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Question de corpus : Vous montrerez comment la description de la nature intervient dans les trois extraits.

Publié le 01/05/2015

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Question de corpus : Vous montrerez comment la description de la nature intervient dans les trois extraits. Ce corpus est composé de trois extraits de textes : Thérèse Raquin, d'Emile Zola paru en 1867, La Condition humaine, d'André Malraux de 1933, et L'Etranger, d'Albert Camus de 1942. Ces trois extraits ont en commun qu'ils sont tout trois tirés de romans et qu'ils parlent de meurtre. En effet, dans le premier texte, Laurent, l'amant de Thèrése Raquin, tue Camille, son mari. Dans le second texte, Tchen, un jeune chinois engagé dans l'action terroriste, s'apprête à tuer un trafiquant et dans le troisième et dernier extrait, Meursault tue un "Arabe". Dans les trois textes, la nature est un élément important voire déterminant. Dans Thérèse Raquin, la nature sert de décor sinistre à l'action. Au début de l'extrait, comme dans un tableau impressionniste, les trois personnages sont dans un canot sur La Seine et l'environnement est décrit : " le grand massif rougeâtre des îles", "les deux rives d'un brun sombre tacheté de gris"; il est donc beaucoup question de couleur mais les teintes sont sombres ou atténuées par le suffixe péjoratif "âtre" : "blanchâtre", "rougeâtre" . On constate également une personnification de la nature : " les rayons pâlissent", "les arbres vieillis jettent leurs feuilles", " des souffles plaintifs ", "douloureusement calme". Le lieu est donc obscur, l'atmosphère inquiétante : " les grandes masses rougeâtres devenaient sombres", " des taches brunes et grises (...) s'effaçaient au milieu d'un brouillard laiteux". Cette ambiance lugubre est une préfiguration du meurtre à venir : le "crépuscule" de la nature est comme le crépuscule de la vie de Camille, la future victime et d'ailleurs cette nuit apporte "dans son ombre" "des linceuls". Enfin on note que la description cesse quand l'action commence. Dans La Condition humaine, la description de la nature, uniquement composée d'éléments urbains, visuels ou sonores, correspond à la vision et aux pensées de Tchen, le personnage principal qui s'apprête à commettre un meurtre. Il est "fasciné par ce tas de mousseline blanche" que constitue la moustiquaire qui protège le corps de sa future victime. Le jeu d'ombres et de lumières : "un grand rectangle d'électricité pâle, coupé par les barreaux de la fenêtre", "un rectangle de lumière", "une ombre" est déterminant dans ce passage descriptif car il souligne le pied découvert du trafiquant et en fait un élément terriblement vivant : "comme pour en accentuer le volume et la vie", "un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil", ce qui rend la décision de Tchen plus difficile à prendre. Les bruits de la rue qu'il perçoit sont aussi importants car ils le détournent pour un temps de sa mission : " Quatre ou cinq klaxons grincèrent à la fois." " Découvert ? " se demande-t-il alors avec angoisse. Puis " la vague de vacarme", les " embarras de voitures" s'estompent, derniers signes du "monde des hommes" pour Tchen qui s'apprête à passer dans "un monde de profondeurs". Enfin, dans L'Etranger, contrairement aux deux autres extraits, le meurtre, commis par Meursault, n'est pas prémédité. Dans ce passage, la nature est plus que déterminante puisqu'elle constitue un personnage à part entière de l'histoire et qu' elle pousse le personnage à commettre son meurtre : "toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi". C'est plus précisément le soleil qui est l'élément déclencheur du drame : "la brûlure du soleil gagnait mes joues" et "à cause de la brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant". Son mouvement entraîne la sortie de couteau par l'Arabe, couteau qui va ensuite l'aveugler : "la lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front". Le soleil provoque aussi la sueur de Meursault et l'aveugle : "mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel". Le soleil et la sueur vont donc le troubler et même l'eau va se charger de feu : "la mer a charrié un souffle épais et ardent" ; c'est là que "tout a vacillé" et que Meursault tire sur l'Arabe. On peut souligner que ce soleil meurtrier " est le même soleil" que celui qui était le jour de l'enterrement de sa mère. On peut donc dire que la description de la nature intervient dans les trois extraits de manière importante mais différente. En effet, dans le texte de Zola, la nature est le décor sinistre qui annonce la scène de meurtre. Dans La Condition humaine, la nature accompagne les réflexions du personnage et ses actions et dans le dernier extrait, la nature fait office de personnage et pousse le héros au meurtre.

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