roman noir français - littérature.
Publié le 28/04/2013
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«
noire » qui, à sa création en 1945, accueille principalement des auteurs américains — avec toutefois quelques belles exceptions, puisque Serge Arcouët y signe la Mort et l’Ange (1948), sous le pseudonyme de Terry G.
Stewart.
Parmi la pléthore de romans noirs publiés durant cette période, il faut également citer Ainsi soit-il (1948) de Maurice Raphael (pseudonyme d’Ange Bastiani), et le Bon Dieu s’en fout (1948) d’André Héléna.
7 LES TRUANDS DES ANNÉES CINQUANTE
Exception faite des romans de Simenon (salués par Dashiell Hammett) et de Frédéric Dard, le roman noir français construit sa propre mythologie — se codifie en somme — autour des truands du quartier parisien de Pigalle.
Les écrivains insistent sur
l’aspect pittoresque du « milieu », décrivent des rivalités de gangs, imaginent des cambriolages sophistiqués.
Parmi eux, quelques-uns ont réellement fréquenté le milieu, comme Auguste Le Breton (1913-1999), qui signe deux polars remarquables avec Du rififi chez les hommes (1953, porté à l’écran par Jules Dassin en 1955 — voir Du rififi chez les
hommes ) et Razzia sur la Chnouf (1954, adapté par Henri Decoin en 1955) ; José Giovanni, qui évoque la prison, dans le Trou (1957, adapté au cinéma par Jacques Becker en 1960 — voir le Trou ), ou les truands de ses amis, dans le Deuxième
Souffle (1958, adapté par Jean-Pierre Melville en 1966) ; Pierre Lesou, pour son extraordinaire Doulos (1957, avec une version filmée du même Melville en 1962).
Mais c’est Albert Simonin qui connaît alors le plus gros succès avec Touchez pas au
grisbi ! (1953) — succès amplifié par l’adaptation cinématographique qu’en donne Jacques Becker l’année suivante (Touchez pas au grisbi) — et ses suites qui reprennent le même personnage du vieux truand Max le Menteur, à savoir Le cave se
rebiffe (1954) et Grisbi or not grisbi (1955, qui devient au cinéma les Tontons flingueurs ).
Cette trilogie vaut à son auteur le surnom de « Chateaubriand de l’argot ».
Quelques auteurs dédaignent ce thème imposé (bientôt un poncif), préférant décrire, en partant de leur expérience personnelle, certains milieux sociaux.
Terry G.
Stewart parle ainsi de luttes syndicales ( la Belle Vie, 1950) ou des conflits de pouvoir
autour de la découverte d’uranium dans une région ( la Soupe à la grimace, 1953).
Georges Bayle fait part de sa connaissance du métier de routier dans Du raisin dans le gas-oil (1954), tandis que John (ou Jean) Amila s’affirme comme un auteur
prodigieux avec Y’a pas de bon Dieu (1950) , Motus ! (1953) et Sans attendre Godot (1956).
Signalons encore Jean Dorcino pour le Crapaud (1956), André Duquesnes pour Jusqu’au dernier (1956), Robert-Georges Méra et sa série à l’américaine signée du pseudonyme de George Maxwell, Boileau-Narcejac pour Celle qui n’était plus (1952) et
D’entre les morts (1954), et Pierre Siniac pour Monsieur Cauchemar (1959).
Quant à Léo Malet, il fait enquêter Nestor Burma dans chaque arrondissement de la capitale dans l’étonnante série des Nouveaux Mystères de Paris (les Rats de Montsouris, 1955 ; Pas de bavards à la Muette, Brouillard au pont de Tolbiac, 1956 ; les
Eaux troubles de Javel , Micmac moche au Boul’Mich, Du Rebecca, rue des Rosiers, 1957 ; etc.).
8 LE RENOUVEAU DU ROMAN NOIR APRÈS MAI 68
Après un creux de plus de dix ans, dont n’émergent guère que les romans de Georges Simenon, José Giovanni, Jean Amila, Frédéric Dard, Albert Simonin et Pierre Lesou, le roman noir français se régénère autour de Mai 1968.
C’est d’abord la consécration de Pierre Siniac, avec les Morfalous (1968).
Siniac prolonge ce premier succès par une longue série tonitruante — commencée par Luj Inferman et la Cloducque (1971) —, qui mêle humour et horreur.
Obscènes et
monstrueux, ses deux héros vont hanter la « Série noire » pendant une dizaine d’années, traînant avec eux une violence meurtrière et un grotesque digne de Rabelais.
Subversif et en perpétuelle révolte, Pierre Siniac s’attaque autant à la langue qu’à
la bienséance, dans des ouvrages certes très noirs mais toujours très drôles.
Moins baroque, mais talentueux, ironique et truculent, quoique franchement réactionnaire, A.
D.
G.
(pseudonyme de Alain Fournier) s’impose avec la Nuit des grands chiens malades (1972), tandis qu’Emmanuel Errer conte la tragédie d’un soldat
perdu dans Descente en torche (1974) et que le cinéaste Jean Herman (1933- ) publie sous le pseudonyme de Jean Vautrin un pamphlet libertaire de taille, À bulletins rouges (1973), suivi du délirant Billy-ze-Kick (1974), qui applique au roman noir
des techniques d’écriture empruntées à Raymond Queneau.
D’autres personnalités originales se révèlent encore au cours des années soixante-dix : Gilbert Tenugi, avec Requiem pour Woona (1970) et le Canal rouge (1972), Raf Vallet (pseudonyme de Jean Laborde) avec Mort d’un pourri (1972) et Robert
Destanque avec le Serpent à lunettes (1978).
9 L’APPARITION DU « NÉOPOLAR »
C’est Jean-Pierre Bastid qui va révolutionner le genre et mettre sur orbite un auteur important, Jean-Patrick Manchette.
En écrivant de concert Laissez bronzer les cadavres (publié dans la « Série noire » en 1971), ils ouvrent le roman noir à la critique
sociale et à la contestation politique gauchiste, inventant ainsi sans le savoir ce que la critique appellera le « néopolar ».
Bastid écrit ensuite Méchoui massacre (1974) puis, en collaboration avec Michel Martens, les Tours d’angoisse (1974), Derrick au
poing (1975) et Adieu la vie (1977).
Seul à nouveau, il signe Parcours fléché (1995) et Notre-Dame des Nègres (1996), dont la violence anarchiste reste très virulente.
De son côté, Jean-Patrick Manchette devient en huit romans un maître du genre ; il donne au roman noir des préoccupations, une ambition et un cadre nouveaux, qui font voler en éclats tous les poncifs associés à la littérature policière.
Les
mythologies liées aux bandes de truands de Pigalle ou de Marseille sont abandonnées, les polices parallèles et politiques remplacent les flics corrompus, la délinquance en col blanc apparaît dans sa collusion avec les arcanes du pouvoir.
L’Affaire
N’Gustro (1971) est d’ailleurs une transposition de l’affaire Ben Barka, tandis que Ô dingos, ô châteaux ! (1972) joue de la métaphore sur la société pompidolienne et que Nada (1972) apparaît comme une fresque désespérée sur un groupuscule
d’ultra-gauche.
Puis, Manchette introduit un détective « à la française », Eugène Tarpon, que l’on retrouve dans l’Homme au boulet rouge (1972), Morgue pleine (1973), Que d’os ! (1976), le Petit Bleu de la côte ouest (1976) et la Position du tireur couché (1981),
tous écrits dans un style simple et efficace traduisant un souci d’originalité et une volonté de rupture avec les « parrains » américains et français du roman noir.
Ensuite, c’est le silence ; Manchette décédant en 1995, son ultime roman, la Princesse du
sang , est publié à titre posthume en 1996.
10 LA NOUVELLE VAGUE.
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