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Question poesie

Publié le 20/05/2012

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question

Question 1 :

Les cinq poèmes composant le corpus forment une unité par leur rapprochement à  la définition de la singularité du poète. Ils peuvent être séparés en deux groupes de textes.

                Les poèmes de Baudelaire, de Gauthier et de Roubaud sont construits autour du procédé stylistique de la comparaison que leur structure met en valeur. Les premières strophes présentent le comparant qui donne son titre au poème : « L’Albatros », « Le pin des Landes », et « Le lombric ». On retrouve ensuite les comparatifs qui introduisent le comparé, soit, le « poète » : « le poète est semblable... », « le poète est ainsi... », « le poète est comme... ». Cependant, une fois le comparé nommé, le poète rappelle encore le comparant par un lexique qui lui est attaché (« se rit de l'archer », « ailes » pour « L'albatros » ; « Landes du monde », « entaille profonde » pour « Le pin des Landes » ; « laboure », « grand champ » dans le poème de Jacques Roubaud).

                Dans les poèmes de Corbière et d’Apollinaire les mots comparatifs ont disparu et c’est alors une métaphore qui assure la structure des poèmes. Dans « Le crapaud », la description du comparant se prolonge jusqu'à l'avant-dernier vers ; seul le dernier vers dévoile le comparé : « moi », autrement dit Tristan Corbière, le poète qui, par le biais du verbe « c'est », est identifié totalement au crapaud. Dans le calligramme «La colombe poignardée» d'Apollinaire enfin, la métaphore se complique: elle se fait dessin, le graphisme et la mise en page figurent la « colombe » ; en outre, le comparé n'est pas même nommé.

Ces deux procédés de style qui sont la comparaison et la métaphore, établissent une ressemblance entre un premier élément et un second, ressemblance fondée sur une ou plusieurs qualités communes.

 

Question 2 :

Ces poèmes, s’ils ont une structure très proche, n’appartiennent pas tous au même registre littéraire. 

Les trois premiers poèmes et le calligramme ont des accents pathétiques par les hyperboles qu’ils contiennent (on relèvera à titre d’exemples les «huées» qui s’abattent sur l’albatros; la «plaie au flanc», le verbe «assassine», l’«entaille profonde» dans «Le pin des Landes»; «horreur» dans «Le crapaud»; «poignardée» dans «La colombe poignardée»); on remarque aussi les exclamations, notamment dans le dernier vers du «Pin des Landes» et dans les deux dernières strophes du «Crapaud». Les images souvent violentes redoublent l’émotion («un chant… enterré», «exilé… au milieu des huées», «son sang coule goutte à goutte…»).

À ce pathétique s’ajoute un registre lyrique, particulièrement dans «Le crapaud» qui se termine sur un pronom personnel tonique «moi», inclus dans une exclamation. Par ailleurs il est transparent que les auteurs présentent ici leur propre image et exhalent leurs sentiments blessés : le lexique affectif jalonne ces textes : «piteusement », « honteux », « larmes », « blessé », « horreur », « froid », « pleure », « s’extasie ».

Le texte de Jacques Roubaud est lui exempt de pathétique et appartient au registre humoristique. En effet, par son ton emphatique (le lombric, petit animal qui n’a pas la majesté de « l’albatros », accède à un rang solennel de comparant du poète), par le jeu de mot entre le nom de l’animal et le vers poétique, le poème prend un ton parodique amusé, ludique. Le fait que la structure du poème soit calquée sur celle de «L’albatros» et du «Pin des Landes», mais aussi que la description du lombric s’étire véritablement sur trois longues strophes sont des clins d’œil vers le lecteur averti.

La thématique du poète, être que l’on ne semble pouvoir définir que par comparaison ou métaphore, tant il est singulier, se trouve donc déclinée, au fil des époques sur des tons variés, mais tous s’accordent à dire l’originalité du poète, être à part dans ce monde.

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