Quelles sont les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale pour l'Europe ?

 Malgré la mise en place de la Société des Nations à la suite de la Première Guerre mondiale, la paix n’a pu être préservée et on voit réapparaitre des tensions entre les différentes grandes puissances. La Seconde Guerre mondiale, qui opposa les Alliés à l’Axe a durée six années et les Alliés en sortent vainqueurs. Quelles sont les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale pour l'Europe ? Le conflit a bouleversé le monde tant humainement, qu’économiquement. Il marque la fin de la puissance européenne. Nous verrons par la suite que la carte de l’Europe va subir des modifications, puisque ce sont les vainqueurs qui vont fixer les règles de la nouvelle organisation mondiale. Enfin, après la découverte des camps et la révélation du génocide, on assiste a une réelle volonté de maintenir la paix et de garantir la démocratie notamment par la création de l’ONU. 

 Le bilan humain est désastreux. La Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier de l’Histoire : les estimations sont d'environ 60 millions de morts. Les civils sont autant touchés que les soldats voire plus à la suite des bombardements, des déportations et de la volonté d’extermination. Il faut ajouter la surmortalité des enfants et des personnes âgées à cause de la sous-alimentation et de l’impossibilité de soigner correctement les épidémies. Quelques pays ont subi des pertes épouvantables. En Pologne, 18% de la population a disparu. Là où les pertes sont très élevées, on constate un déséquilibre démographique important. Puisque les « jeunes « hommes sont au front; la population se féminise et est vieillissante. Trente millions de personnes sont déplacées entre 1944 et 1946 : aux déportés et prisonniers qui rentrent chez eux s'ajoutent onze millions d'allemands fuyant l'armée rouge ou expulsés des territoires enlevés à l'Allemagne; les Polonais s'installent dans leurs nouvelles frontières; des soviétiques peuplent les territoires annexés... 

 Le bilan économique est amer. En 1945, l’Europe est un tas de ruines : l’Allemagne, la France, les Pays-Bas sont les plus touchés. Des villes entières sont à reconstruire après les bombardements : Varsovie, Stalingrad, Berlin, Dresde, Le Havre,... Les communications sont désorganisées : les chemins de fer sont particulièrement atteints, ainsi que les ponts et les routes. La situation de pénurie et de déséquilibre alimentaire se prolonge au-delà de la guerre. En Europe comme en Asie, le niveau de vie des populations a baissé. Sur le plan financier, après avoir dépensé des sommes faramineuses, des états se retrouvent avec des ressources fiscales insuffisantes : l’endettement entraîne l’inflation et la dépréciation des monnaies nationales. On assiste en effet à une hausse de la dette publique ; celle-ci a été multipliée par 4 en France et par 10 en Allemagne. On notera en plus les actes de pillages. Il y a cependant quelques effets « positifs «. Par exemple, la guerre a stimulé la recherche (physique, nucléaire, informatique, aéronautique, médecine, chimie, l'automobile,...). 

 L'Europe n'est plus au centre du monde. L’Angleterre et la France ont un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU mais elles dépendent toujours des Etats-Unis et de l’URSS. Au niveau économique, elle est ruinée et la nouvelle organisation financière est centrée sur les Etats-Unis. Au niveau colonial, la France et l’Angleterre affrontent les mouvements indépendantistes des colonies qui vont être soutenues par les Etats-Unis et l’URSS et par la Charte de l’Atlantique( suivra la crise de Suez). Les Etats-Unis sont les grands bénéficiaires de la Seconde Guerre mondiale : en effet, cette guerre leur a permis de distancer copieusement l’Europe. Le niveau de vie est bien supérieur. En 1945, ils ont une puissance économique et financière. Ils dominent le commerce mondial ( GATT en 1947). De plus, les Etats-Unis sont également une puissance militaire: ils ont des bases sur tous les continents et sont les seuls à avoir la bombe atomique (1945). L’URSS, quant à elle, se définit avec son prestige militaire et politique. L’Armée Rouge est la seule grande armée européenne, elle a un énorme prestige ainsi que son chef, Staline. Le communisme apparaît comme le premier rempart contre le fascisme et le nazisme. L’URSS veut jouer un rôle dans les règlements territoriaux et politiques à l’Est et en Europe centrale. Cependant, l'URSS a un temps de retard sur les Etats-Unis. Entre ces deux « supergrands «, l’Europe est devenue un enjeu. 

 {text:soft-page-break} Les trois grands alliés réfléchissent au devenir de l’Europe. C’est la conférence de Yalta, en Crimée, en février 1945, qui est décisive. Staline y apparaît en position de force : ses armées ont pénétré dans tous les pays d’Europe orientale. Quelques grands principes sont énoncés : des élections libres seront organisées dans les états de l’Europe anciennement occupés par les nazis; l’Allemagne paiera des réparations et sera divisée en quatre zones d’occupation. Grâce à Churchill, la France obtient une « invitation «. Pour la première fois, il est affirmé qu’une guerre a été menée par des criminels. Roosevelt obtient l'adhésion de Staline à un système d’organisation mondiale : la future ONU. Pour Roosevelt, il s’agit donc d’organiser le monde sur une base d’entente tandis que Staline fait accepter l’idée d’une zone de sécurité soviétique en Europe de l’Est. 

 Churchill, inquiet de la présence soviétique en Europe, réclame une nouvelle conférence. Celle-ci s’ouvre à Postdam en août 1945, dans la zone d’occupation soviétique. Staline a devant lui Truman, qui a succédé à Roosevelt décédé le 12 avril, et Churchill battu aux élections a été remplacé le 28 juillet par Attlee. Le contexte, depuis Yalta a changé. L’Allemagne est au centre des débats : les quatre zones d’occupation sont mises en place ainsi qu’à Berlin. La frontière entre l’Allemagne et la Pologne est tracée...Mais des points restent incertains comme l’évolution des pays contrôlés par l’Armée Rouge ainsi que leur régime politique. La méfiance entre les anciens Alliés est désormais installée. A l’Ouest, on redoute l’extension du communisme, alors qu’à l’Est, les Soviétiques craignent de se voir enlever le bénéfice de leur victoire et rétorque en accusant les Etats-Unis d'impérialiste. 

 En Europe, une nouvelle carte politique au bénéfice de l’URSS est dessinée, entraînant des déplacements massifs de populations. Les frontières de 1939 sont bouleversées : la Pologne reçoit une partie de la Prusse orientale, Dantzig et des territoires allemand. Elle perd néanmoins une partie de son territoire à l’Est au profit de l’URSS qui a annexé également les pays baltes. En effet, elle s’agrandit de plus en plus. En Asie, le Japon, occupé par les Etats-Unis, perd tous ses territoires. L’U.R.S.S. partage avec les Etats-Unis l’occupation de la Corée : ce pays est divisé en deux zones par rapport au 38e parallèle. Suivra la crise de Corée. 

 Le choc provoqué dans l’opinion à la suite de la diffusion des images de la libération des camps de la mort renforce la volonté des vainqueurs de juger les crimes de guerre. Il s’agit alors de dénoncer le racisme du régime nazi qui a réalisé le génocide des Juifs dîte Shoah (6 millions de victimes) et massacrés les slaves, appelés « sous-hommes «. En 1943, les alliés décident à Moscou que les principaux criminels « dans les différents pays doivent être punis par une décision commune des Alliés «. A partir d’octobre 1945, le Tribunal International de Nuremberg juge les principaux responsables. L’accusation porte sur les crimes contre la paix qui concernent les guerres d’agression, les crimes de guerre, et les crimes contre l’humanité : « extermination, réduction en esclavage, déportation pour des motifs politiques, raciaux ou religieux «. On notera également le procès à Tokyo, de mai 1946 à novembre 1948, contre les criminels de guerre japonais. 

 Salué au départ comme une prouesse technique, l’usage de l’arme nucléaire pose la question des relations entre sciences et politique. Après avoir financé et crée ce merveilleux moyen de s'autodétruire, l'arme atomique a montrée ses capacités à Hiroshima et à Nagasaki, les 6 et 9 Août 1945, et a marquée les esprits du monde entier par le nouveau conflit qu'elle symbolise et alimente le pessimisme des consciences. Les conséquences sur la création intellectuelle se traduisent par des œuvres représentant l’absurdité du monde (comme L’Ossuaire de Pablo Picasso), et comme le dira Albert Camus, « le seul combat qu'il vaille encore la peine de mener, c'est la paix «. 

 Par la suite, on observe le désir d'installer un nouvel ordre mondial. Pour les dirigeants de l’après-guerre, il s’agit d’éviter le retour aux erreurs du passé. Le retour à la prospérité passe par une coopération internationale selon le modèle imaginé par les Etats-Unis, première puissance financière, à la conférence de Bretton Woods en juillet 1944. Le dollar est reconnu comme monnaie internationale, lui seul se définissant par rapport à l’or. Un Fonds Monétaire International (le FMI) est créé pour assurer la régulation des différentes devises des états membres ainsi que la BIRD afin d'améliorer la reconstruction et le développement aux pays touchés. La Société des Nations (SDN) ayant échoué; dès le 14 août 1941, Churchill et Roosevelt prévoient dans la Charte de l’Atlantique l’instauration d’un nouveau système de sécurité collective. Le 1e janvier 1942, la Déclaration des Nations Unies engage 26 pays à mener jusqu’au bout la lutte contre l’Axe pour fonder un monde de justice, de paix, de sécurité pour tous, dans le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En octobre 1943, à {text:soft-page-break} Moscou, les Etats-Unis, l’Union Soviétique, la Chine et le Royaume Uni soulignent la nécessité d’établir une organisation internationale fondée sur le principe de l’égalité des états pour maintenir la sécurité. L’ONU est officiellement créée le 25 juin 1945 à la conférence de San Francisco réunissant 51 pays signataires de la Charte. Elle a pour but de maintenir la paix et la sécurité mondiale et de faire respecter les droits de l'Homme mais des problèmes subsistent. Il n'y a pas de pouvoir législatif: l'Assemblée Générale n'a aucun pouvoir. De plus, la prise de décision est interrompue par le droit de véto ; et bloque les résolutions. Certes, on assiste à une amélioration par rapport à la SDN comme l'apparition du conseil de sécurité et des casques bleus mais on constate que l'ONU n'est pas un véritable gouvernement mondial. 

 La Seconde Guerre mondiale fut un conflit total avec de nombreuses conséquences. L’Europe, à bout de forces et de ressources, en sort bouleversée ( pour les allemands, « c'est l'année zéro «). Toutefois, deux nouvelles puissances s’affirment à la fin du conflit. Tout d’abord, l’URSS fait figure de grand vainqueur puisqu’elle contrôle militairement l’Europe orientale et l’Europe centrale et le déséquilibre idéologique joue en sa faveur. Elle a, par ailleurs, acquis un énorme prestige moral. Aussi, les Etats-Unis représentent désormais la première puissance militaire et économique du monde. Ils sont sortis indemnes de la guerre avec une production industrielle multipliée par deux, et leur monnaie, le dollar, est la seule à être convertible en or, elle est reconnue comme la monnaie des échanges internationaux depuis juillet 1944. En outre, la fin de ce conflit planétaire marque le début de l’ère atomique; la possession de la bombe atomique donne alors à la fois puissance et prééminence aux états qui la possèdent. Les deux nouvelles grandes puissances vont donc s’unir pour fixer les nouvelles règles du jeu international mais, rapidement, elles vont se proclamer chacune de leur côté comme étant des modèles politiques, économiques et culturels de référence et vont ainsi obliger les autres états à entrer dans cette logique bipolaire. Cet affrontement va alors prendre la forme d’une « Guerre froide «.