résumé du livre Tanguy de Michel del castillo
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
CHAPITRE
PREMIER
LES TROIS PRÉSENTS DEM. D’ARTAGNAN PÈRELe
premier lundidumois d’avril 1625,lebourg deMeung, oùnaquit l’auteur duRoman delaRose, semblait
être dans unerévolution aussientière quesiles huguenots enfussent venusfaireuneseconde Rochelle.
Plusieurs bourgeois, voyants’enfuir lesfemmes ducôté delaGrande-Rue, entendantlesenfants criersurleseuil
des portes, sehâtaient d’endosser lacuirasse et,appuyant leurcontenance quelquepeuincertaine d’un
mousquet oud’une pertuisane, sedirigeaient versl’hôtellerie duFranc Meunier, devantlaquelle s’empressait, en
grossissant deminute enminute, ungroupe compact, bruyantetplein decuriosité.
En cetemps-là lespaniques étaientfréquentes, etpeu dejours sepassaient sansqu’une villeoul’autre
enregistrât sursesarchives quelqueévénement decegenre.
Ilyavait lesseigneurs quiguerroyaient entreeux ;il
y avait leroi qui faisait laguerre aucardinal ; ilyavait l’Espagnol quifaisait laguerre auroi.
Puis, outre ces
guerres sourdes oupubliques, secrètesoupatentes, ilyavait encore lesvoleurs, lesmendiants, leshuguenots, les
loups etles laquais, quifaisaient laguerre àtout lemonde.
Lesbourgeois s’armaient toujourscontrelesvoleurs,
contre lesloups, contre leslaquais, – souvent contrelesseigneurs etles huguenots, – quelquefoiscontreleroi,
– mais jamaiscontrelecardinal etl’Espagnol.
Ilrésulta doncdecette habitude prise,que,cesusdit premier
lundi dumois d’avril 1625,lesbourgeois, entendantdubruit, etne voyant nileguidon jauneetrouge, nilalivrée
du duc deRichelieu, seprécipitèrent ducôté del’hôtel duFranc Meunier.
Arrivé là,chacun putvoir etreconnaître lacause decette rumeur.
Un jeune homme… – traçonssonportrait d’unseultrait deplume : figurez-vous donQuichotte àdix-huit
ans, donQuichotte décorcelé, sanshaubert etsans cuissards, donQuichotte revêtud’unpourpoint delaine dont
la couleur bleues’était transformée enune nuance insaisissable delie-de-vin etd’azur céleste.
Visagelonget
brun ; lapommette desjoues saillante, signed’astuce ; lesmuscles maxillaires énormément développés,indice
infaillible auquelonreconnaît leGascon, mêmesansbéret, etnotre jeune homme portaitunbéret ornéd’une
espèce deplume ; l’œilouvert etintelligent ; lenez crochu, maisfinement dessiné ;tropgrand pourun
adolescent, troppetit pour unhomme fait,etqu’un œilpeu exercé eûtpris pour unfils defermier envoyage,
sans salongue épéequi,pendue àun baudrier depeau, battait lesmollets deson propriétaire quandilétait à
pied, etlepoil hérissé desamonture quandilétait àcheval.
Car notre jeune homme avaitunemonture, etcette monture étaitmême siremarquable, qu’ellefut
remarquée : c’étaitunbidet duBéarn, âgédedouze ouquatorze ans,jaune derobe, sanscrins àla queue, mais
non passans javarts auxjambes, etqui, tout enmarchant latête plus basque lesgenoux, cequi rendait inutile
l’application delamartingale, faisaitencore également seshuit lieues parjour.
Malheureusement lesqualités de
ce cheval étaient sibien cachées soussonpoil étrange etson allure incongrue, quedans untemps oùtout le
monde seconnaissait enchevaux, l’apparition dususdit bidetàMeung, oùilétait entré ilyavait unquart
d’heure àpeu près parlaporte deBeaugency, produisitunesensation dontladéfaveur rejaillitjusqu’àson
cavalier.
Etcette sensation avaitétéd’autant pluspénible aujeune d’Artagnan (ainsis’appelait ledon Quichotte de
cette autre Rossinante), qu’ilnesecachait paslecôté ridicule queluidonnait, sibon cavalier qu’ilfût,une
pareille monture ; aussiavait-il fortsoupiré enacceptant ledon queluienavait faitM. d’Artagnan père.Il
n’ignorait pasqu’une pareille bêtevalait aumoins vingtlivres : ilest vrai quelesparoles dontleprésent avaitété
accompagné n’avaientpasdeprix.
« Mon fils,avait ditlegentilhomme gascon– danscepur patois deBéarn dontHenri IV n’avaitjamaispu
parvenir àse défaire –, monfils,cecheval estnédans lamaison devotre père,ilya tantôt treizeans,etyest
resté depuis cetemps-là, cequi doit vous porter àl’aimer.
Nelevendez jamais, laissez-le mourirtranquillement
et honorablement devieillesse, etsivous faites campagne aveclui,ménagez-le commevousménageriez unvieux
serviteur.
Àla cour, continua M. d’Artagnan père,sitoutefois vousavezl’honneur d’yaller, honneur auquel,du
reste, votrevieille noblesse vousdonne desdroits, soutenez dignement votrenomdegentilhomme, quiaété
porté dignement parvosancêtres depuisplusdecinq cents ans.Pour vousetpour lesvôtres – parlesvôtres,
j’entends vosparents etvos amis –, nesupportez jamaisrienquedeM. le cardinal etdu roi.
C’est parson
courage, entendez-vous bien,parson courage seul,qu’un gentilhomme faitson chemin aujourd’hui.
Quiconque
tremble uneseconde laissepeut-être échapperl’appâtque,pendant cetteseconde justement, lafortune lui
tendait.
Vousêtesjeune, vousdevez êtrebrave pardeux raisons : lapremière, c’estquevous êtesGascon, etla
seconde, c’estquevous êtesmon fils.Necraignez paslesoccasions etcherchez lesaventures.
Jevous aifait
apprendre àmanier l’épée ;vousavezunjarret defer, unpoignet d’acier ; battez-vous àtout propos ; battez-
vous d’autant plusquelesduels sontdéfendus, etque, parconséquent, ilya deux foisducourage àse battre.
Je.
»
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