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« Que peuvent nous apporter les gens qui sont différents »

Publié le 09/03/2021

Extrait du document

Réponse argumentée :
« Un point de vue autre importe à la société. D’où qu’ils viennent, de l’intérieur, d’une minorité, etc, les autres ont quelque chose à nous apprendre, car il voit des choses que la majorité des gens ne voit pas. Le principe du décentrement, de la déstabilisation, me paraît fondamental. C’est cela que je veux faire : enrichir et complexifier notre vision. Donner le vertige. Faire comprendre que, loin d’être au centre du monde, nous ne formons qu’une écume à la crête de l’histoire. »
William Marx, dans une interview à l’occasion de la sortie de son dernier livre un « Savoir gai ».
Grâce à vos lectures et en particulier à celle de « des Cannibales » et « des Coches », vous répondrez à la question suivante de manière argumentée :
« Que peuvent nous apporter les gens qui sont différents »
INTRODUCTION :
La découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492 contribua au fondement de l’humanisme naissant, dont l’un des principes repose sur l’altérité et une ouverture à l’autre. Cette découverte de l’altérité et de la différence est notamment abordée dans les Essais de Michel de Montaigne, qui pour constituer ses propres conceptions, a beaucoup lu les auteurs antiques comme les écrivains contemporains. Il raconte plus particulièrement dans les chapitres de « des Cannibales » et « des Coches », la rencontre entre les Indiens anthropophages de ce « nouveau monde » et les Européens. 
Quatre siècles plus tard, s’interrogeant sur la question l’altérite, William Marx affirme que « D’où qu’ils viennent, de l’intérieur, d’une minorité, etc. les autres ont quelque chose à nous apprendre. »
Le « nous » pour Montaigne ne désigne pas seulement un être humain individuel, lui-même par exemple, mais son utilisation revient a parler au nom des Européens au sens général. On peut donc se demander ce que ce « nous », les Européens pour Montaigne, « apporte ». 
« Apporter », ce n’est pas uniquement donner ou procurer quelque chose à quelqu’un. C’est aussi fournir sa mise à contribution, apporter sa pierre à l'édifice dans un groupe ou une société donnée. À ce titre, les gens semblent toujours nous apporter quelque chose. 
« Les gens », c’est l'autre au sens général. Mais c’est aussi les personnes, tous les êtres humains, en nombre indéterminé. Mais « les gens » sont tous différents, mais qu’est ce que la différence ? 
On définit communément la « différence » comme ce qui distingue un individu d’un autre, mais c’est aussi ce qui met en lumière les éléments identiques, les points communs que l’on a avec quelqu’un de différent.
Nous pouvons alors nous demander si l’altérité individuelle de tous les êtres humains d’un même groupe, les européens pour Montaigne, contribue à notre enrichissement personnel et à celui d’un groupe ou d’une société ?
Pour répondre au problème posé, nous verrons d’abord ce que nous apporte l’altérité des autres, en bien comme en mal. Mais cette idée ne suffit pas et nous verrons que l’ethnocentrisme, le refus parfois inconscient d’admettre la diversité culturelle peut constituer un frein à ce que peuvent nous apporter les gens différents. Ce n’est qu’une fois ces aspects éclaircis que nous pourrons nous rendre compte de ce que nous avons retenu de notre rencontre avec l’autre au cours d’un troisième et dernier temps.
PLAN :
1ere GRANDE PARTIE (thèse) : Tous ce que nous apporte l’altérité des autres
L’altérité, désigne ce que représente « l’autre » dans sa globalité. L’autre est différent de nous, de ce que nous connaissons, mais est également semblable en certains points.
D’une part, l’altérité représente tout ce qui n’est pas nous, c’est-à-dire l’ensemble du reste du monde. Nous côtoyons l’altérité tous les jours, à chaque instant : nos camarades de classe, la culture étrangère, que ce soit dans la nourriture, les médias, films, musiques etc…Tous ces éléments font partie de notre quotidien et pourtant, ils sont différents de nous et parfois, de notre culture (façon de vivre, de se comporter, langue parlée, propre a la société dans laquelle nous vivons…)
D’autre part, la culture est propre à chacun : nous construisons tous notre propre culture. Néanmoins, nous avons tous une base commune en fonction du groupe social auquel nous appartenons : nous vivons en France, c’est-à-dire que nous parlons français, on peut donc dire que nous avons un « train de vie » français, c’est-à-dire similaire à celui d’un certain nombre d’autres français. Pourtant, contrairement peut-être à un camarade lui aussi français, nous pouvons par exemple aimer ou non la nourriture japonaise, la lecture ou les films anglais ainsi que la musique américaine. Chaque individu se construit donc une identité personnelle avec ses goûts et habitudes de vie. Une partie de notre culture se compose donc grâce à ce qui nous entoure et qui vient d’ailleurs.
Nous venons de voir que l’altérité des autres nous apporte énormément de choses qui peuvent nous transformer. Mais alors il est donc important de se demander si l’ethnocentrisme, le refus parfois inconscient d’accepter la diversité culturelle constitue un frein à ce que peuvent nous apporter les gens différents de nous et si des groupes d’individus peuvent de sentir supérieur au point de mener à l’extinction, à l’anéantissement d’un autre. 
2eme GRANDE PARTIE (antithèse) : L’Ethnocentrisme, le refus parfois inconscient d’accepter la diversité culturelle pet constituer un frein à ce que peuvent nous apporter les gens différents.
Le peuple français, à l’époque de Montaigne, est très ethnocentrique [qui pense que son pays, sa culture est supérieure à une autre], cela se remarque à la fin du chapitre « Des Cannibales » lors de la supposée rencontre entre deux Indiens anthropophages avec les Français, notamment avec le Roi Charles IX qui n’a alors que neuf ans à ce moment-là.
Montaigne, dans « des cannibales » dénonce le fait que les Européens jugent les Indiens « sauvages et barbares » car ils sont cannibales. Il essaye de prouver que les Européens ont une vision subjective et qu’ils sont ethnocentriques. Il développe l’idée que nous sommes tournés sur nous-même, sur nos croyances et que nous nous permettons de les critiquer en les montrant comme des animaux « sauvages et barbares » alors que nous-même faisons bien pire. Il montre dans ces Essais que nous [les Européens], imposons nos croyances aux Indiens, contre leur grès. Montaigne dans son livre montre aussi que les Indiens imitent plus tard nos modes de tortures ce qui prouve qu’ils s’en inspirent, car l’auteur les pense bien plus barbares et sauvages que les leurs.
Ainsi, tout en reconnaissant que l’ethnocentrisme constitue un frein à ce que peuvent nous apporter les gens différents, on peut rendre compte de ce que l’on retient de notre rencontre avec l’autre.
3eme GRANDE PARTIE (synthèse) : Que retenons-nous de notre rencontre avec l’autre ?
Notre rencontre avec l’autre, avec les « gens différents » de nous peut nous apporter des connaissances comme participer à notre construction personnelle. En effet, s’il existe des personnes différentes de nous, c’est donc forcement que nous devons être différents à leurs yeux. Ainsi, nous nous apportons et complétons tous mutuellement du fait de nos différences. 
Cependant, l’histoire nous montre par exemple lors de la découverte du Nouveau Monde que des groupes d’individus, ici « les Européens » peuvent se sentir supérieurs jusqu’au point de « prendre le dessus » sur un autre, ici les tribus Indiennes pour parfois mener à leur extinction.
CONCLUSION :
Nous nous sommes donc demandés si l’altérité individuelle de tous les êtres humains d’un même groupe, les Européens pour Montaigne, contribue à notre enrichissement personnel et à celui d’un groupe ou d’une société ?
Nous avons commencé par nous interroger sur ce que nous apporte l’altérité des autres, en bien comme en mal, ce qui nous a ensuite amenés à nous demander si le refus parfois inconscient d’accepter la diversité culturelle peut constituer un frein à ce que peuvent nous apporter les gens différents. Ce n’est qu’une fois ces aspects éclaircis que nous avons pu nous rendre compte de ce que l’on retient de notre rencontre avec l’autre.
En définitive, la réponse à la problématique posée par l’analyse de des « Cannibales » et « Des Coches » révèle effectivement que la rencontre avec des « gens » différents, conduit bien à une interrogation sur soi. En effet, Montaigne instaure d’emblée un dialogue avec l’autre qui nous conduit surtout, au-delà des siècles, à nous interroger sur nous-mêmes. En s’intéressant aux autres, l’écrivain donne un sens à ses Essais : on a autant de leçons à tirer de l’histoire que du présent, si l’on sait se détacher d’un ethnocentrisme qui ne permet pas d’envisager un avenir de vivre ensemble harmonieux.
Dans la lignée de Montaigne, d’autres philosophes, comme Voltaire ou Montesquieu, au XVIIème siècle mais aussi, bien plus récemment, des écrivains, historiens ou des ethnologues continuent d’interroger les hommes sur eux-mêmes en évoquant des civilisations inconnues, comme, par exemple Claude Levy Strauss dans Tristes tropiques ou encore plus récemment, William Marx dans Un savoir gai.

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