Que faut-il entendre par sciences de l'homme ?
Publié le 22/02/2012
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Comment les sciences de l'homme ont-elles pu apparaître ? L'impulsion initiale vient des voyages et des récits des découvreurs, de Marco Polo à Bougainville en passant par Colomb, qui ont montré une humanité bigarrée, sans règle commune. Il en résulta un certain scepticisme à l'égard de l'idée d'une universalité humaine ou d'un fondement rationnel des moeurs, vu l'hétérogénéité des coutumes. Si les moeurs sont infiniment variables en temps et en lieux, comment arriver à faire une science de ce qui est sans limite ? Comment élaborer une science systématique des moeurs humaines quand elles semblent sans raison commune et si disparates ? Ne faut-il pas renoncer à la prétention de fonder une science puisque l'objet d'une telle science ne répond à aucune règle générale ? (Texte 1 : Montaigne)
Montesquieu, riche de connaissances historiques, géographiques et juridiques, sur-monta cette disparité : « J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de moeurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. » En redéfinissant la loi, non plus comme une règle d'autorité mais comme un rapport nécessaire dérivant de la nature des choses, il règle la connaissance de l'homme sur l'étalon des sciences de la nature, tel qu'il fut établi par Galilée ou par Newton étudiant les relations nécessaires et constantes entre des phénomènes. D'où, dans le domaine humain, un double sens du concept de loi : un sens juridique, la règle qu'on se donne et suit, et un sens scientifique, un rapport qui ne dépend pas du bon vouloir des agents libres.
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