Quelle Est La Vision Du Monde Et De La Société Dans Le Père Goriot ?
Publié le 17/08/2010
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Dans un premier temps , on s'aperçoit que la pension Vauquer, comme d’autres pensions de cette époque, est strictement hiérarchisée. Cette hiérarchie dépend du niveau économique des pensionnaires (la fortune s’amenuisant au fur et à mesure que l’on monte dans la pension), du pouvoir exercé par certaines personnes sur d’autres (rapport de domination) et du statut social de chacun, un noble ou un bourgeois étant beaucoup plus estimé qu’un domestique. La pension apparaît ainsi comme une image réduite de la société : une sorte de microcosme.
En outre, il y aussi les relations que les pensionnaires entretiennent avec le monde extérieur, c’est-à-dire avec Paris. Au fil de la lecture , on peut découvrir de nombreux endroits de Paris car les relations de ces personnages sont très différentes. Ceci démontre que les classes sociales ne fréquentent pas ou plutôt n’ont pas la possibilité de fréquenter les même lieux. Ainsi , les classes sociales sont sectorisés par quartiers et ne se mélangent que très rarement.
De plus , la société que nous décrit est immoral , impitoyable. Il faut suivre les rouages très particuliers de la société pour s'y fondre totalement. Pour cela , il faut mener un combat incessant en faisant preuve d'arrivisme comme Vautrin avec Rastignac qu'il utilise pour faire sa fortune ou d'égoïsme comme les filles du Père Goriot. Dans ce monde , l'argent est roi : les gens sont prêt à s'avilir en laissant de coté leur honneur et en acceptant la corruption. Il faut manipuler les gens pour réussir dans ce monde : c'est ce que conseille Mme de Beauséand à Rastignac en lui révélant qu'il ne peut y « arriver que par les femmes «.
D'autre part , Balzac décrit une société où tout le monde joue : la comédie humaine. C'est pour lui un lieu terrible , de désolation où l'on cache la vérité en créant des liens factices ou en les rejetant à la manière de ce que font les filles du père Goriot avec ce dernier. C'est donc un monde d'apparence qu'il faut savoir décrypter pour pouvoir y entrer. En faisant la satire de la société de son époque , il nous montre à quel point il était difficile de s'y faire une place
En conclusion , on peut dire que Le Père Goriot est un roman d'apprentissage. En effet, au fil des pages, Balzac nous enseigne, à travers Eugène de Rastignac, la dure réalité de la vie parisienne. L'emprise de l'argent et de l'ambition pousse les personnages de ce roman à agir sans scrupules, dans une société où la cruauté est de mise. Les sentiments ne sont jamais purs et le mot « amour « n'a pas beaucoup de signification. Balzac use ainsi d'exagérations, d'image ( « char de Juggernat« ,...) pour décrire Paris comme une ville destructrice , insensible à la douleurs.
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3) La science :Elle est le fruit de la libération de la parole et de la raison, et ne pouvait donc pas apparaître sous la monarchie sacrée précédantla république.
La science résulte de la distinction entre le physis et le nomos, et de la primauté du second sur le premier.
Lecitoyen cherche dans la cité les lois abstraites, universelles et impersonnelles qui doivent s'appliquer à tous.
De même, l'hommegrec applique cette démarche à l'univers pour le comprendre dans son ensemble, et non plus pour dresser un catalogue dedescriptions isolées à la manière des mésopotamiens.
L'esprit scientifique résulte de cette volonté de construire des théories,destinées à décrire des principes s'appliquant au tout cosmique.4) L'école :Sous Alexandre le Grand et Aristote, l'accumulation des connaissances conduit à la publicisation de l'enseignement notammentsous forme privée (avec les sophistes) puis devient à la fois public et pluridisciplinaire.
L'école devient un facteur de continuitésociale.
II – L'apport romain : le droit privé, l'humanisme1) Un droit universel dans un Etat pluriethnique :L'Etat romain est cosmopolite (multiculturel) et le droit romain régit les seuls rapports entre patriciens.
Or, les étrangers n'ayantpas les mêmes coutumes, ni même un vocabulaire juridique de la même complexité que celle du droit romain, restent soumis à cedroit qui deviendra source de litige.
Les préteurs vont alors développer des notions accessibles à tous et détachés, pourl'essentiel, d'attaches finies pour se porter sur des concepts qui « tombent sous le sens » de l'ensemble des individus.
De là vientla pratique d'un droit prétorien, appliquant des procédures formulaires et constamment amélioré par l'interprétation des différentspréteurs.
L'institution juridique est née et ces concepts, dont chacun s'accordent sur l'évidence, se résume par la« loi naturellefondamentale » que Cicéron décrit dans De Republica : «Le règne de la loi est préférable à celui d'un seul des citoyens prisindividuellement et […] vouloir le règne de la loi c'est, semble t il, vouloir le règne de Dieu et de la raison ».
Nait ainsi un droit dit« commun » car il concerne toutes les populations.
L'occident hérite directement de ce droit, sous la forme du droit civil tel qu'ilfut codifié par les romains.2) Le droit privé romain, source de l'humanisme occidental :Rapidement, l'outil juridique gagne une précision telle qu'il devient possible de clarifier la limite du tien et du mien, et de garantircette distinction dans le temps.
Ainsi le droit romain crée la notion de propriété privée, qui modifie la notion de personne humaine: le moi se différencie des autres par ce qu'il possède.
Cette émancipation de l'individu laisse ainsi place à l'ego.
Cicéron définit lapersona comme l'agrégation de la nature humaine et d'une « nature personnelle ».
Désormais, chaque homme possède une naturequi lui est propre et qui justifie la satisfaction de motivations privées.
Selon Philippe Nemo, l'occident est la seule civilisation quiconnaisse le résultat de cette synthèse.
3) Le personnalisme latin en sculpture et en littérature :Les arts témoignent du processus d'individualisation de la personne humaine à l'œuvre à Rome.
Le théâtre met en scène despersonnes, c'est-à-dire qu'il construit des situations qui s'appuient sur la vie privée des personnages et sur leur ego.
Dans lespièces romaines, la vie politique passe au second plan, ce qui reflète l'émergence d'un espace où la liberté est institutionnellementreconnue.
De même, la sculpture est individualisante : les artistes réalisent de véritables portraits en trois dimensions, dont le butest de révéler les qualités intrinsèques du modèle.III – L'éthique et l'eschatologie bibliques :1) L'éthique biblique :Elle est fondée sur une morale de la compassion.
Ce parti pris idéologique rend la souffrance des autres insupportable à toutcroyant.
Une telle vision des choses construit une relation dissymétrique irrésoluble : le croyant doit faire toujours plus pour sonprochain, sans espoir d'être un jour quitte de cette dette morale.
Cette idéologie ne peut être mieux illustrée que par la moraledéveloppée dans le Sermon sur la montagne.
De là découle une culpabilité infinie, symbolisée par le péché originel dans la Bible.Selon Lévinas, à l'inverse, nous ne sommes humains que dans cette responsabilité pour autrui, ce qui entre corrélation avec ladéfinition de dignité de la personne humaine retracée par Kant qui consiste à considérer qu'un homme ne peut faire l'objet d'unequelconque réification ou vivisection : l'identité de l'homme s'apprécie dans son ensemble et ne peut ainsi faire l'objet d'unedistinction qui tendrait à prouver une supériorité.
Les premiers prophètes réclament en conséquence au pouvoir politique unejustice qui fait bien plus que maintenir l'ordre des choses : il est nécessaire de l'améliorer.2) L'eschatologie biblique :Une telle vision du monde construit un temps linéaire, et non plus cyclique : le récit biblique part de la création et finit à la « fin destemps ».
Ce n'est pas un choix philosophique, mais une nécessité imposée par la morale judéo-chrétienne.
Il s'agit d'une véritablerévolution éthique : il y a désormais urgence d'extirper le mal du monde.
Ainsi l'humanité ne peut plus se concevoir que dans unehistoricité qui s'impose à elle.
La variable temporelle intervient à partir de ce moment comme une contrainte omniprésente.
Letemps est le cadre de la transformation nécessaire du monde.
Il appelle l'action réelle de l'homme, qui doit changer le monde.
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