Rhinocéros Ionesco
Publié le 23/04/2012
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Le théâtre de l'absurde Dans le s ruines de l 'après guer re naî t un théât re qui se moque al lègrement de toutes nos t ragédies . Aux ant ipodes de l 'engagement . Tiens , i l es t neuf heures , remarque Mme Smi th au tout début de la Cancatrice chauve, au moment où la pendule v ient de f rapper di x - sept coups . Une chose au moins es t sûre, en ce début des années 50, les pet i tes ant i -pièces de théât re de Iones co, Adamov et Becket t év i tent soigneusement d'êt re de leur temps . I s sue de la Rés i s tance, de ses espoi r s et de ses aigreur s , la IVème Républ ique es t v i te ent rée dans la guer re f roide, la c r i se de l 'empi re colonial , la peur nuc léai re. Le parti de Moscou et celui de Washington se partagent les esprits. Les idéologies sont en pleine forme et le désespoi r lui -même es t sol idement s t ruc turé. Au Quar t ier lat in, les débat s ent re chrét iens , mar x i s tes et ex i s tent ial i s tes font sal le comble, débordant souvent sur les t rot toi r s . . . A ceux qui sor tent de l 'expéri ence de la guer re (Aus chwi t z , Hi roshima) avec un v iolent sent iment de l 'absurdi té de la condi t ion humaine, Camus et Sar t re proposent des modèles de compor tement : une at t i tude de digni té gr i se pour le premier , un engagement « quand même » pour le second. Sur s cène, dans un cas comme dans l 'aut re, le dialogue permet au moins de cont inuer à célébrer la pui s sance des mot s face au chaos des choses . Ionesco, Adamov et Beckett rompent en faisant remonter ce chaos du monde jusque dans la parole et le jeu des acteurs, en liant la dérision de l'époque\"à une dérision du langage et de la s cène. Tout , au dépar t , déconcer te dans cet « ant i théât re »: pas de personnage au sens classique du terme, pas de psychologie, pas de caractères, pas d'intrigue, peu de mot i vat ions dans les al lées et venues et les ac tes des personnages. La parole est mise à plat par des lieux communs, désarti culée par des coq-à- l 'âne, obs cur c ie par des el l ipses . Pas sent al or s à la t r appe la vér i té, l 'êt re, la logique, le di s cour s , l 'ac t ion et le sujet . « Le thème de la v ie, rappel le Iones co, c 'es t le r ien », e t les per sonnages de En attendant Godot ont pour lei tmot i v qu' « i l n' y a r ien à fai re ». Mai s t rêve de phi losophie : ces pièces d'avant -garde sont d'abord des spec tac le s et ne rencont rent le suc cès que dans la mesure où, rompant avec des code s réal i s te s épui sés , el les renouvel lent le plai s i r du spec tateur . Les dramaturges du nouveau théât re font leur le bon v ieux pr inc ipe de la théologie : credo quia absurdum «j'y crois parce que c'est absurde ». Une fois balayés le réalisme, la vraisemblance et les règles de la psychologie, la place est libre pour de nouvelles formes de langage et de gestes : ainsi cette entrée inattendue dans En attendant Godot, d'un homme, la corde au cou, tenu en lai s se par un aut re. Ce jeu à la foi s inopiné et s i év ident , s i déconcer tant e t s i plaus i ble, en di t soudain plus long sur la condi t ion humaine que bien des grands monologues .
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