QU'ATTENDEZ-VOUS DU DÉNOUEMENT D'UNE PIÈCE DE THÉÂTRE ?
Publié le 25/07/2010
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Un dénouement consiste, comme son nom l'indique, à dénouer, à défaire un nœud. Dans une pièce de théâtre, il clarifie même les intrigues entre les personnages, fixe le sort de chacun des héros et fait retomber la tension contenue tout au long de la pièce. Mais demandons-nous ce que nous attendons vraiment d'un dénouement ? S'il peut être la résolution du problème posé par la pièce, ne peut-il pas aussi être un événement ouvert qui laisse place à la réflexion ? Dans une première partie, nous présenterons le dénouement comme point final sous forme de clarification de la pièce de théâtre. Dans une deuxième partie, nous verrons sous quelles formes il peut aussi constituer une ouverture. Le dénouement a donc comme fonction première de terminer une comédie ou une tragédie. Nous pouvons penser qu'un auteur veillera à construire un dénouement conforme au genre de la pièce et aux attentes des spectateurs. Dans une comédie, ceux-ci viennent souvent pour se détendre et même rire. Ainsi, le dénouement de la comédie résout les obstacles survenus pendant toute la pièce et surtout marque une fin heureuse, comme le mariage de Suzanne et de Figaro, par lequel Beaumarchais termine les différentes épreuves de ses deux personnages. Au contraire, dans les tragédies, le dénouement est souvent malheureux. Ainsi la tragédie de Sophocle, Antigone, se termine par la mort des deux amoureux, un double suicide. Le spectateur est pris par des émotions fortes : la peur, la tristesse, la pitié. En marquant la fin de cette façon, le dénouement de la comédie ou de la tragédie semble, en tout cas, cohérent par sa résolution de l'intrigue de la pièce. Il satisfait la curiosité et les attentes des spectateurs, et leur donne l‘émotion qu'il souhaite. Mais justement, la curiosité du spectateur ne risque-t-elle pas d'être déçue si le dénouement est toujours conforme au genre de la pièce et donc toujours le même ? Le spectateur assisterait alors à une comédie en sachant que les héros se marieront et une tragédie en sachant qu'ils mourront. Les grandes œuvres ne sont-elles pas aussi celles qui étonnent par un dénouement différent ? Ainsi, à la fin de la comédie de Molière, Dom Juan ne se marie pas mais est tué. Le mélange du comique, qui réapparaît avec les dernières paroles de Sganarelle, et du tragique contribue à maintenir le suspens, à rendre ce dénouement surprenant tout en provoquant le plaisir que le spectateur attend. Dans cette même optique, Le Cid de Corneille mélange les éléments de la tragédie et ceux de la comédie. Après des événement tragiques, la pièce ne se termine pas par la mort mais par une promesse incertaine de mariage des deux héros. Le Cid appartient donc à la tragi-comédie. Le dénouement du Cid nous amène à une autre question car il ne résout pas tout à fait la pièce puisque Corneille ne nous assure pas du mariage de Chimène et de Rodrigue. Certains spectateurs pourraient être déçus mais ce dénouement n'est-il pas une ouverture qui nous pousse à réfléchir sur le thème du devoir et de l'honneur ? Le dénouement devient alors un moyen de discussion et donc d'enrichissement, une aide pour réfléchir. Nous sortons de la pièce en nous demandant : Chimène peut-elle épouser Rodrigue ? De même, dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux, le spectateur attend-il avec curiosité l'issue des négociations et de la lutte contre le destin jusqu'au dernier moment ? Mais ne connaît-il pas à l'avance le dénouement ? Il sait bien que la guerre de Troie aura lieu. L'objectif de ce dénouement est donc alors d'ouvrir la réflexion des spectateurs et non de clôturer la pièce. A l'issue de la tragédie présentée en 1936, le spectateur ne peut en effet que s'interroger sur l'origine des conflits et des guerres, sur la responsabilité et la bêtise des hommes. Ainsi, si le dénouement est la fin de la pièce et la résolution d'un problème, il est important qu'il nous invite à réfléchir sur le message porté par la pièce et qu'il soit parfois même une ouverture vers une autre interrogation. Et si le dénouement doit provoquer les émotions attendues comme le rire, la peur ou la pitié, il doit rester surprenant et différent.
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