Primo Levi si c'est un homme
Publié le 03/11/2013
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THEME 1 ART,ETAT ET POUVOIR Primo Levi, Si c'est un homme. Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain Qui meurt pour oui ou pour un non. Considérez si c'est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu'à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver. N'oubliez pas que cela fut, Non ne l'oubliez pas : Gravez ces mots dans votre coeur Pensez- y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant : Répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable Que vos enfants se détournent de vous. Introduction Il s'agit du poème au début du livre homonyme, un récit autobiographique sur la détention au camp d'Auschwitz. Primo Lévi est né à Turin en 1919 et mort dans la même ville en 1987. Chimiste de formation, il s'engage dans la Résistance. Fait prisonnier à ce titre avec plusieurs compagnons du même groupe, il est déporté à Auschwitz. Il est juif. Son destin semble tout tracé. Il n'a survécu que grâce à la débâcle allemande face à l'arrivée de l'armée rouge. Ce sont les Russes qui libèrent le camp. Primo Lévi écrira ce récit en 1947. Analyse du poème : L'auteur interpelle toute l'humanité par le « Vous «, premier mot de la première ligne. Il pose la question : « Considérez si c'est un homme «, et énumère tout ce que l'on a retiré à cet homme ou à cette femme, à savoir : - La paix : « peine dans la boue «, « pas de repos « - Le pain : « se bat pour un quignon « - Le droit de vivre, le droit à la justice : « meurt pour un oui pour un non « - Les cheveux - Le nom - Les souvenirs - La chaleur : « sein froid « A la fin de cette énumération, l'être humain est comparé à un batracien, il y a une déshumanisation. Il prend appui sur un texte biblique (lignes 16 à 20) ; c'est la reprise textuelle d'un passage de la prière juive « Ecoute Israël « mais ce texte s'adresse à toute l'humanité. Par contre, on sent que le devoir de méditer « que cela fut « est sacré. Remarque : L'auteur ne demande pas seulement de se souvenir : il ne s'agit pas d'un simple devoir de mémoire (au sens où l'on conserverait un souvenir en archives pour le sortir de temps en temps). Il s'agit de « méditer «, de réfléchir. Levi appelle à une vigilance constante. Le texte se clôt par une malédiction, si l'on venait à oublier de manquer à ce devoir. Elle occupe trois lignes, et maudit cette personne dans ses biens (« la maison «), sa santé, l'affection de ses enfants. Conclusion Les emplois de l'impératif, des anaphores qui scandent le texte, référence au sacré, malédiction finale donnent beaucoup de force au poème. Le pronom « vous « ouvre et clôt le poème : donc tout dépend de ce « vous «, tout dépend de nous. Ce poème est un appel à notre responsabilité à tous sur ce qu'est un être humain.
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