Que pensez-vous de la conception de l'histoire exprimée par un historien contemporain ? (L'homme isolé, cette abstraction. L'homme en groupe, cette réalité. Il ne conserve pas le passé dans sa mémoire, comme les glaces du Nord conservent frigorifiés les mammouths millénaires. Il part du présent — et c'est à travers lui, toujours, qu'il connaît, qu'il interprète le passé.) ?
Publié le 15/04/2009
Extrait du document
• Quels sont les faits contemporains qui peuvent plaider en faveur d'une telle conception? — Élargissement des centres d'intérêts en histoire (en raison notamment des mouvements qui affectent la société. Par exemple, intérêts plus prononcés pour les mouvements sociaux, les classes dominées, la question féminine, voire la « Fête «. — Le développement de certains centres d'intérêts fait apparaître comme insuffisante voire marquée idéologiquement l'exploitation soi-disant « neutre « de certaines sources exclusives. Par exemple, le document type des historiens du XIXe siècle (le document d'archives) apparaît comme insuffisant pour analyser les forces productives (cette analyse pouvant exiger la description, la compréhension, voire l'utilisation de l'outillage). Dans le même temps il apparaît que ces documents d'archives conduisaient à la sur-valorisation du rôle des classes dirigeantes (qui ont seules laissé des écrits), à une certaine méconnaissance du fonctionnement réel des structures sociales et de leur importance historique. — Les sources déjà connues sont interrogées différemment. Par exemple, des chroniques locales, étudiées depuis longtemps du point de vue de l'histoire institutionnelle ou politique sont réétudiées dans le cadre d'une problématique d'histoire sociale; des textes envisagés seulement du point de vue de l'histoire littéraire sont utilisés pour l'élaboration d'une histoire des idéologies. — Le développement de certains centres d'intérêts conduisent à des sources et à une façon d'envisager ces sources de façon inédite et en retour amènent à se poser d'autres questions et d'une autre façon. Par exemple l'étude des « superstructures « idéologiques, des « outillages mentaux « conduisent les historiens à rejeter des conceptions fixistes qui prêtaient à l'humanité une essence éternelle (à fondement divin ou biologique) abstraite, inhérente à l'individu isolé. Ce qui les conduit en dernière analyse à s'interroger sur « le lieu « ou « les lieux « d'où ils parlent, réfléchissent, recherchent, y compris les lieux institutionnels. Cf. Faire de l'histoire de Le Goff et Nora (Gallimard), pages 4 à 35. • S'interroger sur ce que peut signifier dans le texte « présent « • Que peut signifier dans le contexte « toujours « • Quelle est la conception implicite fondamentale de l'histoire qui sous-tend cette citation de L. Febvre. • Est-ce qu'il existe d'autres conceptions qui peuvent être raisonnablement soutenues?
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