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qu'une belle cavale n'a pas, elle aussi, de la beauté, elle que le dieu lui-même vanta dans son oracle ?

Publié le 22/10/2012

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dieu
qu'une belle cavale n'a pas, elle aussi, de la beauté, elle que le dieu lui-même vanta dans son oracle ? que répondre, Hippias ? nierons-nous que la cavale ait de la beauté quand elle est belle ? Comment oserons-nous nier la beauté de ce qui est beau ? — H. Tu as raison, Socrate, car ce que le dieu a dit est exact et il est de fait que, chez nous, on élève de fort belles cavales. — S. Bien, me dira-t-il ; et une belle lyre, n'est-ce pas quelque chose de beau ? en conviendrons-nous ? — H. Oui. — S. Il poursuivra alors (comme je le connais, j'en suis presque sûr) : et une belle marmite, mon cher, n'est-ce pas une belle chose ? — H. Vraiment, Socrate, quel homme est-ce là ? manque-t-il d'éducation au point d'oser prononcer des mots si bas en un propos si relevé ? — S. Il est comme cela, Hippias, tout simple, vulgaire, sans autre souci que celui de la vérité. Il faut pourtant lui répondre à cet homme et voici pour ma part ce que je réponds par anticipation : si la marmite a été fabriquée par un bon potier, bien lisse, bien ronde et bien cuite, comme ces belles marmites de quinze litres à deux anses qui sont de toute beauté, si c'est d'une belle marmite qu'il veut parler, il faut convenir qu'elle est belle ; car comment dénier la beauté à ce qui est beau ? — H. C'est impossible. — S. Donc, dira-t-il, une belle marmite aussi est une belle chose ? — H. Voici ce que j'en pense, Socrate : oui, un tel ustensile est beau quand il a été bien fait, mais tout cela ne mérite pas d'être jugé beau en comparaison d'une cavale, d'une fille et de tout ce qui est beau. — S. Soit ; si je te comprends bien, il faut répondre à notre questionneur : mon ami, tu méconnais la vérité du mot d'Héraclite : « le plus beau des singes est laid en comparaison de l'espèce humaine « et, au dire du savant Hippias, tu méconnais qu'en comparaison de l'espèce des filles, la plus belle des marmites est laide. — H. Parfaitement, Socrate, c'est très bien répondu. — S. Alors, écoute ce qu'il ne manquera pas de dire : mais quoi, Socrate, si on compare l'espèce des filles à celles des dieux, ne sera-t-elle pas dans le même cas que les marmites comparées aux filles ? est-ce que la plus belle fille ne paraîtra pas laide ? Et cet Héraclite que tu cites ne dit-il pas de même que le plus savant des hommes paraîtra n'être qu'un singe quant à la science, la beauté et tout le reste ? Conviendrons-nous que la plus belle fille est laide, comparée à la race des dieux ? — H. Qui pourrait aller là contre ? — S. Si nous convenons de cela, il se mettra à rire et dira : te souviens-tu, Socrate, de la question que je t'ai posée ? Oui, répondrai-je, tu m'as demandé ce que peut être le beau en lui-même. Là-dessus, reprendra-t-il, alors que c'est sur le beau que je t'interrogeais, tu me réponds en m'indiquant quelque chose qui, de ton propre aveu, se trouve être tout aussi bien laid que beau... Si j'avais commencé par te demander ce qui est à la fois beau et laid, ta réponse serait correcte. Mais le beau en lui-même, ce qui fait la parure de tout le reste et le fait paraître beau, dès que cette forme s'y ajoute, persistes-tu à croire que c'est une fille, une cavale ou une lyre ? Hippias Majeur, 287e-289d [SOCRATE-LACHÈS] — S. Essaie de répondre à ma question, Lachès : qu'est-ce que le courage ? — L. Par Zeus, Socrate, il n'est pas difficile de le dire : si un homme veut repousser l'ennemi en gardant son rang et s'il ne prend pas la fuite, sache qu'il est courageux. — S. Tu as raison, mais par ma faute sans doute, parce que je ne me suis pas clairement exprimé, c'est à une autre question que celle que j'avais en tête que tu as répondu. — L. Que veux-tu dire ? — S. Je vais faire de mon mieux pour te l'expliquer. C'est un homme courageux sans aucun doute, celui dont tu parles, qui combat l'ennemi en gardant son rang. — L. Je l'affirme. — S. Moi aussi. Mais que dire de celui qui combat l'ennemi sans garder son rang, en faisant retraite ? — L. Comment en faisant retraite ? — S. Comme les Scythes, par exemple, dont on dit qu'ils combattent tout aussi bien en fuyant qu'en chargeant. De même Homère vante quelque part les chevaux d'Énée qui « savent se montrer aussi rapides dans les deux sens : dans la poursuite et dans la fuite « et il fait l'éloge d'Énée lui-même, vantant son habileté à fuir et le qualifiant de e maître en l'art de fuir «. — L. À juste titre, car c'est des chars qu'il parlait, de même que toi, c'est des cavaliers Scythes que tu parles. C'est bien ainsi que combat leur cavalerie ; mais moi, c'est de l'infanterie des Grecs que je parle. — S. Celle des Lacédémoniens mise à part sans doute ; car on raconte que lorsqu'ils rencontrèrent les gerrophores perses à Platées, ils ne voulurent pas combattre en les attendant de pied ferme ; ils firent retraite puis, quand les rangs des Perses furent rompus, ils firent volte-face et c'est en combattant ainsi comme les cavaliers qu'ils gagnèrent la bataille. — L. C'est exact. — S. Je te disais donc que c'était ma faute si tu n'avais pas bien répondu, parce que ma question n'était pas bien posée. Mon intention était de t'interroger non seulement sur les gens qui sont courageux dans l'infanterie, mais aussi sur ceux qui le sont dans la cavalerie et de façon générale dans toute arme ; non seulement sur ceux qui sont courageux à la guerre ; mais sur ceux qui le sont dans les dangers de la mer, devant les maladies, devant la pauvreté, dans la vie publique ; et au surplus non seulement sur ceux qui sont courageux devant les peines et les craintes, mais aussi sur ceux qui se distinguent dans la lutte contre les passions et les plaisirs, qu'ils fassent front ou retraite, car en toutes ces occurrences il y a bien des gens courageux, n'est-ce pas ? — L. Très courageux même. — S. Ainsi tous ces gens sont courageux, mais les uns contre les plaisirs, les autres contre les souffrances, ceux-ci contre les passions, ceux-là contre les craintes, alors que d'autres, je suppose, font preuve de lâcheté dans les mêmes cas ? — L. Certainement. — S. Ce que peut bien être chacune de ces conduites, voilà ce que je te demandais. Qu'est-ce qui existe identiquement dans tous les cas ? essaie à nouveau de me le dire,
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« DU DIALOGUE A LA DIALECTIQUE 123 filles ? est-ce que la plus belle fille ne paraîtra pas laide? Et cet Héraclite que tu cites ne dit-il pas de même que le plus savant des hommes paraîtra n'être qu'un singe quant à la science, la beauté et tout le reste ? Conviendrons-nous que la plus belle fille est laide, comparée à la race des dieux ? - H.

Qui pour­ rait aller là contre?- S.

Si nous convenons de cela, il se mettra à rire et dira : te souviens-tu, Socrate, de la question que je t'ai posée? Oui, répondrai-je, tu m'as demandé ce que peut être le beau en lui-même.

Là­ dessus, reprendra-t-il, alors que c'est sur le beau que je t'interrogeais, tu me réponds en m'indiquant quelque chose qui, de ton propre aveu, se trouve être tout aussi bien laid que beau ...

Si j'avais commencé par te demander ce qui est à la fois beau et laid, ta réponse serait correcte.

Mais le beau en lui-même, ce qui fait la parure de tout le reste et le fait paraître beau, dès que cette forme s'y ajoute, persistes-tu à croire que c'est une fille, une cavale ou une lyre ? Hippias Majeur, 287e-289d [SOCRA TE-LACHÈS] - S.

Essaie de répondre à ma question, Lachès : qu'est-ce que le courage? - L.

Par Zeus, Socrate, il n'est pas difficile de le dire : si un homme veut repousser l'ennemi en gardant son rang et s'il ne prend pas la fuite, sache qu'il est courageux.- S.

Tu as raison, mais par ma faute sans doute, parce que je ne me suis pas clairement exprimé, c'est à une autre question que celle que j'avais en tête que tu as répondu.

-L.

Que veux-tu dire ? - S.

Je vais faire de mon mieux pour te l'expliquer.

C'est un homme cou­ rageux sans aucun doute, celui dont tu parles, qui combat l'ennemi en gardant son rang.

-L.

Je l'af­ firme.

- S.

Moi aussi.

Mais que dire de celui qui combat l'ennemi sans garder son rang, en faisant retraite? -L.

Comment en faisant retraite? - S.

Comme les Scythes, par exemple, dont on dit qu'ils. »

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