais également de respecter les libertés et droits naturels de chaque citoyen, ce qui marque la grande différence entre les dictatures et les systèmes démocratiques. Rousseau insiste une nouvelle fois sur l'immoralité d'un homme qui vendrait sa liberté pour se placer sous l'autorité d'un autre : il est donc logique qu'un peuple ne puisse non plus l'accepter. Il faut donc que le gouvernement soit reconnu par tous, à chaque génération. Rousseau établit dans ce chapitre le parallèle très clair entre la guerre et la politique, montrant qu'il faut séparer l'entité étatique de l'individu, qui est lui un homme comme les autre et a donc à ce titre droit au respect tant de sa vie que de ses biens.

Rousseau revient dans le chapitre V sur le fait qu'un seul homme ne peut s'auto-proclamer dirigeant, même s'il paraît l'être dans les faits. Son intérêt reste privé et donc au mieux différent, au pire incompatible avec l'intérêt général qu'il faut viser en tant qu'État. Rousseau écrit également que le vote n'est pas le fondement d'un peuple en tant qu'entité, mais l'une de ses conséquences visibles, puisque l'idée même du vote doit d'abord être acceptée par tous.

Pour Rousseau, comme on le voit dans le chapitre VI, la caractéristique de l'homme est qu'il est par nature indéterminée et donc ouvert à tous les changements, au contraire de l'animal. Cependant, il ne peut pas se perfectionner en tant qu'individu à l'infini, c'est pourquoi il doit allier ses forces. La difficulté de ce problème est donc que cette somme de forces doit à la fois garantir la sécurité des citoyens (ce qui est uniquement possible par un ordre reconnu par tous et auquel tous doivent se soumettre), en respectant toujours leur liberté. Le contrat social est la solution universelle et impossible à varier apportée par Rousseau. L'unique condition de ce contrat est que chacun renonce totalement à sa liberté naturelle – ce qui a une utilité à la fois morale (le principe d'égalité est respecté) et pratique (puisque tous sont soumis au même droit, c'est dans l'intérêt de tous que ce même droit leur soit avantageux : l'intérêt privé rejoint donc l'intérêt commun). De plus, si le moindre droit susceptible de s'opposer à celui offert par l'État restait aux individus, il serait impossible de trouver une troisième entité pour déterminer qui a raison et on retomberait dans l'état de guerre. Enfin, cette condition égalitaire permet à chacun de retrouver une liberté au sein de la société, une fois que tous l'ont intégrée. Ce contrat crée donc une entité obéissant à une volonté commune, appelée « volonté générale ». Rousseau définit ainsi les termes république, corps politique, État, souverain, puissance, peuple, citoyens et sujets par rapport la création de ce pouvoir collectif.

Chaque citoyen entretient donc un double rapport avec le pouvoir de l'État : il est à la fois son sujet et doit lui obéir, mais il est également un composant de cet État et à ce titre détient une partie de l'autorité sur lui-même et ses semblables, qu'il peut appliquer au travers de « délibérations publiques ». Rousseau insiste cependant sur la différence importante à faire entre les deux entités : le peuple, bien que souverain, n'est que la somme d'intérêts privés et de citoyens ; tandis que l'État, bien qu'investi de son autorité par le peuple, ne peut qu'avoir un intérêt général. Cependant, les citoyens et l'État doivent se respecter mutuellement et chercher le bien de l'autre, puisqu'ils sont étroitement liés (comme un corps et ses membres, indique Rousseau). Il démontre aussi l'improbabilité d'un basculement dans une dictature avec ce système : puisque le peuple est en capacité à reprendre (au travers de révolte et grâce à la force, notamment) l'autorité qu'il avait confié à l'État dès que celui-ci ne remplit plus son rôle de manière satisfaisante, il serait peu intelligent pour un représentant de l'État de risquer de perdre son pouvoir.

Dans le chapitre VIII, Rousseau montre que les changements de régime provoquent également des changements sur la pensée des hommes, en laissant apparaître la morale et l'intelligence – leur permettant en fait de devenir réellement des hommes. Un paragraphe indique les différences à faire entre la « liberté naturelle » et la « liberté civile », qui vont de pair avec la « possession » dans un cas et la « propriété » dans l'autre. Si le citoyen a renoncé à la liberté absolue de s'approprier n'importe quel bien, il a gagné la liberté de conserver ses biens sans peur de se les faire voler.

Dans le dernier chapitre du premier livre, Rousseau revient sur l'illogique de la possession par simple justification d'être arrivé le premier ou d'avoir réussi à gagner cette terre par la force – d'autant plus quand l'homme occupe une terre qu'il n'est même pas capable d'habiter et de cultiver seul. Or, dénonce Rousseau en prenant l'Histoire pour exemple, la société loin de combattre cette injustice la légitime et transforme une occupation par la force en droit légal. Enfin, Rousseau termine son livre I en indiquant une propriété essentielle du contrat social : il efface par son application égalitaire et commune à tous sans exceptions les inégalités physiques, intellectuelles ou morales qui séparent naturellement les hommes. Dans son système politique, nul ne peut prétendre à une plus grande autorité sur les autres, quel que soit son quotient intellectuel, sa force ou sa naissance.

 

Le concept important à retenir dans la philosophie de Rousseau est principalement le contrat social, qui est le fondement d'une cité au sens grec du terme. Pour Rousseau, une bonne organisation sociale doit reposer avant tout sur un pacte volontairement consenti par tous les citoyens et qui va garantir l'égalité, la liberté et l'intérêt commun. Dans ce pacte social, chacun renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. La souveraineté du peuple est le principe fondamental du contrat social mais à condition que ce peuple use de sa raison, c'est pourquoi la politique nécessite une bonne éducation, tant nationale que familiale. Son pouvoir ne peut pas être divisé, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'un système dans lequel chaque citoyen possèderait une petite part de la souveraineté, mais au contraire cette souveraineté appartient à l'entité formée par le peuple. Dans cette même logique, une loi est juste à condition qu'elle soit l'œuvre de la volonté générale, qu'elle s'applique à tous et qu'elle vise l'intérêt commun.

Du contrat social est donc un traité de philosophie politique présentant comment l'homme, une fois passé de l'état de nature à l'état de société, peut mettre en place un ordre social qui concilie les trois valeurs importantes de liberté, égalité et intérêt général. Le paradoxe du pacte social tient du fait que l'homme doit renoncer à sa liberté naturelle (qu'il a dans l'état de nature) pour cependant la retrouver sous une autre forme, plus en accord avec la vie en société.

 

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