Racine, Phèdre, Acte I, scène 3
Publié le 25/04/2014
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Racine, Phèdre, Acte I, scène 3 Vers 269 jusqu'à la fin de la scène C'est une scène importante parce que Phèdre avoue à Oenone qu'elle est amoureuse d'Hippolyte. Phèdre apparait dans un état catastrophique accompagné d'Oenone. C'est une scène capitale (encore dans le cadre d'exposition). Il s'agit d'expliquer pourquoi Phèdre est apparut si triste qui a pour fonction de renseigner les spectateurs et de répondre aux interrogations des autres personnages. A tirade que nous étudions se situe à la toute fin de la scène au moment où Phèdre vient d'avouer qu'elle aimait Hippolyte : elle poursuit maintenant ici sa confession et raconte comment elle est tombée amoureuse d'Hippolyte .Phèdre est victime de l'amour qu'elle porte pour Hippolyte et c'est à cause des Dieux. On comprend que c'est un personnage tragique qui est victime d'une fatalité de l'amour. On montera que cette tirade a pour fonctions de présenté Phèdre comme un personnage tragique. I. Un personnage torturé par sa passion a. La tension dramatique du récit Bien qu'elle soit longue, cette tirade est aminée d'une forte tension dramatique qui a deux fonctions : d'abord de présenter l'intérêt jusqu'au bout du texte ensuite de traduire l'extrême agitation du personnage de Phèdre. Le début de la tirade décrit le mariage avec Thésée comme un état de stabilité. Cette stabilité est suggérée par l'emploi de l'imparfait (« mon bonheur semblait s'être affermi » vers 271) et l'adverbe « à peine » (vers 269) laisse entrevoir l'arrivée imminente d'un élément perturbateur lequel arrive très vite au vers 272. C'est Hippolyte dont l'arrivée mis en relief par l'emploi du passé simple du premier plan (« Athènes me montra mon superbe ennemi »). Dans cette tirade les différentes phases du récit font alterner les moments de calme et ceux de forte tension. On peut ainsi découper la tirade : du vers 272-278 nous avons la description de la réaction violente provoqué par l'apparition d'Hippolyte. Du vers 279-296 nous avons la description de la réaction qui consiste à chasser Hippolyte. Du vers 297-300 nouvel état de calme parce que Hippolyte s'absente. Du vers 301-306 arrivée à Trézène et nouvelle fureur amoureuse parce qu'Hippolyte réapparait. Cette alternance de période d'agitation et de calme représente la passion comme quelque chose qui torture Phèdre .Par ailleurs les assauts de la passion sont présentés dans une forme de gradation qui met en valeur l'intensité de plus en plus grande de la souffrance. Par exemple quand Hippolyte réapparait vers 300 et suivant la souffrance s'exprime par deux phrases exclamatives qui produisent un effet pathétique et par le vers 306 (« Vénus toute entière à sa proie attachés ») qui donne de la déesse une représentation effrayante. Il s'agit de donner de l'amour, l'image d'une passion destructive. b. Un fléau dévastateur Pour parler de sa souffrance, Phèdre emploie une métaphore guerrière. Ainsi Hippolyte est présenté dés le vers 272 comme un « superbe ennemi », le mot « ennemi » revient deux fois pour qualifier Hippolyte vers 293 et 303. L'adjectif « superbe » au vers 272 suppose une vaillance au combat qui correspond à l'image d'Hippolyte tel quel est apparue au début de la pièce. Par conséquent la réaction de Phèdre à l'attaque de l'ennemi est elle aussi évoquée dans les termes de l'épopée : « j'osai me révolter » (vers 291) ; « le persécuter » (vers 292) ; « bannir l'ennemi » ; « exil » ainsi qu'en des termes qui impliquent une grande violence vers 295-296 (« mes cris éternels » ; »l'arrachèrent du sein et des bras paternels »).L'allitération en « r » souligne par sa dureté la violence des propos .L'effet de cette violence c'est le mal physique qu'éprouve le personnage, mal qui s'exprime dans un nouveau réseau d'image s celui de la blessure er de la maladie (« ma blessure » vers 304 ; « d'un incurable amour » vers 283 ; « mon mal vient de plus loin » vers 269) .c'est donc une maladie physique qui affaibli Phèdre et qui justifie qu'elle apparaisse au début de la scène dans un état d'extrême faiblesse et qu'elle exprime à la fin de la tirade l'espoir d'une mort prochaine. Ce mal physique qui démolit Phèdre se répercute sur le plan psychologique et conduit Phèdre au porte de la folie. c. Un mal psychologique Dans cette tirade, Phèdre fait preuve d'une certaine lucidité puisqu'elle est consciente des effets destructeur de la passion .Pour autant ce qu'elle dit montre qu'elle n'est pas très loin de la folie. Au vers 273 et 276, les antithèses traduisent l'instabilité du personnage. Par ailleurs, la passion touche à la fois l'âme (vers 274) et le corps (vers 276) c'est-à-dire la totalité de l'être .Par conséquent Phèdre s'exprime à l'aide d'expression véhémente charger d'une dimension pathétique (« ô comble de misère » vers289 et 301).Le signe le plus frappant de l'altération de la santé mentale de Phèdre c'est que son personnage est presque dédoublé à certains moments. Au milieu de la tirade le corps se décompose en une série de membres qui semble agir tout seul comme si la volonté de Phèdre n'avait plus aucun pouvoir sur ce qu'elle fait. Mes yeux ne voyaient plus (275) Mes yeux le retrouvaient (290) Quand ma bouche implorait (285) Ma main brulait l'encens (284) En effet Phèdre est soumise à une force beaucoup plus puissante qu'elle qui est celle de la fatalité. II. Un personnage soumis à la fatalité a. La faute tragique Phèdre correspond au personnage tragique typique parce qu'elle recherche le bonheur donc elle est conduite vers le bien et vers la vertu. Dans la tirade elle associe la fidélité conjugale au bonheur. On peut le voir aux rimes du vers 297-298 « absence » rime avec « innocence ». La métaphore du vers 298 « mes jours coulaient dans l'innocence ». Cette métaphore associe au moment où Hippolyte n'est pas la, l'idée de l'eau (de liquide) c'est-à-dire la pureté et de la fluidité. À cela s'oppose le jugement que Phèdre porte sur sa propre personne et la dimension tragique du personnage vient du décalage entre son désir de pureté et la conscience da sa culpabilité. Le jugement que Phèdre porte sur elle-même est résumé par l'oxymore « une flamme si noire » et pour exprimer le caractère moral de sa faute Phèdre utilise un vocabulaire chargé de connotation morale (« mon crime » ; « mon mal » ; « ma flamme en horreur » ; « j'excitai mon courage » ; « une juste terreur »). Que se soit pour exprimer sa passion ou la conscience de sa faute, Phèdre est toujours excessive et ses sentiments sont caractérisés par leur extrême intensité. Ainsi le vocabulaire de la dévotion est employé à la fois pour désigner les sacrifices que Phèdre fait à Vénus mais aussi la passion qu'elle ressent (vers 286 « j'adorais Hippolyte » ; vers 293 « l'l'ennemi dont j'étais idolâtre » ; vers 288 Hippolyte est lui-même désigner comme un dieu « j'offrais tout à ce dieu »). Par ailleurs on remarque qu'en dehors d'un seul emploi du nom d'Hippolyte, Thésée et Hippolyte ne sont jamais désigner par des périphrases. On peut interpréter sa comme une forme de honte ou de scrupule à prononcer même en leur absence le nom de ceux à l'égard de qui elle se sent coupable. Ce qui confirme cette analyse c'est la difficulté qu'éprouve Phèdre dans toute la pièce à avouer les choses. On peut se demander pourquoi Phèdre qui est tellement consciente de son crime a autant de mal à contrôler sa passion c'est tout simplement qu'elle n'est pas libre. b. La force du destin Dans l'ensemble de la tirade Phèdre est soumise à une destinée qu'elle ne métrise pas et on peut analyser toutes les formes de cette soumission. D'abord cette une soumission au loi du mariage (vers 270), le mariage avec Thésée est déjà considérée comme une forme de soumission.la soumission est suggérée par le sens du verbe engager et par la rime « fils d'Egée/engagée » qui associe la soumission à l'idée de mariage. Après la rencontre d'Hippolyte, les lois de la tragédie viennent s'ajouter aux lois civils et le destin est alors incarner par Vénus elle-même considérée commue une déesse cruelle. Les termes « feux redoutables »et « tourments inévitable » sont assez éloquents à son égard. Ce qui accentue encore la cruauté de Vénus c'est que Racine passe sous silence certains éléments des sources mythologies. En effet dans la pièce d'Euripide Vénus veut d'abord se venger d'Hippolyte car celui-ci méprise l'amour. Phèdre n'est alors qu'un instrument pour se venger. Chez Racine on a l'impression que vénus agit d'une manière aveugle et par pur cruauté. Par conséquent dans l'univers de Phèdre tout se présente comme venant aider le destin à accomplir sa tâche. Par exemple au vers 272 « Athènes me montra mon superbe ennemi », Athènes est représentée comme un élément de la destinée et comme une personnalité qui participe consciemment à la malédiction que subit Phèdre. Face à ce destin Phèdre est donc complètement impuissante. c. Une Phèdre impuissante Plusieurs éléments montrent que Phèdre n'est pas libre. On a déjà montré dans la première partie à quel point les ravages de l'amour lui faisaient perdre le contrôle d'elle-même. Mais même quand elle veut agir consciemment, elle s'égard très souvent. Certains verbes et adverbes le démontre (« par des veux assidus je crus les détourner/mon bonheur semblait être affermi/en vain sur les autels »).Ces marques du doute et de l'inefficacité représente une Phèdre qui se trompe et qui n'est pas capable d'être efficace dans l'action. Elle ne métrise pas les conséquences de ce qu'elle fait. L'impuissance de la volonté de Phèdre est sensible jusque dans l'aveux qui est un aveux difficile fait uniquement sous la pression d'Oenone. Et ce qui est rappelé à la fin de ka tirade qui est directement adressé à Oenone, la deuxième personne apparait plusieurs fois et elle insiste lourdement sur le fait que c'est Oenone qui a provoqué les aveux or on sait que cet aveux déclenche toute l'action tragique de la pièce. On peut donc suggérer qu'Oenone est elle aussi un des bras armés de la fatalité qui s'abat sur Phèdre. Cette tirade est donc le point culminant du premier acte et elle définit bien Phèdre comme un personnage typiquement tragique et donc à la merci d'une destinée et cette destinée est représentée avant tout par la puissance des passions ce qui est caractéristique du tragique racinien.
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