Quels liens la religion établit-elle ?
Publié le 16/03/2004
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attachements communautaires affectifs (la religion comme lien
social, comme point d'ancrage, élément de partage d'une communauté) ? liens
de pouvoir (la religion comme moyen d'asseoir un pouvoir fort sur des bases
surnaturelles que toute une tradition philosophique a dénoncées comme
trompeuses et abusives) ? Là encore, la réponse viendra de la perspective
choisie.
Ce qui frappe dans ce sujet, c'est l'extrême
diversité des points de vue que l'on peut adopter pour y répondre : il
faudra essayer de trouver des lignes directrices (par exemple la distinction
entre la religion comme foi et la religion comme phénomène social) pour
unifier et problématiser ces points de vue.
Références utiles
Spinoza, Traité théologico-politique
Kant, La religion dans les limites
de la simple raison
Textes à utiliser
Hume, Histoire naturelle de la
religion
Ma première réflexion est que la superstition
favorise la puissance des prêtres alors que l'enthousiasme s'y oppose autant
et même plus que la saine raison ou la philosophie. La superstition, qui est
fondée sur la crainte, la tristesse, l'abattement, conduit l'homme à se
représenter sous des couleurs si méprisables, qu'il se trouve lui-même
indigne d'approcher de la présence divine et que, naturellement, il cherche
un recours auprès de quelque autre personne, qui, par la sainteté de sa vie
ou peut-être par son impudence et sa fourberie, passe pour plus favorisée
par la divinité. C'est à ce genre de personnes que les superstitieux
confient leurs dévotions ; c'est à leurs soins qu'ils recommandent leurs
prières, leurs demandes, leurs sacrifices ; et c'est par leur intermédiaire
qu'ils espèrent rendre leurs requêtes dignes d'être acceptées par leur dieu
courroucé.
De là l'origine des prêtres, qu'on peut
regarder avec raison comme l'invention d'une superstition vile et craintive,
qui toujours défiante d'elle-même n'ose pas élever en offrande ses propres
dévotions mais croit par ignorance se recommander à la divinité grâce à la
méditation de ses soit-disant amis et serviteurs. Comme la superstition
forme une part considérable de presque toutes les religions, et même des
plus fanatiques, et qu'il n'y a rien sinon la philosophie qui soit capable
de triompher complètement de ces terreurs inexplicables, il s'ensuit qu'on
trouvera des prêtres dans presque toutes les sectes religieuses et que leur
autorité sera toujours proportionnelle au plus ou moins de superstition qui
y règne.
Bergson, Les deux sources de la
morale et de la religion
Qui ne voit que la cohésion sociale est due,
en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre
d'autres, et que c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les
hommes avec lesquels on vit ?
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