Dans le roman Tout les matins du monde, le silence a une place très importante. Surtout pour son auteur, Pascal Quignard. En effet, Quignard a vécu, au cours de sa vie, des périodes de dépressions où il ne parlait plus. Etant donné que le roman et le film, Tout les matins du mondes, correspondent énormément, on peut construire plusieurs ponts de correspondances, au sujet du silence, dans le roman et dans le film. Dans le même temps, on remarque des dissemblances.
Nous allons parler de la place que tient le silence dans le roman et dans le film. En premier lieu, nous allons voir l’importance de M. de Sainte Colombe, surtout dans le livre mais aussi dans le film. En opposition, nous verrons comment le silence dans le fil donne une autre lecture du livre.
Dès le début du roman, on nous dit que le personnage M. de Sainte Colombe « était le plus souvent taciturne «. M. de Sainte Colombe est un personnage qui n’aime pas parler, donc il ne parle presque jamais. Pourtant, il est un des personnages qui nous fait le plus sentir ses émotions. Prenons exemple sur un passage présent dans le roman et dans le film, lors d’une apparition de sa femme (chapitre 15) « alors qu’il avait joué lors de l’office des ténèbres dans la chapelle de l’hôtel de Madame de Pont-Carré « où il pleure : « Il s’assit sur le marchepied et il pleura «. Le fait que M. de Sainte Colombe soit un personnage qui s’épanche rarement, lorsque cela arrive, ces émotions semblent décuplées. Tout le roman est écrit de façon minimaliste, Pascal Quignard nous dit le moins pour nous faire ressentir le plus, tout comme Corneille dans le Cid : cette figure de style est une litote, une figure d’atténuation. Dans le film, il est très rare d’entendre M. de Sainte Colombe parler, mais chacune de ses expressions physiques, comme l’ombre d’un sourire ou une simple larme, parle plus que les paroles des autres personnages. Le silence qui émane de M. de Sainte Colombe est peut-être dû à la souffrance, la tristesse de la perte de sa femme, et l’on sait que son caractère « taiseux « est dû pour beaucoup à cette perte. On peut voir le silence comme un silence de mort. C’est dans le silence que Mme de Sainte Colombe apparait, mais elle lui reste inaccessible donc on peut dire que le silence est souvent rapporté à la perte.
Néanmoins, on se rend compte que, dans le film Tout les matins du monde, les moments de silence liés à la mort sont toujours empreints de musique. On peut donc se poser la question suivante : Le silence du livre n’est t’il pas, certes il est rempli de souffrance et de mort, une musique ? En effet, vu que le roman et le film se ressemble d’une manière si forte, des passages étant respecté mots à mots, on peut penser, vu que le livre a tant aidé pour le film, que le film donne des éléments au livre impossible a donné à l’écrit. Donc le film ne serait pas tiré du livre, mais ils se compléteraient, l’un étant indissociable de l’autre. On voit que dans le film il n’y pas de moments complètements silencieux, pourtant il y a de nombreux moments très calme. On se rend compte qu’il y a toujours un bruit, de respiration, de vent… C’est d’ailleurs le propre des films, d’être silencieux, vu qu’ils sont une ébauche de réalité, plus ou moins fantaisiste. C’est le contraire des livres qui se servent de notre imagination pour meubler l’écriture. Ainsi, on se rend compte que les moments calmes, que l’on peut presque qualifier de silencieux, sont très nombreux dans le film de Corneau. On se rend compte que ces moments donne une forte intensité à certaines scènes. Nous pouvons prendre comme exemple le plan où la caméra se centre sur le tableau de M. Baugin, de plus cette façon de filmer renforce le clair-obscur, qui est le courant artistique où s’inscrit le film.
En conclusion, on peut dire que le silence tient plusieurs places, mais on peut faire une distinction entre la place qu’il tient dans le roman et celle qu’il tient dans le film. Dans le roman, on peut penser que le silence est lié à la souffrance et au thème de la mort, dans le film, l’absence de silence complet mais de scènes très calmes donne une importance à certains plans cinématographique où ces moments calmes sont présents. Néanmoins, dans le roman comme dans le film, le silence donne une impression de musique.