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Quel Est Le Rôle Des Prétextes Dans Les Liaisons Dangereuses ?

Publié le 23/10/2010

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liaisons dangereuses

 

Les Liaisons Dangereuses est un roman épistolaire de Laclos, publié en 1782. Abordant des thèmes sulfureux, Laclos souhaite se dédouaner : ces lettres auraient été recueillies puis publiées afin d’instruire les lecteurs de ce qu’il se passe dans une partie de la société. Pour convaincre le lecteur de l’authenticité des lettres et éviter la censure, Laclos doit faire preuve d’ingéniosité et c’est ainsi que nous allons découvrir le rôle important des prétextes.

 

             Laclos a profité du fait que les prétextes soient la première chose que découvre le lecteur pour créer une mise en scène. En effet, l’avertissement au lecteur et la préface du rédacteur ne sont qu’un tissus de mensonges, puisque c’est Laclos lui-même qui les a écrit afin de parvenir à ses fins.

Tout d’abord, Laclos souhaite éviter la censure et fait croire que les lettres sont authentiques.

Premièrement, nous pouvons remarquer que le titre complet du roman est Les Liaisons Dangereuses ou lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres (par M.C… de L…). Déjà, ici, le rédacteur nous dit que ces lettres sont authentiques puisque recueillies. De plus, il explique que ce recueil a pour but d’instruire quelques autres, soit un ensemble spécifique de la société qui souhaiterait connaître les mœurs d’un autre ensemble, afin de peut-être mieux s’en défendre (puisque les liaisons sont dangereuses).

De plus, Laclos a rajouté sous le titre une citation de Rousseau : « J’ai vu les mœurs de mon temps, et j’ai publié ces lettres «. Cela témoigne de son admiration pour cet écrivain et confirme encore qu’il n’est pas à l’origine de ces lettres, qu’il n’a fait que les trouver et les publier.

Ensuite, dans la préface du rédacteur, Laclos ré insiste sur le fait qu’il n’est pas l’auteur des lettres. Il commence tout d’abord par expliquer le but de son travail : trier les lettres qu’il a trouvé afin de n’en garder que l’essentiel, celles qui apportent des informations sur les personnages ou l’intrigue, les classer (majoritairement par ordre chronologique) puis y rajouter quelques notes pour donner les sources de quelques citations ou expliquer ses choix par rapport à la suppression de certaines lettres. Ensuite, il s’attarde sur le style qu’il n’a pas eu le droit de corriger parce qu’il fallait préserver les erreurs d’écriture des auteurs des lettres et donc leur authenticité, et se rabaisse en disant que même si ces corrections avaient été faites, elles n’auraient surement pas donné du mérite au recueil. Par ailleurs, il fait part de fausse modestie en disant qu’il n’espère pas le succès de cet ouvrage (style trop simple, ouvrage qui peut nuire aux libertins, …). Finalement, à travers sa préface, Laclos cherche à se faire passer pour ce qu’il n’est pas, soit un simple rédacteur. Il se rabaisse et ment : c’est bien lui qui a écrit cet ouvrage, il a en réalité fait preuve de beaucoup de talent, créé un caractère et un style d’écriture différent pour chaque personnage et, évidemment, il place beaucoup d’espoirs dans les Liaisons Dangereuses qu’il espère être « un ouvrage qui sorti de la route ordinaire, qui fit du bruit et qui retenti encore sur la Terre quand il y aurait passé «.

Ainsi, à travers le titre, la citation de Rousseau et la préface du rédacteur, Laclos a des chances de convaincre le lecteur de l’authenticité des lettres mais tient aussi des propos moralisateurs qui se révèlent par la suite peu crédibles puisque Mme de Volanges qui tire la morale ne sait même pas ce qui est arrivé à sa propre fille et que, finalement, les méchants comme les gentils sont punis, mais en aucun cas par la société.

             Malgré tout, Laclos décide de semer le doute. En effet, dans l’avertissement de l’éditeur, Laclos explique qu’il ne peut garantir l’authenticité du recueil, et va même jusqu’à dire qu’il s’agit surement d’un roman. Il souligne les fautes de l’auteur, comme par exemple le fait d’avoir placé sous le siècle des Lumières des personnages aux si mauvais mœurs qu’il est impossible de penser qu’ils aient pu exister à cette époque, et finit simplement par dire qu’aujourd’hui, on ne pourrait pas rencontrer de Cécile de Volanges ou de Présidente de Tourvel. Laclos se discrédite totalement, contredit alors sa préface du rédacteur, la citation de Rousseau et le titre de l’ouvrage.

 

A travers ces prétextes, Laclos brouille les pistes afin que le lecteur ne sache pas réellement si les lettres qu’il lira par la suite sont authentiques. Ainsi, il en profite aussi pour se dédouaner de ce qu’il a pu écrire et qui aurait pu choquer, ou être critiqué (l’histoire en elle-même, mais aussi les personnage et leur style d’écriture), donne à son ouvrage un but moralisateur, se met à l’abris de la censure, mais laisse aussi croire à l’éventualité qu’il soit l’auteur de ce recueil, qui devient alors un roman, et que le mérite lui revient.

 

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