résumé du joueur d'échec
Publié le 02/04/2013
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Le joueur d'échec Stephan Zweig « Le joueur d'échecs « débute par une discussion, sur le paquebot reliant New York à Buenos Aires, entre le narrateur, qui est le personnage principal (que l'on pourrait comparer à Zweig lui-même grand voyageur ) et un ami sur le pont promenade du bateau. Ce dernier lui explique alors la présence de journalistes à bord par le fait que le champion du monde d'échecs, Mirko Czentovic va effectuer la traversée avec eux. Le narrateur se souvient alors du champion et des éléments caractérisant sa carrière, avec son ami, ils retracent celle-ci à l'aide d'anecdotes. Ainsi Czentovic était devenu, un an plus tôt et soudainement l'égal de grands maîtres des échecs. Pourtant selon les rumeurs, celui-ci ne brillait pas par son intelligence ou sa culture dans les autres domaines. Puis le narrateur relate la vie du champion, fils d'un modeste batelier slave et recueilli par le curé du village à la mort de son père. Mauvais élève à l'école, pourtant de bonne volonté, à quatorze ans Czentovic n'était intéressé par rien. Cependant, un soir d'hiver, le jeune garçon ayant assisté au début d'une partie d'échecs entre le curé et le maréchal des logis, fut invité à terminer la partie par ce dernier, le curé ayant été appelé par un paysan. Bien que le maréchal pensait ne rien pouvoir tirer du garçon, celui-ci gagna la partie rapidement, puis la suivante. Le curé stupéfait, après avoir lui aussi été battu envoya le garçon face à des adversaires plus sérieux dans le village, puis dans le pays et le jeune homme se montra imbattable. Ainsi il fut conduit à Vienne, pour apprendre auprès d'un maître à parfaire son jeu, et en six mois il avait assimilé tous les secrets de la technique même si son manque d'imagination l'empêchait de jouer une partie dans l'abstrait, sans échiquier. Le jeune prodige remporta tous les prix avant d'atteindre l'âge d'un homme même si en dehors du jeu il restait un être rustre, de réputation cupide, peu intelligent et pourtant empli de vanité. 1 La curiosité du narrateur se porte alors sur ce joueur qui expose à son ami la volonté de passer son séjour à bord à observer Czentovic, les «monomaniaques « l'intéressant au plus haut point. Mais pendant les premiers jours du voyage, le narrateur ne peut approcher le champion, ce dernier ne se laissant pas aborder facilement. Le narrateur s'interroge alors sur les grands joueurs d'échecs en général et leur nature : sont-ils des génies ou bien des fous ? Puis il cherche à mettre en oeuvre un stratagème pour attirer le champion du monde à lui. Le narrateur se considère comme un joueur d'échecs modeste. Il décide alors de s'installer avec sa femme qui ne joue pas mieux que lui (selon sa propre opinion) devant un échiquier installé au fumoir. Plusieurs promeneurs s'arrêtent en effet dont un écossais fortuné, nommé MacConnor. Celui-ci demande à jouer contre le narrrateur et perd plusieurs fois. Le troisième jour, Czentovic ne fait que jeter un coup d'oeil à une partie jouée par le narrateur et MacConnor. Ce dernier, informé du statut de champion de Mirko se trouve tout à coup très excité à l'idée de disputer une partie avec le joueur slave. Il décide de demander cette faveur à Czentovic.A la grande surprise du narrateur, MacConnor est si motivé qu'il a accepté de payer pour pouvoir jouer contre le champion. Ils préparent donc la partie en invitant les amateurs d'échecs à venir participer à l'événement le lendemain. La partie est une partie d'échecs avec plusieurs adversaires contre le champion en simultané, qui se termina rapidement à la faveur de Czentovic. Le narrateur est frappé plus par le dédain du gagnant que par le fait que six hommes n'aient pu en battre un seul. MacConnor demande alors une revanche et la partie se révèle plus positive pour les joueurs « moyens «. C'est alors qu'apparaît dans l'histoire un nouveau protagoniste qui s'exclame pour empêcher MacConnor de jouer un coup évident. Cet homme, remarqué auparavant par le narrateur par son teint étrange, donne alors de précieux conseil à l'équipe pour avancer dans la partie jusqu'à un match nul. Le petit groupe, poussé par l'enthousiasme propose une troisième partie entre le champion et l'inconnu mais celui-ci décline l'offre, prétextant n'avoir pas joué aux échecs depuis vingt-cinq ans et disparaît rapidement. L'orgueil de Czentovic et la curiosité (qui est cet inconnu?) poussent le groupe à vouloir absolument faire jouer l'homme contre le champion. Puisqu'on leur apprend que l'homme est originaire d'Autriche, c'est le narrateur qui est envoyé auprès de lui, étant de la même nationalité. Le narrateur est frappé par le physique marqué de l'homme. Il lui explique la requête du petit groupe, et lorsque le Dr.B. apprend que l'homme qu'il a presque battu est un champion il paraît très troublé et accepte le défi, tout en appuyant le fait qu'il n'ait que très peu joué aux échecs dans sa vie. Le narrateur essaye alors de comprendre comment il peut connaître aussi bien ce jeu, et s'ensuit alors le récit de la vie de l'homme. Monsieur B., comme l'appelle le narrateur, appartenait à une riche famille viennoise d'avocats qui se bornaient à protéger les biens des membres de la famille royale et de la congrégation religieuse, cela en toute discrétion. Mais avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir, ils firent passer certains biens dans d'autres pays pour les protéger des saisies et cela, plus le fait qu'ils étaient au courant de certaines informations secrètes, les rendaient hors la loi. Aussi, la présence d'un espion dans leur cabinet précipita l'arrestation de monsieur B. par les officiers de la gestapo. Ces derniers espérant pouvoir lui soutirer des renseignements ou de l'argent ne l'envoyèrent pas dans un camp mais l'enfermèrent dans une chambre particulière de l'hôtel Métropole où la gestapo avait établi son quartier général. Les nazis y pratiquaient une torture particulière, l'isolement complet avec pour but de détruire psychologiquement le prisonnier. L'homme décrit sa chambre, possédant un confort sommaire mais suffisant et surtout aucune ouverture sur l'extérieur, la porte restant toujours verrouillée. Il ne pouvait plus voir le temps passé dans sa cellule puisqu'on lui avait pris sa montre, il ne pouvait ni lire ni écrire, même la mort n'était plus une alternative puisqu'il n'avait pas les moyens de se la donner. Le gardien avait pour ordre de ne pas lui adresser la parole. Pendant quinze jours ses pensées étaient ressassées jusqu'à lui faire mal. Puis commençèrent les interrogatoires, violents de par leurs enjeux par rapport à monsieur B., il ne savait ni ce qu'il pouvait dire ni ce qu'il devait taire car il ne pouvait deviner les informations détenues ou non par les nazis. Pourtant le pire pour lui était de revenir dans sa chambre, au « néant «, où il ne pouvait que ressasser les réponses données lors de l'interrogatoire. Pour s'occuper, il avait essayé de réciter des choses apprises dans le passé ou bien de faire des calculs mais dans cet environnement, il n'y arrivait pas. Il passa quatre mois dans ces conditions. Puis se produisit un événement inattendu ; le 27 juillet, date qu'il put lire sur un calendrier en attendant l'interrogatoire, il parvint à dérober un livre du manteau d'un officier. 2 Mais il se trouve que cet ouvrage qu'il espérait être un roman ardu et long à lire n'est qu'un simple manuel de 150 parties d'échecs de grands maîtres. Après réflexion cet ouvrage se révéla être salvateur pour monsieur B., seul divertissement possible. Il parvint rapidement à reconstituer un échiquier et des pièces à l'aide de morceaux de mie de pain et du quadrillage de son drap de lit. Disposant d'un temps illimité il commença à rejouer les différentes parties du livre et, au bout de quinze jours il pouvait se représenter une partie sans échiquier tangible, dans l'abstrait. Cette activité lui permettait enfin de remplir ses journés et d'apprendre des techniques de jeu qui l'aidèrent sur un autre plan. En effet lors des interrogatoires il possédait une meilleure défense contre les menaces feintes et les questions détournées de ses bourreaux. Mais au bout de trois mois, ayant épuisé toutes les parties du manuel, il se retrouva devant le néant. Et lui vint l'idée d'être son propre adversaire. Mais comment un seul cerveau pourrait tenir le rôle de deux joueurs, l'intérêt des échecs résidant dans le fait que l'on ne connaît pas le coup prévu par l'autre ? C'est en essayant pendant des semaines de jouer seul une partie d'échecs que vint la crise : le dédoublement psychologique induit par cette situation fit basculer monsieur B. dans la folie et il sombra dans la schizophrénie, car lorsqu'une part de lui-même perdait l'autre était poussée à rejouer par violent un esprit de revanche. Le jeu le poursuivait même en rêve. Il en vint à agresser le gardien qui, l'ayant entendu hurler contre lui-même était entré dans sa cellule. Il s'était alors jeté contre le gardien puis, comme on essayait de le maintenir, il s'était blessé lui-même en se jetant contre la fenêtre du couloir. Il fut alors envoyé à l'hôpital et recouvrit l'usage complet de ses sens, et il y rencontra un médecin ami de son oncle qui lui conseilla de ne plus s'approcher d'un échiquier et, comprenant sa situation réussit à le faire libérer. Monsieur B. dut ensuite quitter son pays et il se retrouva sur ce paquebot. Aussi, explique t-il au narrateur, lorsqu'il vit la partie disputée par l'équipe de MacConnor et Czentovic, sa curiosité de voir jouer une vraie partie d'échecs avec deux joueurs bien distincts opposés l'emporta et il s'impliqua tout de suite dans la partie. Il explique alors sa décision de jouer contre le champion par le fait qu'il aimerait savoir s'il est vraiment capable de jouer contre un adversaire réel. Puis il ajoute qu'il ne tient à disputer qu'une seule partie, par peur de sombrer dans la folie. Le jour suivant se déroule le match tant attendu, et le contraste entre les deux joueurs annonce une partie mémorable. Czentovic reste figé dans une attitude concentrée alors que monsieur B. conserve un air dégagé. Les deux joueurs combinaient leurs coups plusieurs tours à l'avance, ne permettant pas aux spectateurs de réellement parvenir à suivre la partie en cours. La lenteur de réflexion du champion du monde énerve monsieur B. qui redécouvre le plaisir du jeu. Et ce dernier gagna la première partie avec une facilité déconcertante. Issue extraordinaire, un inconnu ayant battu la célébrité des échecs. Cet échec réveille en Czentovic un esprit de revanche, il demande une seconde partie et, monsieur B., bien qu'ayant assuré ne vouloir jouer qu'une seule partie, accepte. Cette fois la partie devient une véritable bataille psychologique et, Czentovic, ayant perçu les faiblesses de son adversaire, il utilisait sa lenteur pour affaiblir son adversaire. L'autrichien, retombant dans sa folie, retrouve différents symptômes des crises qui le minait pendant sa captivité, une soif perpétuelle, un état d'excitation dangereux. Czentovic exagérant la lenteur de ses coups, monsieur B., sombrant de plus en plus dans l'absurde, le narrateur intervient afin de lui rappeler ses excès passés. Monsieur B. s'excuse alors auprés du champion et se promet de ne plus jouer aux échecs. C'est Czentovic qui a le mot de la fin, daignant admettre que son adversaire était « très remarquablement doué « pour un dilettant Biographie : Stephan Zweig 1881-1904 Stefan Zweig est né le 28 novembre 1881 à Vienne, en Autriche. Fils d'un riche industriel israélite, il put mener ses études en toute liberté, n'écoutant que son goût qui l'inclinait à la fois vers la littérature, la philosophie et l'histoire. L'atmosphère cosmopolite de la Vienne impériale favorisa chez le jeune Zweig la curiosité du vaste monde, curiosité qui se transforma vite en boulimie, le poussant vers toutes les premières théâtrales, toutes les nouvelles parutions non encore saluées par la critique, toutes les nouvelles formes de culture. Il y fit ses études, et, à 23 ans, fut reçu docteur en philosophie. Il fit ses débuts avec de jolis poèmes où dominait l'influence de Hofmannsthal et de Rilke, dont il parle longuement dans son autobiographie, "Le Monde d'Hier". Parmi ceux-ci, notons "Cordes d'argent"(1900) et "Les Guirlandes Précoces"(1907). Il obtint également le prix de poésie Bauernfeld, une des plus hautes distinctions littéraires de son pays. Zweig publiait alors une plaquette de vers, une traduction des meilleures poésies de Verlaine, et écrivait des nouvelles. Passionné de théâtre, il se mit bientôt à écrire des drames : "Thersite"(1907), "La Maison au bord de la mer"(1911). Mais Stefan Zweig jugeait que "la littérature n'est pas la vie", qu'elle n'est "qu'un moyen d'exaltation de la vie, un moyen d'en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible". Son ambition était alors "de donner à mon existence l'amplitude, la plénitude, la force et la connaissance, aussi de la lier à l'essentiel et à la profondeur des choses". En 1904, il alla à Paris, où il séjourna à plusieurs reprises et se lia d'amitié avec les écrivains de l'Abbaye, Jules Romains en particulier, avec qui, plus tard, il adapterait superbement le "Volpone", que des dizaines de milliers de Parisiens eurent la joie de voir jouer à l'Atelier, et dont le succès n'est pas encore épuisé aujourd'hui. Infatigable voyageur, toujours en quête de nouvelles cultures, il rendit ensuite visite, en Belgique, à Emile Verhaeren (1855-1916), dont il deviendrait l'ami intime, le traducteur et le biographe. Il vécut à Rome, à Florence, où il rencontra Ellen Key(1849-1926), la célèbre authoress suédoise, en Provence, en Espagne, en Afrique. Zweig visita l'Angleterre, parcourut les Etats-Unis, le Canada, Cuba, le Mexique. Il passa un an aux Indes. Ce qui ne l'empêchait pas de poursuivre ses travaux littéraires, sans efforts, pourrait-on penser, puisqu'il dit : "Malgré la meilleure volonté, je ne me rappelle pas avoir travaillé durant cette période. Mais cela est contredit par les faits, car j'ai écrit plusieurs livres, des pièces de théâtre qui ont été jouées sur presque toutes les scènes d'Allemagne et aussi à l'étranger...". Les multiples voyages de Zweig devaient forcément développer en lui l'amour que dès son adolescence il ressentait pour les lettres étrangères, et surtout pour les lettres françaises. Cet amour, qui se transforma par la suite en un véritable culte, il le manifesta par des traductions remarquables de Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, de son ami Verhaeren, dont il fit connaître en Europe centrale les vers puissants et les pièces de théâtre, de Suarès, de Romain Rolland, sur qui il fut l'un des premiers, sinon le premier, à attirer l'attention des pays de langue allemande et qui eut sur lui une influence morale considérable. Lorsque éclata la 1ère Guerre Mondiale, Zweig, comme son ami Romain Rolland en France, ne put se résigner à sacrifier aux nationalismes déchaînés la réalité supérieure de la culture par-dessus les frontières. Ardent pacifiste, il fut profondément marqué, ulcéré par cette guerre ; non seulement, sur le coup, elle lui inspira de violentes protestations ("Jérémie", 1916), et même plus tard, comme dans "Ivresse de la Métamorphose", qui ne fut écrit que bien après, vers 1930(pour la première partie) et 1938(pour la seconde, qui elle surtout incriminait la guerre), mais c'est cette guerre qui fut à l'origine de ce souci constant de n'être pas dupe des valeurs morales factices d'une société en décadence, qu'on retrouvera dans toutes ses nouvelles. Il explique d'ailleurs tout cela avec ferveur dans "Le Monde d'Hier". Zweig fut toute sa vie un personnage socialement assez bizarre, souvent tenté par le nihilisme. Vers 1915, il se maria avec Friederike von Winternitz. Il quitta Vienne en 1919 et vint s'installer à Salzbourg, d'où il écrivit beaucoup de ses nouvelles les plus célèbres, telles "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme", "Amok", "La Confusion des Sentiments", "La Peur"... En moins de dix ans, Zweig, qui naguère n'avait considéré le travail "que comme un simple rayon de la vie, comme quelque chose de secondaire", publiait une dizaine de nouvelles - la nouvelle allemande a souvent l'importance d'un de nos romans - autant d'essais écrits en une langue puissante sur Dostoïevski, Tolstoï, Nietzsche, Freud - dont il était l'intime - Stendhal, etc... qui témoignent de la plus vaste des cultures. Puis suivit la série de ses écrits biographiques, où il acquit d'emblée une certaine autorité avec son "Fouché". Mais hélas ! Hitler et ses nazis s'étaient emparés du pouvoir en Allemagne, et les violences contre les réfractaires s'y multipliaient. Bientôt l'Autriche, déjà à demi nazifiée, serait envahie. Dès 1933, à Munich et dans d'autres villes, les livres du "juif" Zweig étaient brûlés en autodafé. Zweig voyait avec désespoir revenir les mêmes forces brutales et destructrices que lors de la 1ère Guerre Mondiale, sous la forme, pire encore, du nazisme. En 1934, il partit en Angleterre, à Bath. Ce départ suscite d'ailleurs bien des polémiques chez les biographes de Stefan Zweig; certains soutiennent l'hypothèse très plausible qu'il partit en exil devant l'imminence de la guerre et la montée de l'antisémitisme, tandis que d'autres affirment qu'il est simplement parti approfondir sa recherche sur Marie Stuart, dont il écrivait la biographie. En 1938, il divorça de Friederike, avec qui il garda tout de même des liens d'amitié étroits. Il se remaria ensuite avec une jeune secrétaire anglaise, Charlotte Lotte Elizabeth Altmann, qui peu après tombera gravement malade. Mais depuis l'abandon de sa demeure salzbourgeoise son âme inquiète ne lui laissait plus de repos. Il parcourt de nouveau l'Amérique du Nord, se rend au Brésil, fait de courts séjours en France, en Autriche, où les nazis tourmentent sa mère qui se meurt... Et la guerre éclate. Déjà en 1940, lorsqu'il préparait une conférence sur sa Vienne tant aimée, il avoua à Alzir Hella - ami intime, qui plus tard traduisit nombre de ses oeuvres en français - "Vous serez battus". Zweig voit répandues sur l'Europe les ténèbres épaisses qu'il appréhendait tant. Il quitte définitivement l'Angleterre et gagne les Etats-Unis, où il pense se fixer. Las ! L'inquiétude morale qui le ronge a sapé en lui toute stabilité. Le 15 août 1941, il s'embarque pour le Brésil et s'établit à Pétropolis où il espère encore trouver la paix de l'esprit. En vain. Le 22 février 1942, Stefan Zweig rédige le message d'adieu suivant : "Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux." Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-42 Le lendemain, Stefan Zweig n'était plus. Pour se soustraire à la vie, il avait ingéré des médicaments, suicide sans brutalité qui répondait parfaitement à sa nature. Sa femme l'avait suivi dans la mort.
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