roman noir américain - littérature.
Publié le 28/04/2013
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Dans Tous des voleurs (Thieves Like Us, 1937), Edward Anderson dénonce, à travers le récit d’une fulgurante histoire d’amour entre deux jeunes hors-la-loi, le néofascisme qui prospère sur le terreau de la dépression économique.
Gerald Kersh décrit le calvaire d’un petit voyou sans envergure avec les Forbans de la nuit (Night and the City, 1938).
David Goodis écrit à vingt et un ans un roman sur le mal de vivre d’une jeunesse américaine antiraciste et antifasciste, Retour à la vie (Retreat from Oblivion, 1938).
En marge de ce courant, l’Anglais James Hadley Chase, enfin, s’infiltre dans cette brèche ouverte en écrivant des romans noirs et tragiques qui passent aux États-Unis pour des modèles : Pas d’orchidées pour Miss Blandish (No Orchids for Miss
Blandish, 1939) et Ève (Eva, 1945).
6 ROMAN NOIR ET HUMOUR
Une voie ironique, caractérisée par un humour très caustique, s’ouvre avec Jonathan Latimer et son roman Quadrille à la morgue (Lady in The Morgue, 1936).
Elle se développe avec l’auteur britannique Peter Cheyney, dont les récits mêlent violence
et décontraction autour de personnages cyniques, amateurs de scotch et de jolies femmes, tels l’agent du FBI Lemmy Caution dans Cet homme est dangereux (This Man is Dangerous, 1936), et Slim Callaghan dans Les étoiles se cachent (The Stars
are Dark, 1943).
La grande révélation de ce versant humoristique du roman hard boiled est Raymond Chandler, à partir de la publication du Grand Sommeil (The Big Sleep), en 1939.
Chandler excelle à mettre en scène la désinvolture, incarnée en la personne du
détective Philip Marlowe (immortalisé à l’écran par Humphrey Bogart), sans jamais sacrifier son propos, et la dénonciation — très grinçante — de la haute société californienne.
Écrits à la première personne, ses récits ( Adieu ma jolie, 1940 ; la Grande
Fenêtre, 1942 ; la Dame du lac, 1943 ; etc.) composent un cycle d’une grande qualité littéraire, où le personnage du détective privé qui en est le héros s’éloigne des types jusqu’alors façonnés par le roman à énigme ou le roman noir des années 1930.
Marlowe est en effet un homme fidèle à une éthique, en dépit des coups de toutes sortes qu’il reçoit ; il est un miroir révélateur de la société américaine ; ses aventures le laissent toujours blessé, écœuré ou triste, mais son sens moral prime sur tout.
Parmi les auteurs américains qui se sont illustrés dans la veine humoristique du hard boiled, on retiendra encore le nom de Frank Gruber, avec Monnaie de singe (The French Key, 1940), roman dans lequel deux trimardeurs victimes de la crise
économique jouent les détectives amateurs, et celui de Cleve Adams, avec Après moi, le déluge (Death and The Dawn), qui met en scène le détective cynique, raciste et macho Rex McBride.
7 ESSOR DU THRILLER
Le succès de ces auteurs, conjugué à la vogue nouvelle du film noir, conduit les éditeurs à privilégier le roman noir à suspense, ou thriller.
Dorothy Belle Hughes réussit à calquer les règles du thriller sur celles du roman classique à énigme dans la Boule bleue (The Blue Marble, 1940), dont l’héroïne est une femme.
William O’Farrell introduit dans le roman noir un fantastique teinté
d’humour, avec Les carottes sont cuites (Repeat Peformance, 1942).
Samuel Fuller compose un thriller diabolique dans le milieu du journalisme — l’Inexorable Enquête (The Dark Page, 1944) —, et Kenneth Millar signe un récit antinazi sous forme de
roman noir — À la déloyale (The Dark Tunnel, 1944) —, puis soulève un déchaînement de violence dans À feu et à sang (Blue City, 1947), qui dénonce la corruption au sein d’une petite ville.
Le même Millar, sous le pseudonyme de Ross Macdonald,
écrit ensuite les aventures d’un détective au profil assez semblable à celui de Philip Marlowe, Lew Archer, à partir de Il est passé par ici (The Moving Target, 1949).
À côtés de romans noirs atypiques comme Tendre femelle (Deadlier than the Male, 1942), de James Gunn, le genre s’enrichit d’un nouveau courant, qui privilégie une forme d’onirisme fascinant autour de la notion de suspense.
William Irish en est le chef de file, avec des nouvelles et des romans qu’il signe de son nom — La mariée était en noir (The Bride Wore Black, 1940), dont François Truffaut donne une adaptation cinématographique en 1968 —, ou des pseudonymes de
Cornell Woolrich — Retour à Tillary Street (The Black Curtain, 1941) — et de George Hopley — les Yeux de la nuit (Night Has a Thousand Eyes, 1945).
Dans cette voie au romantisme exaspéré, il faut encore citer des romans comme le Funiculaire des anges (Flight of an Angel, 1946), de Verne Chute, ou les romans de Gerard Butler, Kiss the Blood off my Hands (les Mains pures ou Du sang sur tes
mains, 1940) et Mad With Much Heart (1946).
8 L’APRÈS-GUERRE OU L’ÂGE D’OR DU ROMAN NOIR AMÉRICAIN
L’après-guerre est une époque faste pour le roman noir, comme pour le roman policier en général.
Les pays sortant de l’occupation allemande sont friands de littérature américaine ; le roman noir profite de cet engouement et se diffuse dans le monde
entier.
Les collections policières se multiplient d’ailleurs un peu partout, particulièrement en France où Marcel Duhamel crée, en 1945, la célèbre « Série noire » chez Gallimard.
Aux États-Unis, une nouvelle génération d’auteurs voit le jour.
À l’exception de cas particuliers comme le poète Kenneth Fearing — le Grand Horloger (The Big Clock, 1946) —, nombre d’écrivains se tournent vers ce type de littérature avec l’espoir d’y
faire carrière et d’attirer l’attention des producteurs de Hollywood.
Chester Himes, qui a purgé une peine de sept ans de prison pour vol, transpose son expérience du racisme dans S’il braille, lâche-le (If He Hollers Let Him Go, 1945), puis aborde le roman noir avec la Croisade de Lee Gordon (Lonely Crusade, 1947)
ou la Fin d’un primitif (The Primitive, 1956).
Installé en France à partir du milieu des années 1950, il donne naissance à un duo de policiers noirs, Ed Cercueil et Fossoyeur, dans la Reine des pommes (The Five Cornered Square, puis For Love of
Imabelle, 1958), premier volet d’une série d’aventures au style percutant.
Mickey Spillane n’a pas trente ans lorsqu’il invente, dans J’aurai ta peau (I, the Jury, 1946), son personnage de détective privé brutal et sans scrupules, Mike Hammer.
À rebours des héros moralistes du roman noir, le sien n’a pas d’autre éthique que
celle d’exécuter lui-même les coupables.
Tout repose sur une chasse à l’homme dans un territoire où la boue et le sordide règnent sans partage à tous les niveaux de l’échelle sociale.
Ce défenseur du bien a un comportement fasciste ; adorant la
violence et le sexe, c’est un justicier sans pitié, un individualiste farouche vouant une haine tenace pour la démocratie.
Pourtant, aussi antipathique puisse-t-il paraître, Mike Hammer connaît un succès public immense, comme si ses aventures avaient
pu constituer un lieu de défoulement pour la centaine de millions de lecteurs dans le monde.
À l’inverse de Spillane, Robert Finnegan (mort prématurément en 1947) est un auteur engagé.
Son héros, le reporter Dan Banion, dénonce toutes les formes de fascisme dans Mensonges de femmes ou Tu mens, Beth ! (The Lying Ladies, 1946), les.
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