Quelle est la vision de l'homme et du monde construite par ce roman, Madame Bovary de Flaubert ?

Flaubert écrit une de ses oeuvres principales avec Madame Bovary, dont Emma Bovary est le personnage principal. Nous retrouvons à travers ce personnage une vision du monde que nous allons essayer de définir. Tout d'abord, Flaubert dans son livre essaie d'avoir une écriture la plus réaliste possible. Nous avons de longues pages de description, où il essaie d'être le plus vrai possible, par exemple, il a lu des traités de médecine pour connaître au maximum les symptômes d'un empoisonnement par l'arsenic avant de décrire l'agonie d'Emma. De plus, chaque personnage possède le langage de sa classe social, ils sont vrais, comme le mari d'Emma qui possède des manières quelque peu rustre. Ensuite nous devons noter cette tendance continuelle à expliquer les caractères par l'influence du milieu et du tempérament. Il insiste par exemple sur l'adolescence d'Emma, ce qui montre que son héroïne est en partie conditionnée par ses expériences de pensionnat, ses lectures en particulier. Cette description la plus réaliste possible d'Emma nous offre une vision du monde assez triste. En effet Emma est décrite de la façon la plus vraie possible, mais cela laisse l'impression d'une héroïne assez banale, presque misérable. Emma a tendance à vivre sa vie dans un rêve, suite à ses lectures romanesques de jeunesse, qu'elle continue tout au long de sa vie, elle rêve d'une vie de princesse, cependant la réalité n'est pas satisfaisante. Alors nous pouvons trouver la véritable visée de Flaubert, et la vision du monde que propose ce livre. Madame Bovary est en effet essentiellement une condamnation de cette propension de l'esprit à tout enjoliver, à parer la réalité la plus triviale des feux de l'imagination. Il se moque de la littérature dont Emma se gorge au couvent qui lui crée de faux rêves et qui finalement l'empêche de profiter de sa vraie vie. De plus le romantisme classique de certains romans est ici démystifié, la grande passion romantique qui emporte l'âme d'Emma devient un mariage d'affaires où les sentiments sont sacrifiés à l'intérêt. Tout au long du roman, les questions d'argent empoisonnent les idylles successives d'Emma. La dénonciation se porte donc principalement sur les dangers du rêve qui dénature la réalité, de ce rêve éveillé que vit Emma et qui la conduira, d'abandon en lâcheté, à l'issue fatale, le suicide, pour avoir poursuivi un impossible idéal. Par exemple, lorsqu'elle est invitée à la Vaubyessard, elle pare un vieillard assez délabré de toutes les séductions de son esprit enfiévré parce qu'il a été un grand amant et qu'il a connu une existence romanesque. Plus loin, lorsqu'elle rêve de Paris, elle choisit inconsciemment les tableaux qui peuvent flatter ses chimères : là tout n'est que luxe, mystère, passion dévorante ; ce qui ne correspond bien sur pas à la réalité. C'est alors que la vision du monde normale s'inverse, c'est l'exceptionnel qui devient ordinaire, tandis que le monde réel, banal est évacué, rayé de l'existence. Au final, on peut dire que Madame Bovary par bien des côtés est une oeuvre anti-romanesque. C'est l'histoire d'une déchéance assez lamentable, l'héroïne est très peu glorieuse, et ceci est accentué par l'écriture réaliste de Flaubert. Cela nous donne une vision du monde assez triste, où l'existence est guidée par des rêves impossible à atteindre, Flaubert nous mets en garde contre ce risque.