1 PRÉSENTATION
Rome, en italien Roma, capitale de l’Italie et de la région du Latium, chef-lieu de la province de Rome, située dans le centre du pays, sur le Tibre, à une vingtaine de kilomètres de la mer Tyrrhénienne.
Rome devient la capitale de l’Italie unifiée en 1871. Cité d’art et d’histoire, la « Ville Éternelle » est aussi la capitale du catholicisme puisqu’elle inclut l’enclave du Vatican (le siège de la papauté), qui forme un État indépendant reconnu par le gouvernement italien depuis 1929.
2 ÉCONOMIE
Si Rome est la capitale politique de l’Italie, et la première ville du pays par sa population, elle n’est pas sa capitale économique, un rôle dévolu à Milan, dans le nord du pays. Elle se caractérise par la faiblesse du secteur industriel, qui n’emploie qu’environ 20 % de sa population active. L’industrie, qui s’est surtout développée après la Seconde Guerre mondiale, concerne traditionnellement le bâtiment, la mécanique et l’électromécanique, l’industrie chimique et pétrolière, l’agroalimentaire, le vêtement, l’imprimerie et l’édition, ainsi que l’industrie cinématographique (avec le complexe prestigieux de Cinecittà), et s’est tournée plus récemment vers la haute technologie (informatique, pharmacie).
C’est sur le secteur tertiaire, qui occupe près de 75 % de la population active, que repose l’économie romaine. Outre les activités de services publics liées à sa fonction de capitale politique nationale et régionale (administration, gouvernement), Rome abrite le siège de plusieurs organisations internationales, dont l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), la Commission mondiale de contrôle alimentaire et le Programme alimentaire mondial. Les activités commerciales sont prépondérantes, compte tenu du vaste marché de consommation que représente la capitale italienne et de sa grande attractivité touristique (dans les années 2000, le nombre de touristes par an dépasse la dizaine de millions).
Rome est aussi l’un des principaux carrefours ferroviaires, routiers et aériens d’Italie. Le trafic de l’aéroport international Léonard-de-Vinci, situé à Fiumicino, près de la côte, est l’un des plus importants d’Europe.
3 PAYSAGE URBAIN
Première ville d’Italie par sa superficie (environ 1 300 km2), Rome couvre un territoire organisé de manière concentrique selon une extension rendue nécessaire à partir de 1871 par la croissance de la ville, devenue capitale. Le centre historique constitue le noyau de ce territoire ; il s’étend à l’intérieur du mur d’Aurélien, construit à la fin du iiie siècle apr. J.-C. autour des Sept Collines formant le site défensif sur lequel Rome s’est développée : le Capitole, le Quirinal, le Viminal, l’Esquilin, le Caelius, l’Aventin et le Palatin. Ce noyau historique, relativement petit, s’étend presque entièrement sur la rive gauche du Tibre ; sur la rive droite se trouvent le Janicule et le mont Vatican. Le Capitole (ancien siège du gouvernement romain et aujourd’hui siège de la municipalité) marque le début de la zone archéologique, qui s’étend au sud et au sud-est et est traversée par la via dei Fori Imperiali (anciennement via dell’Impero), l’une des artères percées par Benito Mussolini. Les principaux aménagements urbains du centre historique datent du début du xixe siècle, pendant l’occupation napoléonienne, et de la période mussolinienne (1922-1943). Au nord du Capitole, la piazza Venezia, centre géographique de Rome dominé par l’imposant et controversé monument dédié à Victor Emmanuel II (1885-1911), voit converger les principales artères de la ville : à l’ouest, le corso Vittorio Emanuele s’enfonce dans la boucle du Tibre ; au nord, la via del Corso mène à la piazza del Popolo, au pied du Pincio ; au nord-est, la via Vittorio Veneto et, à l’est, la via Nazionale.
À partir de 1871, la ville se développe de manière anarchique. Par la suite, les aménagements mussoliniens créent de nouveaux quartiers d’affaires et résidentiels, en particulier l’Esposizione Universale di Roma (EUR). Baptisé ainsi dans la perspective de l’exposition universelle de 1942 — qui n’a pas eu lieu —, l’EUR est commencé en 1938 et achevé seulement en 1960. Autour de ces quartiers, des ensembles périphériques sont crées afin d’accueillir le flot des immigrants, formant une vaste banlieue. Un plan d’aménagement adopté en 1962 permet de mieux gérer la croissance de la métropole, avec notamment la construction d’une rocade raccordée aux autoroutes (1970). Un réseau souterrain de métro dessert également la ville, mais son développement est entravé par la nécessité de préserver le sous-sol riche en vestiges archéologiques.
4 PATRIMOINE ARTISTIQUE ET CULTUREL
4.1 Monuments
L’immense patrimoine monumental et artistique de Rome oblige à n’en fournir ici qu’une évocation lapidaire, suivant les grandes périodes historiques. L’héritage de la Rome antique est particulièrement riche dans les zones archéologiques du Forum romain et du mont Palatin, à Ostie et le long de la Via Appia (la voie Appienne). Il est également représenté par de nombreux monuments tels que le Colisée (ier siècle apr. J.-C.), la colonne Trajane, le Panthéon, le château Saint-Ange, mausolée de l’empereur romain Hadrien transformé en château fortifié au Moyen Âge — tous édifiés au iie siècle — et les thermes de Caracalla (iiie siècle). Les basiliques de Sainte-Marie-Majeure et de Sainte-Sabine (ve siècle) illustrent la période paléochrétienne, de même que les catacombes, cimetières des premiers chrétiens, dont l’entrée se trouve généralement au début des voies romaines rayonnant autour de la ville (telles que les catacombes de Saint-Calixte du iie siècle, via Appia antica) ; l’arc de triomphe de Constantin (312-315) est l’une des portes perçant le mur d’Aurélien.
Plusieurs basiliques datent du Moyen Âge (Saint-Clément, Santa Maria in Trastevere, Saint-Laurent-hors-les-murs), ainsi que le cloître de la basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de la ville. Foyer de la Renaissance après Florence, Rome s’enrichit notamment au xvie siècle du Tempietto de Bramante puis, avec l’arrivée de Michel-Ange, du palais Farnèse, de la place du Capitole et de la basilique Saint-Pierre. Parmi les nombreux chefs d’œuvre de la Rome baroque, figurent la place Saint-Pierre, réalisée entre 1656 et 1667 par le Bernin, également l’auteur de la fontaine des Quatre-Fleuves, sur la piazza Navona, le palais du Quirinal (résidence du président de la République), la piazza di Spagna et la fontaine de Trevi (1732-1762).
Du xixe siècle date notamment la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, de facture néoclassique. Le palais de la Civilisation italienne (1938) et le palais des Sports, conçu en 1957 par Pier Luigi Nervi et Annibale Vitellozzi, constituent les principaux monuments de l’époque contemporaine, de même que la gare centrale (Stazione Termini), inaugurée en 1950.
4.2 Musées
Les musées romains, qui comptent parmi les plus beaux du monde, sont nombreux et englobent tous les aspects des arts et des sciences. La plus ancienne collection artistique de la ville, conservée aux musées du Capitole et réunie dès 1471, contient des pièces antiques exceptionnelles. Rome abrite également le Musée national de la villa Giulia, situé dans la résidence d’été (1550-1555) du pape Jules III, et qui propose une collection remarquable d’œuvres d’art étrusques et romaines, ainsi que la galerie Borghèse, installée dans un palais du xviie siècle, le casino Borghèse, construit par le Hollandais Jean Van Santen. Le Musée national romain (dans l’ancien couvent des Chartreux), expose des sculptures grecques, dont les pièces antiques de la collection Ludovisi, acquises en 1901. D’autres palais de la ville contiennent également d’importantes collections d’œuvres artistiques, dont le palais Farnèse, construit entre 1514 et 1589 et qui abrite aujourd’hui l’ambassade de France, le palazzo Venezia du xve siècle qui contient une remarquable collection de bronzes de la Renaissance et le palazzo Barberini, un palais baroque du xviie siècle qui renferme la galerie nationale d’Art antique.
5 ÉDUCATION
Rome abrite le plus grand centre d’enseignement supérieur d’Italie, l’université de Rome (1303). En raison notamment de son extraordinaire richesse dans ce domaine, Rome est un centre mondial pour les études artistiques. La ville possède des établissements spécialisés, dont l’Académie des beaux-arts, l’Académie nationale de danse, l’Académie nationale d’art dramatique, le Conservatoire de musique Santa Cecilia et l’Institut central pour la restauration des œuvres d’art. Depuis la Renaissance, des étudiants du monde entier séjournent à Rome afin de s’enrichir au contact du patrimoine de la ville. C’est d’ailleurs pour cette raison que Louis XIV de France a créé, en 1666, l’Académie de France qui, installée dans la villa Médicis depuis 1803, accueille chaque année de jeunes artistes et historiens français.
6 HISTOIRE
Selon la légende, la cité de Rome aurait été fondée par Romulus en 753 av. J.-C. Même si des éléments archéologiques indiquent des traces antérieures d’habitation sur le site, il est probable que la véritable installation humaine date approximativement de cette période. On a découvert les traces d’un village qui daterait de l’âge du fer, soit du viiie siècle av. J.-C., sur le mont Palatin. De même, certaines ruines semblent attester l’authenticité de la légende de l’enlèvement des Sabines par les Romains, de l’alliance qui s’en est suivie entre les deux peuples et de l’union des Romains et des Sabins.
6.1 La Rome royale et républicaine
Ce sont des rois étrusques qui dirigent Rome du viie siècle à la fin du vie siècle av. J.-C. Le renversement du dernier monarque, aux alentours de 510 av. J.-C., marque la fin de la royauté et l’instauration de la République. Rome commence alors à absorber les villages voisins. Après une invasion gauloise au début du ive siècle av. J.-C., les Romains entreprennent la construction du mur Servien autour de la cité, puis du premier aqueduc de la ville en 312 av. J.-C. Au même moment se déroule la construction de la voie Appienne (Via Appia), qui relie Rome au sud de l’Italie. La ville continue à se développer pendant et après les guerres puniques (264-146 av. J.-C.). C’est à cette époque qu’est construite, dans le Forum, la première basilique, un édifice public pouvant accueillir un grand nombre de personnes démunies en cas de mauvais temps (184 av. J.-C.).
Après les assassinats (133 et 121 av. J.-C.) des frères Tibérius et Caïus Gracchus, qui ont tenté d’instaurer des réformes agraires destinées à aider les plus démunis, la cité connaît une phase d’instabilité, en particulier au cours des guerres civiles qui se déroulent au ier siècle av. J.-C. et qui voient Jules César s’installer au pouvoir en tant que dictateur de la République (le dictateur à Rome est investi temporairement de tous les pouvoirs politiques et militaires). Le premier Forum ne pouvant plus accueillir la plèbe, César entreprend la construction d’un second monument. Celui-ci est réalisé sous Auguste, le premier empereur, qui fait également bâtir le Forum d’Auguste.
6.2 La Rome impériale
À la fin du ier siècle av. J.-C., Rome devient le centre de l’Empire et la capitale du « monde civilisé », tant sur le plan géographique que sur le plan politique. Cette vaste agglomération dispose de réserves d’eau suffisantes et d’un système d’égout efficace, mais souffre de la fréquence des incendies provoqués par le surpeuplement et la promiscuité des habitations. L’empereur Auguste crée alors les vigiles, des pompiers disposant des mêmes pouvoirs que la police. En outre, il interdit le passage des véhicules dans les ruelles surpeuplées pendant la journée et limite la hauteur maximale des bâtiments. Un dramatique incendie en 64 apr. J.-C. détruit cependant une grande partie du centre-ville, permettant à l’empereur Néron de faire édifier un palais, la Domus Aurea (« Maison dorée »).
La dynastie des Flaviens (69-96 apr. J.-C.), soucieuse de se faire apprécier du peuple, entreprend un programme de travaux publics. L’imposant amphithéâtre (le Colisée), destiné à accueillir les combats de gladiateurs et certaines batailles très populaires, est sa plus célèbre réalisation. À cette époque, un manque de travail chronique sévit dans la ville. Des distributions de nourriture sont alors organisées pour le peuple, qui bénéficie aussi de spectacles gratuits. C’est également la période des courses de chars et des représentations dans de somptueux théâtres. Cette politique démagogique, destinée à maintenir l’empereur en place, répond à l’appel populaire « du pain et des jeux ! » (panem et circenses).
L’empereur Trajan fait construire le dernier forum de l’Empire au début du iie siècle. C’est la période des thermes romains, dont les plus importants sont construits par Caracalla et Dioclétien au iiie siècle. En raison du déclin qui menace déjà l’Empire, on construit, au iiie siècle, une enceinte autour de la cité. Au cours du siècle suivant, l’empereur Constantin le Grand fonde la ville de Constantinople (aujourd’hui Istanbul), qu’il baptise la « Nouvelle Rome » chrétienne. En dépit du déclin progressif que Rome accuse, les premières basiliques chrétiennes, dont la basilique Saint-Pierre, y sont élevées à cette époque.
6.3 Déclin de la cité
En 410 et 455, Rome est mise à sac par des tribus germaniques, les Wisigoths puis les Vandales. Les autorités tentent de préserver l’unité de la ville malgré le désordre grandissant, mais l’arrivée des Ostrogoths au vie siècle, suivie d’une occupation byzantine dévastatrice, précipitent la chute de la cité et la diminution de sa population. Rome étant cependant, à cette époque, le siège de la papauté, un noyau de citoyens y reste attaché. Sous l’autorité du pape Grégoire Ier, le déclin cesse, jusqu’à ce que l’Italie redevienne un champ de batailles. Au ixe siècle, les Arabes attaquent la région de Rome. Au Moyen Âge, les zones constructibles se limitent aux berges du Tibre en raison du manque d’eau, un seul des anciens aqueducs demeurant utilisable.
6.4 La gloire papale
C’est au xie siècle que la ville retrouve une certaine prospérité, même si les progrès réalisés ralentissent à nouveau au xive siècle, lors de l’installation des papes en Avignon (voir papauté en Avignon, 1309-1376). La papauté revient à Rome en janvier 1377 et, dans la seconde moitié du xve siècle, Rome devient le foyer culturel de la Renaissance. La papauté décide d’aider les arts, et Rome recommence à s’enrichir. Le pape Nicolas V (souverain pontife de 1447 à 1455) ordonne la réparation de l’enceinte de protection de la cité, la construction de nouveaux palais et la restauration des églises. Les plus grands artistes et architectes s’installent à Rome, qui supplante Florence à la fin du siècle. Les troupes de l’empereur Charles Quint, qui mettent la ville à sac en 1527, ne peuvent empêcher ce nouvel essor. Au xvie siècle, Michel-Ange, Bramante, Raphaël et un certain nombre d’autres artistes travaillent pour le Saint-Siège, essentiellement à la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre. Lors du pontificat de Sixte V (1585-1590), la phase de modernisation de la ville débute enfin avec la construction de trois grandes avenues qui relient la Piazza del Popolo au cœur de ville. Sixte V fait également bâtir des places et des fontaines, et demande la restauration de l’aqueduc de l’Acqua Felice. D’anciennes églises sont simultanément restaurées et le dôme de la basilique Saint-Pierre est achevé.
Le style baroque, caractéristique de la Rome de la Contre-Réforme, apparaît largement dans les constructions du xviie siècle. Des sculpteurs et des architectes, tels que le Bernin et Francesco Borromini, transforment l’aspect de la ville. Au xviiie siècle, Rome connaît une période de tranquillité relative. Les édifices en style rococo du début du siècle cèdent la place à des structures néoclassiques. En 1797, Napoléon Bonaparte s’empare de la ville, et les Français s’approprient un grand nombre de ses trésors artistiques. Après le congrès de Vienne en 1815, Rome est replacée sous l’autorité de la papauté. Cependant, l’occupation napoléonienne de l’Italie a stimulé un mouvement nationaliste naissant, et contribue à l’unification du pays en 1861, sous l’égide de la maison de Savoie. Rome, en tant que siège de la papauté, est rattachée au royaume d’Italie en 1870. Le pape en exercice se déclare alors « prisonnier au Vatican ».
6.5 Capitale nationale
Une fois Rome déclarée capitale de l’Italie unifiée en 1871, la ville connaît une période de croissance démographique spectaculaire — sa population, qui compte alors environ 200 000 habitants, double en trente ans — entraînant une construction anarchique, malgré les tentatives de régulation de la fièvre spéculative menées par son maire Ernesto Nathan (1907-1913), et la définition d’un premier plan d’urbanisation hors les murs du centre historique. À la suite de la marche sur Rome (1922), Benito Mussolini entreprend de grands travaux, en particulier l’assainissement de l’Agro romano (la campane romaine) — appartenant aux marais Pontins —, qui permet de développer le secteur agricole, le dégagement des forums et la création de nouveaux quartiers résidentiels et d’affaires — l’EUR (Esposizione Universale di Roma) est notamment conçu comme la vitrine architecturale de l’Italie fasciste), ainsi que des ensembles d’habitations à la périphérie (en 1930, la population romaine s’élève à près de 900 000 habitants). Parallèlement, il signe avec le pape les accords du Latran (1929), qui règlent la question romaine et créent l’État de la Cité du Vatican. Bénéficiant d’un statut particulier durant la Seconde Guerre mondiale, Rome n’est que peu bombardée. La période de l’après-guerre est marquée par la tenue des jeux Olympiques en 1960, qui favorise la construction de nombreuses installations (en particulier dans le quartier de l’EUR). La croissance de la ville se poursuit encore aujourd’hui, aux dépens de la campagne qui l’entoure.
Population 2007 : 2 705 603 habitants.