Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations
Publié le 22/02/2012
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La division du travail, dont découlent tant d'avantages, n'est pas à l'origine l'effet de quelque sagesse humaine qui prévoit et veut l'opulence générale qu'elle suscite. C'est la conséquence nécessaire, quoique très lente et graduelle, d'une certaine propension de la nature humaine qui n'a pas en vue une utilité d'une telle envergure : la propension à permuter, troquer, et échanger une chose contre une autre. [...] Elle est commune à tous les hommes et ne se trouve dans aucune autre espèce d'animaux, lesquels ne
semblent connaître ni cette sorte de contrat ni aucune autre.
[...] Chez presque toutes les autres espèces d'animaux, chaque individu est entièrement indépendant quand il est parvenu à sa pleine croissance et, dans son état naturel, il peut se passer de l'aide de toute autre créature vivante. Mais l'homme a presque continuellement besoin de l'aide de ses frères et c'est en vain qu'il l'attendrait seulement de leur bienveillance. Il a plus de chance de l'emporter s'il peut intéresser leur amour d'eux-mêmes en sa faveur et leur montrer qu'il est de leur propre intérêt de faire pour lui ce qu'il en attend. C'est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quel qu'il soit. Donne-moi ce que je veux et tu auras ce que tu veux, tel est le sens de toutes ces propositions ; c'est de cette manière que nous obtenons les uns des autres la plus grande partie des bons offices dont nous avons besoin. Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de l'attention qu'ils portent à leur propre intérêt. Nous nous adressons non à leur humanité mais à leur amour d'eux-mêmes, et nous ne leur parlons jamais de nos propres besoins mais de leur avantage. Il n'est personne, si ce n'est un mendiant, pour choisir de dépendre principalement de la bienveillance de ses concitoyens.
Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776.
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