Puis-je être en conflit avec moi-même ?
Publié le 20/07/2005
Extrait du document
L'histoire de la philosophie semble dominée par le souci d'harmonie avec soi, l'équilibre et la paix de l'âme. Comment expliquer que l'on puisse être en conflit avec soi ? Etre en conflit signifie une opposition, un rapport de force entre moi et moi. Comment expliquer que je puisse être en opposition avec ma propre intériorité? Quelles sont les origines, lscauses qui générent ce rapport conflictuel où je suis à moi-même mon propre adversaire? Un tel rapport d'opposition est-il du à une connaisance de soi et son intériorité insuffisante? Si la connaissance de soi et de ses passions ou pulsions fait défaut, comment faut-il y remédier? Entrer en conflit evec soi n'est-ce pas une autre manière de se découvrir, de réinvestir aussi un tel conflit vers une finalité déterminée? La paix avec soi ne commence-t-elle pas par une guerre?
«
« Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa proprefaute.
La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre.
Elle est due ànotre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et decourage pour s'en servir sans être dirigé par un autre.
Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propreentendement ! Voilà la devise des Lumières.La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, alors que la nature les aaffranchis depuis longtemps de toute direction étrangère, restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs ; etqu'il soit si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.
Il est si commode d'être mineur.
Si j'ai un livre qui metient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge de mon régime à maplace, etc., je n'ai pas besoin de me fatiguer moi-même.
Je ne suis pas obligé de penser, pourvu que je puisse payer; d'autres se chargeront pour moi de cette besogne fastidieuse.
Que la plupart des hommes finissent par considérerle pas qui conduit à la majorité, et qui est en soi pénible, également comme très dangereux, c'est ce à quoi nemanquent pas de s'employer ces tuteurs qui, par bonté, ont assumé la tâche de veiller sur eux.
Après avoir rendutout d'abord stupide leur bétail domestique, et soigneusement pris garde que ces paisibles créatures ne puissentoser faire le moindre pas hors du parc où ils sont enfermés, ils leur montrent ensuite le danger qu'il y aurait demarcher tout seul.
Or ce danger n'est sans doute pas si grand que cela, étant donné que quelques chutes finiraientbien par leur apprendre à marcher.
»
Les maximes suivantes du sens commun n'appartiennent pas à notre propos en tant que parties de la critique dugoût; néanmoins elles peuvent servir à l'explication de ses principes.
Ce sont les maximes suivantes : 1.
Penser parsoi-même; 2.
Penser en se mettant à la place de tout autre; 3.
Toujours penser en accord avec soi-même.
Lapremière maxime est la maxime de la pensée sans préjugés, la seconde maxime est celle de la pensée élargie, latroisième maxime est celle de la pensée conséquente.
La première maxime est celle d'une raison qui n'est jamaispassive.
On appelle préjugé la tendance à la passivité et par conséquent à l'hétéronomie de la raison; de tous lespréjugés le plus grand est celui qui consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles quel'entendement de par sa propre et essentielle loi lui donne pour fondement et c'est la superstition.
On nomme leslumières la libération de la superstition'; en effet, bien que cette dénomination convienne aussi à la libération despréjugés en général, la superstition doit être appelée de préférence un préjugé, puisque l'aveuglement en lequel elleplonge l'esprit, et bien plus qu'elle exige comme une obligation, montre d'une manière remarquable le besoin d'êtreguidé par d'autres et par conséquent l'état d'une raison passive.
En ce qui concerne la seconde maxime de lapensée nous sommes bien habitués par ailleurs à appeler étroit d'esprit (borné, le contraire d'élargi) celui dont lestalents ne suffisent pas à un usage important (particulièrement à celui qui demande une grande force d'application).Il n'est pas en ceci question des facultés de la connaissance, mais de la manière de penser et de faire de la penséeun usage final; et si petit selon l'extension et le degré que soit le champ couvert par les dons naturels de l'homme,c'est là ce qui montre cependant un homme d'esprit ouvert que de pouvoir s'élever au-dessus des conditionssubjectives du jugement, en lesquelles tant d'autres se cramponnent, et de pouvoir réfléchir sur son proprejugement à partir d'un point de vue universel (qu'il ne peut déterminer qu'en se plaçant au point de vue d'autrui).C'est la troisième maxime, celle de la manière de penser conséquente, qui est la plus difficile à mettre en oeuvre ;on ne le peut qu'en liant les deux premières maximes et après avoir acquis une maîtrise rendue parfaite par unexercice répété.
On peut dire que la première de ces maximes est la maxime de l'entendement, la seconde celle dela faculté de juger, la troisième celle de la raison.
Leibniz Ouvrage : Nouveaux Essais sur l'entendement humain: Que la matière ne pense pas Texte « Pour ce qui estmaintenant de la Pensée, il est sûr (...) qu'elle ne saurait être une modification intelligible de la matière ou qui ypuisse être comprise et expliquée, c'est-à-dire que l'être sentant ou pensant n'est pas une chose machinale commeune montre ou comme un moulin, en sorte qu'on pourrait concevoir des grandeurs, des figures et mouvements dontla conjonction machinale pût produire quelque chose de pensant et même de sentant dans une masse où il n'y avaitrien de tel, qui cesserait aussi de même par le dérèglement de cette machine.
Ce n'est donc pas une chose naturelleà la matière de sentir et de penser, et cela ne peut arriver chez elle que de deux façons, dont l'une sera que Dieu yjoigne une substance, à qui il soit naturel de penser, et l'autre que Dieu y mette la pensée par miracle.
»
2.
Le conflit de soi contre soi vient aussi des illusions de la volonté
Texte : Nietzsche, Par delà le bien et le mal
"Les philosophes ont coutume de parler de la volonté comme si c'était la chose la mieux connue du monde; [...]
La volonté m'apparaît avant tout comme comme une chose complexe, une chose qui n'a d'unité que son nom, etc'est dans cette unicité du nom que réside le préjugé populaire qui a trompé la vigilance toujours en défaut desphilosophes.
Pour une fois,soyons donc plus circonspects, soyons moins philosophes, disons que dans toute volonté il y a d'abordune pluralité de sentiments, le sentiment de l'état dont on veut sortir, celui de l'état où l'on tend, le sens de cesdirections elles-mêmes, "à partir d'ici", "pour aller là-bas", enfin une sensation musculaire accessoire qui, même sansque nous remuions bras ni jambes, entre en jeu comme machinalement sitôt que nous mettons à vouloir.
De mêmeque "sentir" ,et un sentir multiple, est évidemment l'un des ingrédients de la volonté, elle contient aussi un "penser";
dans tout acte volontaire, il y a une pensée qui commande; et qu'on ne croie pas pouvoir isoler cette pensée du"vouloir" pour obtenir un précipité qui serait encore de la volonté.".
»
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