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rhétorique - littérature.

Publié le 28/04/2013

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rhétorique - littérature. 1 PRÉSENTATION rhétorique, art de l'éloquence et de la persuasion, définition qui correspond, dans son acception la plus large, à celle qu'en avait donnée l'Antiquité. Au sens où l'entendent les Anciens, elle est une théorie de l'argumentation. De ses origines juridiques -- elle serait née dans la Grèce antique de la nécessité de codifier l'art des plaidoyers -- la rhétorique avait conservé pour visée d'être avant tout un art de disposer des arguments en vue de disqualifier une thèse et de convaincre un auditoire du bien-fondé de la thèse adverse. Le discours rhétorique, initialement conçu comme un discours oral, et non comme un texte, a pour fin d'amener les auditeurs à examiner les faits exposés à la lumière d'un point de vue particulier, celui de l'orateur. En d'autres termes, la fonction première de la rhétorique était moins de représenter le monde que d'amener à le voir sous un angle spécifique. Les textes de l'éloquence judiciaire, les réquisitoires et les plaidoyers sont le plus possible éloignés de la présentation neutre des faits. C'est le poids de cette histoire qui explique que la rhétorique ait pu être décrite comme manipulatrice et insincère. L'essence de la rhétorique était d'être un art oratoire. Cette prééminence accordée à l'oral se manifeste bien dans les deux composantes de la memoria (techniques de mémorisation du discours) et de l'actio (art, essentiel pour l'orateur, de la gestuelle) que les traités ultérieurs ne prennent plus guère en compte, puisqu'ils privilégieront désormais les trois autres composantes, l'inventio (qui correspond à la recherche des arguments à l'intérieur d'une topique, recueil de lieux communs de la pensée ou topoï, selon Aristote), la dispositio (ou art d'ordonner les arguments) et l'elocutio (qui correspond à l'art d'orner la parole à l'aide des figures). 2 LA RHÉTORIQUE ANTIQUE La naissance de la rhétorique est liée à l'établissement des institutions démocratiques à Athènes, au VIe siècle avant notre ère. Le fondateur de la rhétorique, Corax, la définit comme un art de la persuasion. On lui doit le premier texte sur la rhétorique. Les élèves de Corax, notamment Tisias et Gorgias, enseignèrent l'art de l'éloquence et furent parmi les premiers rhéteurs. L'orateur athénien Isocrate ( IVe siècle avant J.-C.), disciple de Gorgias, éleva la rhétorique au-dessus de la seule éloquence judiciaire. Platon, dans la critique qu'il prête à Socrate de la rhétorique des sophistes, a fixé durablement, dans le dialogue du Gorgias, l'image de la rhétorique comme artificieuse et sophistique, détournée de la recherche de la vérité. Aristote, dans sa Rhétorique, procéda à un classement des genres en délibératif, judiciaire et épidictique (le discours épidictique est un discours de louange) et à une analyse des différentes parties du discours archétypique de l'éloquence judiciaire (exorde, narration, péroraison). À Rome, les grands maîtres de l'éloquence furent Cicéron et Quintilien. Leur conception de la rhétorique venait du modèle grec. Cicéron a écrit plusieurs traités de rhétorique, notamment le De oratore. On doit à Quintilien le traité De l'institution oratoire et à Tacite un Dialogue des orateurs. Les traités des auteurs latins ont mis l'accent sur la pratique de l'art oratoire. 3 LA RHÉTORIQUE AU MOYEN ÂGE ET À LA RENAISSANCE Au Moyen Âge, la rhétorique était l'une des disciplines du trivium, les deux autres étant la grammaire et la logique. La Rhétorique à Hérennius, traité paru en 82 av. J.-C., d'abord attribué à Cicéron, a servi de base à l'enseignement de la rhétorique et, tout spécifiquement, des techniques mnémoniques, ou arts de la mémoire. À la Renaissance, le renouveau du goût pour les textes classiques de l'Antiquité et la multiplication des traductions d'oeuvres grecques et latines eurent pour conséquence une diffusion accrue et une meilleure connaissance des textes d'Aristote, de Cicéron et de Quintilien. 4 LA RHÉTORIQUE DE L'ÂGE CLASSIQUE AU XIXE SIÈCLE Les traités du XVIIe et du XVIIIe siècle ont en commun d'avoir abordé la théorisation de la question des figures, quitte à ce que fussent laissées dans l'ombre les questions qui avaient préoccupé les Anciens, notamment celle de la classification des genres et celle de l'analyse des parties du discours. Certes, à cette époque, la rhétorique était toujours conçue comme un art de l'éloquence, comme en témoignent les traités de Bernard Lamy, la Rhétorique ou l'Art de parler (1675-1715), de Gibert, la Rhétorique ou les Règles de l'éloquence (1730), ou de Crevier, Rhétorique française (1765). Néanmoins, dans les traités qui ont fait date, et qui ont été les plus commentés par la postérité, c'est la question du style qui était placée au coeur de la problématique rhétorique. Centré sur la question des figures, le traité de rhétorique de Dumarsais, Des tropes (1730), comme au siècle suivant celui de Fontanier, les Figures du discours (1821), les classifiaient et en dressaient des inventaires. Ces traités théorisaient, du même coup, la question du sens littéral et du sens figuré, qu'ils décrivaient comme inhérents à certains emplois discursifs, comme en témoigne le sous-titre du traité que Dumarsais, celui qui fut le grammairien de l'Encyclopédie, a consacré aux tropes (ou figures de style) : Des tropes ou des Différents Sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. C'est là l'aboutissement d'un intérêt croissant pour la notion de figure, qui est également caractéristique des traités du XIXe siècle, notamment de celui de Fontanier. C'est au cours du XIXe siècle que l'on passa des traités de l'éloquence oratoire à des traités du style littéraire, c'est-à-dire d'une conception de la rhétorique comme théorie générale de l'argumentation à une conception de la rhétorique comme poétique. 5 LE XXE SIÈCLE ET LA REDÉCOUVERTE DE LA RHÉTORIQUE Un certain nombre d'études inspirées par le renouveau contemporain de l'intérêt pour la rhétorique dans son ensemble ont souligné ce passage d'une rhétorique que les Anciens avaient conçue comme une théorie de l'argumentation à une « rhétorique restreinte «, réduite en fait à l'elocutio. Au XXe siècle, les figures centrales que sont la métaphore et la métonymie avaient fini par occulter la richesse de l'inventaire des figures de rhétorique, en particulier avec le célèbre essai de Roman Jakobson (Essais de linguistique générale, 1963), qui opposait ces deux figures en les mettant au coeur du fonctionnement poétique de la langue. La restriction dont relevait ce processus procédait d'un premier mouvement de réduction à l' elocutio et, au sein de l'elocutio, aux figures de style emblématiques de la parole poétique, la métaphore et la métonymie (voir rhétorique, figures de). Plus récemment, les travaux de Roland Barthes, l'Ancienne rhétorique (1970), ou de Gérard Genette, la Rhétorique restreinte (1970), ont cherché à rendre à la rhétorique sa dimension de théorie de l'argumentation, faisant écho, en cela, aux travaux d'Ivor Armstrong Richards, The Philosophy of Rhetorics (1936), d'Ernst Robert Curtius, la Littérature européenne et le Moyen Âge latin (1947), ou encore de Chaïm Perelman, l'Empire rhétorique (1977). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« emblématiques de la parole poétique, la métaphore et la métonymie ( voir rhétorique, figures de).

Plus récemment, les travaux de Roland Barthes, l’Ancienne rhétorique (1970), ou de Gérard Genette, la Rhétorique restreinte (1970), ont cherché à rendre à la rhétorique sa dimension de théorie de l’argumentation, faisant écho, en cela, aux travaux d’Ivor Armstrong Richards, The Philosophy of Rhetorics (1936), d’Ernst Robert Curtius, la Littérature européenne et le Moyen Âge latin (1947), ou encore de Chaïm Perelman, l’Empire rhétorique (1977). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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